> IV- EDUCATION. GÉNÉRALITÉS (Types de doc.) > Education-Généralités (Positions de chercheurs et experts ou (...) > Les transformations de la culture enseignante, de la pédagogie et des (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Les transformations de la culture enseignante, de la pédagogie et des équipes éducatives, viendront plus de la base que du sommet... S’occuper d’abord des "vaincus" de la sélection (entretien d’Educavox avec François Dubet)

30 septembre 2020

François Dubet, Marie Duru-Bellat : L’École peut-elle sauver la démocratie ?

[...] Pour ce qui est des inégalités, l’école française devrait rompre avec un élitisme qui conduit à hiérarchiser tous les élèves et toutes les formations à partir d’une norme d’excellence réservée, par nature et par principe, à quelques uns. Il faudrait rompre avec la distillation négative de tous ceux qui ne seront pas l’élite mais qui ont quasiment le devoir de prétendre en être. S’il est bon de démocratiser le recrutement des formations les plus sélectives, il est beaucoup plus important de s’assurer de la qualité de la formation des « vaincus » de la sélection. C’est à la fois nécessaire pour eux, mais aussi pour la société dans son ensemble afin que ne se déploient pas les sentiments croisés de mépris et de haine. Il est plus facile de s’occuper de ceux qui méritent d’être « premiers de cordée » que de ceux qui n’en seront jamais, or ce sont eux la priorité.

[...] La leçon que nous devrions tirer de cet épisode est la suivante : plutôt que croire que le changement vient toujours d’en haut, de la rue de Grenelle et de la chaîne hiérarchique, nous pourrions penser que le changement vient d’en bas, du dynamisme et de la mobilisation des enseignants et des équipes éducatives. Les transformations de la culture enseignante, de la pédagogie et des équipes éducatives, viendront plus de la base que du sommet. Pour que ces expériences ne s’étiolent pas, il faut que les responsables politiques le comprennent en soutenant ceux qui bougent, en affectant les moyens là ils sont mobilisés, en rompant avec une unité bureaucratique dont nous savons bien qu’elle ne garantit ni l’efficacité, ni l’équité de l’école. Il faudrait aussi que les syndicats ne défendent pas seulement le retour à la situation « d’avant ». Ce serait là une révolution silencieuse plus décisive et plus profonde que toutes les réformes et les « Ségur de l’éducation » qui se perdent dans les sables des routines et des intérêts.

Extrait de educavox.fr du 21.09.20

Répondre à cet article