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Le baromètre Unsa 2021 confirme "la rupture de confiance" chez les enseignants et les cadres (le Café, ToutEduc)

26 mai 2021

A la veille du Grenelle, JM Blanquer désespère la profession
Avec un avis très négatif sur la politique menée contre le Covid dans les écoles, la question nouvelle de cette édition 2021 du Baromètre Unsa, JM Blanquer fait un grand chelem à rebours. Les personnels de l’éducation nationale désapprouvent la totalité de ses politiques, cadres compris. A la veille de décisions qui devraient impacter la profession, les résultats du Baromètre Unsa soulignent la profondeur du fossé entre le ministre, les enseignants et les cadres de l’Education nationale. JM Blanquer peut-il sortir du trou ?

Une consultation unique de toute la profession

"On constate un besoin urgent d’être reconnu et respecté. Ce malaise global confirme la rupture constatée à partir de 2018. Il se confirme qu’il n’y a pas de retour en arrière". A la veille d’une communication importante du ministre vers les enseignants, Frédéric Marchand, secrétaire général de l’Unsa éducation, a dévoilé le 25 mai les résultats du Baromètre annuel de l’Unsa éducation.

Depuis le début, ce sont les mêmes questions qui sont posées avec chaque année des interrogations en lien avec l’actualité, la gestion de la crise sanitaire cette année par exemple. Avec 34 888 réponses, le baromètre 2021 est un record. Celui de 2020 avait réuni moins de 10 000 contributions en plein confinement. Et les précédents se situaient aux alentours de 30 000 participations. Si 44% des répondants sont proches de l’Unsa, le Baromètre réunit aussi les avis de sympathisants d’autres organisations (34%) ou de professionnels proches d’aucune organisation syndicale. Sur ces 34 888 participants on compte 61% d’enseignants. Les autres couvrent tous les métiers en lien avec l’éducation nationale ce qui fait de ce baromètre un excellent outil pour sonder le coeur des cadres.

Seulement 7% des enseignants et un quart des cadres en accord avec JM Blanquer

Qui est en accord avec la politique éducative de JM Blanquer ? Cette année comme les années antérieures depuis 2018, JM Blanquer ne trouve que 8% de soutiens chez les professeurs des écoles et 6% chez les enseignants du 2d degré. On est à un taux plancher qui ne remonte pas. Comme le souligne F Marchand, "la rupture de confiance de 2018 se confirme et s’accentue".

C’est que la politique ministérielle est aussi massivement rejetée chez les cadres : un inspecteur (IPR ou IEN) ou personnel de direction sur quatre seulement partage les vues de JM Blanquer. En 2017, trois inspecteurs sur quatre adhéraient aux réformes de N Vallaud Belkacem. On a là un recul, déjà constaté en 2019 et 2020 et qui se perpétue. L’action de JM Blanquer se fait contre l’avis de toute la profession ce qui constitue une première dans l’histoire de l’Ecole.

La politique sanitaire rejetée

Cette année l’Unsa Education a testé les personnels sur la politique sanitaire menée par l’Education nationale contre le covid. Là aussi le rejet est massif. Seulement 15% des enseignants jugent la politique menée "adaptée" et un tiers des cadres (Ien, Ipr et personnels de direction). Probablement que les avis divergent sur la politique à mener. Mais là aussi JM Blanquer a la profession contre ses décisions.

Ingratitude de l’institution

Puisque les décisions prises par le ministre sont rejetées, qu’en est il du métier ? Sans réelle surprise, enseignants et cadres de l’éducation aiment leur métier. 77% des enseignants du 1er degré, 72% du second déclarent être heureux d’exercer. C’est aussi le cas chez les cadres, même si on observe un coup de blues chez les IEN avec seulement 67% d’IEN heureux. Ils trouvent dans la même proportion que leur métier a du sens avec là aussi un léger décrochage chez les professeurs du 2d degré (63%) et surtout les IEN (55%). Cette baisse de tonus des IEN est elle en rapport avec ce qu’exige le ministère ?

Cette satisfaction dénote avec le sentiment de reconnaissance. Seulement 26% des enseignants estiment être reconnus et respectés dans leur métier. C’est mieux mais aussi minoritaire chez les cadres : 48% des IPR, 45% des IEN et 42% des personnels de direction se sentent respectés, un taux encore en repli.

Les conditions de travail sont pointées : moins d’un quart des enseignants les jugent satisfaisantes et guère plus chez les cadres : 28% des IEN, 26% des personnels de direction. Le nouveau management "de proximité" (ou pas) n’a rien arrangé sur ce terrain.

Sans surprise , les enseignants sont très mécontents de leur rémunération : seulement 10% se déclarent satisfaits. C’est le cas aussi chez les cadres : 26% des IPR, 27% des personnels de direction par exemple. La question du pouvoir d’achat arrive en première préoccupation des enseignants (62% d’entre eux) devant la charge de travail et les perspectives de carrière. Les cadres de leur coté revendiquent davantage le travail collectif, la formation. A noter aussi, par rapport à la politique menée par JM Blanquer, que seulement 17% des sondés signalent uen hausse des atteintes à la laïcité.

