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Le sport chez les filles, en ZEP et ailleurs (rapport ministériel)

25 août 2004

Extrait du « Monde » du 01.08.04 : le sport chez les filles, en ZEP et ailleurs

Les femmes plus sportives qu’hier.

En France, elles n’étaient que 9 % en 1968 à avoir une activité physique, contre 48 % aujourd’hui.

Si l’on en croit Aimé Jacquet, "l’avenir du sport sera féminin". Discours consensuel ou tendance réelle ? Difficile de trancher. Tout dépendra des mesures qui seront prises pour déverrouiller les derniers bastions de la masculinité, qui reflètent des différences sociales persistantes entre les deux sexes.

Une chose est sûre : le sport féminin s’est considérablement développé depuis trois décennies. Ainsi, alors que les Françaises n’étaient que 9 % à pratiquer des activités physiques et sportives en 1968, elles sont 48 % aujourd’hui. Selon une enquête pilotée par le ministère de la jeunesse et des sports (MJS) et l’Institut national des sports et de l’éducation physique (Insep), 79 % des pratiquantes disent "faire du sport" plus ou moins régulièrement, contre 25 % en 1967.

La réussite de certaines sportives françaises, tant dans des disciplines individuelles que collectives, n’est pas étrangère à cet intérêt croissant. Quelques stars, telles l’athlète Marie-José Pérec, la joueuse de tennis Amélie Mauresmo ou l’escrimeuse Laura Flessel, ont même réussi à faire de l’ombre à leurs alter ego masculins. Si bien que médias, publicitaires et équipementiers ont commencé à s’intéresser au sport féminin.

Mais si un certain rééquilibrage homme-femme semble être la tendance, le sport ne se décline pas partout au féminin aussi. Et c’est bien là le problème : certains sports sont fermement associés aux stéréotypes de la masculinité, comme le montrent les résultats de l’enquête MJS-Insep.

Certes, il existe des disciplines parfaitement mixtes - natation, ski, volley-ball, etc. -, mais elles sont rares. Nombreux sont les sports encore étiquetés "masculins" (rugby, football, sports mécaniques, par exemple), ou "féminins" (danse, gymnastique, ou patinage).

La disparité homme-femme se reflète surtout au niveau professionnel. Les Françaises ne représentent qu’un tiers des sportifs de haut niveau. Leur accès aux formations et métiers du sport (animation, formation, médiation) reste insuffisant et elles sont presque totalement absentes des postes à responsabilité dans ce milieu.

Les raisons de ces limites actuelles ? Elles sont principalement d’ordre culturel. Les spécialistes de la question s’accordent à dire que les résistances sont peut-être davantage du côté des femmes que de celui des hommes. Nombreuses sont celles qui hésitent à s’engager dans les derniers territoires masculins. "Les mères qui souscrivent au stéréotype selon lequel "les garçons sont généralement plus doués en sport que les filles" déforment les perceptions de la compétence de leur enfant : elles ont tendance à sous-estimer le niveau de leurs filles", souligne le rapport.

Stéréotypes parentaux.

L’impact de l’éducation dans ce "marquage sexuel" semble majeur. Selon les experts, les attentes et les stéréotypes des parents influencent la motivation et la vision du sport de l’enfant.

Le sport est aussi une affaire de classe : l’accès du jeune à la pratique d’une activité physique est en relation avec les niveaux de diplômes et de revenus des parents et cette inégalité concerne avant tout les filles.

A cela s’ajoutent enfin des freins d’ordre culturel et religieux. Ainsi, selon le rapport "Femmes et sport" remis au gouvernement en avril 2004, seulement 32 % des adolescentes scolarisées dans un établissement classé en zone d’éducation prioritaire (ZEP) pratiquent un sport, contre 51 % pour les autres élèves.

Changer le regard sur la femme dans le sport, mais également changer le regard de la femme sur le sport, autant de grands chantiers à mener. L’intérêt est majeur, car, au-delà de l’activité physique, le sport est considéré comme étant un formidable vecteur d’intégration et de cohésion sociales.

Julien Lonchamp

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