Un Grenelle pour changer les choses ?

F Marchand souligne "une réelle dichotomie qui dure entre l’enthousiasme des collègues qui aiment leur métier et le poids quotidien sur leurs pratiques". Pour lui, "cette situation met à mal l’attractivité du métier". Il estime aussi que "les questions de bien être ne datent pas d’aujourd’hui, qu’il y a des questions liées à la personnalité du ministre mais aussi un lien rompu avec l’institution bien que les collègues aiment leur métier". L’élément apparu avec JM Blanquer est pourtant le rejet des politiques menées par toute la profession, cadres inclus, depuis 2018.

C’est dans ce climat que JM Blanquer va faire les annonces du Grenelle. Il est certain qu’il n’y aura pas de loi de programmation, le seul levier pour revaloriser réellement les salaires des enseignants. L’enveloppe 2022 ne devrait pas être très différente de celle de 2021 dont les effets ont été insignifiants pour les deux tiers des enseignants. JM Blanquer parle sans surprise de "personnalisation" des rémunérations et des carrières prenant à rebrousse poil les valeurs d’égalité de la profession. Ce nouveau Baromètre confirme que le ministre se soucie peu de l’opinion de ses fonctionnaires. Cela changera t-il avec les "perspectives" du Grenelle ?

François Jarraud

Le baromètre 2020
Les résultats du baromètre 2021
Le communiqué de l’Unsa

Extrait de cafepedagogique.net du 26.05.21

 

Education nationale : une rupture de confiance qui se confirme (baromètre UNSA)
Quelque 7,2 % des enseignants sont en accord avec les choix politiques faits dans leur secteur d’activité (7,8 % dans les écoles, 6,1 % dans les collèges et lycées), quelque 10 % sur l’ensemble des personnels, c’est l’un des enseignements du 9ème baromètre UNSA - éducation, au vu des 35 000 réponses (dont 44 % sont adhérents ou sympathisants UNSA, 22 % d’une autre organisation syndicale, 22 % d’aucune organisation syndicale). Frédéric Marchand, qui en a présenté les résultats à la presse ce 25 mai, estime "que le malaise dans la profession se confirme d’année en année". Il est lié à la personnalité et aux choix de l’actuel ministre, avec lequel la rupture s’est faite très nettement en 2019, passant de 26 % de réponses positives en 2016 et 21 % en 2018 à 10,4 % en 2019, "mais elle n’a jamais vraiment été très élevée" fait remarquer le secrétaire général de la fédération syndicale qui évoque les problèmes structurels de l’institution, en termes de RH notamment. Il note toutefois que la baisse est très nette chez les personnels de direction (de 33 à 27 %) et chez les AESH (de 15 à 9 %), même si elle évolue plutôt positivement chez les personnels médico-sociaux.

Tout n’est d’ailleurs pas négatif. 93 % des enseignants du 1er degré et 90 % des enseignants du second degré aiment leur métier, trois enseignants sur 4 sont heureux de l’exercer (80 % pour les personnels non enseignants), les missions qui leur sont confiées ont du sens pour 73 % des personnels (dont 61 % d’enseignants), une proportion qui est en baisse de 4 points en deux ans. Mais seuls 27 % des enseignants (46 % des autres personnels) sentent "de la reconnaissance et du respect dans leur pratique professionnelle". Seuls 10 % des enseignants (4 % des assistants d’éducation) estiment que leur rémunération est "à la hauteur de leur qualification" et 60 % des personnels placent leur pouvoir d’achat en tête de leurs revendications, suivies de la charge de travail et des perspectives de carrière. L’UNSA revendique 2 000€ net en début de carrière et voudrait "valoriser les parcours qui mènent à l’enseignement" alors que 29 % des enseignants aimeraient changer de métier et passer dans le privé (23 % des autres personnels).

Lorsqu’on leur demande quelles sont pour eux les priorités "pour mener à bien (leurs) missions auprès des jeunes", ils placent en tête "avoir les moyens de travailler en équipe (par exemple temps dédiés, locaux aménagés, formations collectives)". Viennent ensuite "être accompagné·e dans la maîtrise des compétences psychosociales" et "être formé·e aux outils numériques".

Si 72 % des enseignants n’ont pas connaissance d’une augmentation du nombre des atteintes à la laïcité, la proportion de ceux qui constatent une augmentation et estiment que cela pose des difficultés de gestion atteint 15 % parmi les enseignants du second degré, une proportion qui monte encore dans les académies de Créteil, Versailles et Lyon. Et seuls 9 % des enseignants du 2nd degré estiment avoir reçu une formation initiale satisfaisante sur le sujet.

Si près de 60 % des personnels ont su s’adapter aux contraintes créées par la crise sanitaire, seuls 22 % espèrent que les pratiques habituelles vont évoluer et plus de la moitié d’entre eux estiment avoir subi une charge de travail supplémentaire. Un personnel sur trois juge que les mesures prises étaient peu adaptées, un sur quatre "pas du tout adaptées", et un sur cinq dit qu’il ne les comprend pas.

La présentation globale des résultats ici, le détail ici

Extrait de touteduc.fr du 25.05.21

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