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Présidentielle. En meeting à Poissy, Emmanuel Macron dévoile une partie de son programme éducatif en mettant en avant l’autonomie des établissements (Le Café)

8 mars 2022

E. Macron veut poursuivre ses réformes scolaires
Des établissements plus autonomes, en lien avec les entreprises, c’est ce qu’Emmanuel Macron a présenté lors de son premier meeting de campagne à Poissy le 7 mars. On retiendra l’importance accordée aux fondamentaux, l’annonce du retour des maths dans le tronc commun au lycée et la fausse annonce des 30 minutes quotidiennes de sport à l’école primaire. Globalement, le candidat Macron met à son programme les classiques de la droite sur l’Ecole. Et il continue l’évolution de l’Education nationale lancée par JM Blanquer.

La religion des fondamentaux
"L’école c’est d’abord les fondamentaux". Pour son premier meeting de campagne, le 7 mars à Poissy, Emmanuel Macron a réservé un quart d’heure à l’Ecole. Rappelant ce qui a été fait par son gouvernement, l’instruction obligatoire à 3 ans, les dédoublements, il a justifié l’accent mis sur les fondamentaux en les liant à un objectif politique : "on ne peut pas faire de républicains si ces savoirs ne sont pas acquis". "On le sait les résultats de Pisa étaient dégringolés, on va les remonter", assure t-il.. "Déjà les évaluations qu’on a pu faire montrent que les choses s’améliorent". Ni les résultats des dédoublements, ni les résultats généraux ne permettent un tel optimisme surtout au regard des énormes inégalités sociales de réussite scolaire. Mais il est vrai que réduire cette caractéristique du système éducatif français, ne fait pas partie des objectifs annoncés par E Macron. Pour mémoire, rappelons que le système éducatif français est déjà le champion des fondamentaux en Europe. Il sera difficile d’aller plus loin.

Le retour des maths dans le tronc commun des lycées
La principale annonce concerne la place des mathématiques au lycée. "Je veux remettre les fondamentaux, en particulier les maths dans le tronc commun au bac toutes spécialités confondues". Cette annonce est une gifle pour JM BLanquer dont la réforme du lycée a retiré les maths du tronc commun. E Macron tient compte de la mobilisation qui s’est faite autour de cette question. Le Medef, notamment, s’est ému de la place des maths. Il n’en reste pas moins que faute d’attractivité du métier enseignant, on ne voit pas comment l’Education nationale pourrait trouver les professeurs de maths dont elle a besoin, alors que ses besoins, sans maths au tronc commun, ne sont pas satisfaits. Il est vrai qu’E Macron n’a pas donné d’indication sur le nombre d’heures de maths dans le tronc commun. Son ministre envisageait simplement une modification du programme de l’enseignement scientifique.

Autonomies locales
Une annonce importante mais pas surprenante, concerne l’autonomie des établissements. "Le projet que je veux défendre c’est réussir à décloisonner davantage l’école et donner plus de marge de manœuvre aux équipes pédagogiques sur le terrain. C’est à dire les directeurs d’école, les proviseurs de collège et de lycée en leur donnant plus de moyens, plus de rémunération, plus de capacité à prendre des initiatives". L’autonomie des établissements est toujours conçue comme celle des chefs. Cela rappelle le projet marseillais avec des directeurs d’école qui choisissent leur professeur. E Macron semble s’engager vers une libéralisation accrue de l’école sans qu’on sache encore s’il veut aller aussi loin que V Pécresse, c’est à dire des établissements publics sous contrat avec l’Etat et ayant une large autonomie de gestion et pédagogique. E Macron a donné en exemple le fait que les chefs d’établissement devraient pouvoir recruter des remplaçants.

Le sport pour l’ordre scolaire
Un second marqueur traditionnel de la droite a été repris par E Macron : il s’agit des "30 minutes de sport par jour". "Je veux généraliser cette mesure à l’école primaire", dit E Macron. Elle est déjà expérimentée dans certaines écoles qui, comme toutes les écoles, comptent aussi 3 heures d’EPS au programme. Ces 3 heures ne sont pas toujours faites notamment parce que l’accent mis sur les fondamentaux rogne le temps pour le reste et aussi parce que les équipements sportifs manquent. Ce qui est intéressant c’est la raison donné epar E Macron pour ces 30 minutes de sport. "Les enfants agités, turbulents, ils font 30 minutes de sport, ça va mieux", dit E Macron. "Avec le sport on apprend la discipline... On apprend des fondamentaux". On retrouve là une argumentation déjà utilisée sous N Sarkozy, très éloignée des objectifs éducatifs de l’EPS.

Le numérique à la place de la LV2 ?
Le troisième marqueur concerne le numérique. E Macron annonce que les élèves pourront choisir en 5ème l’apprentissage du code "en équivalent de la seconde langue vivante". La formule n’est pas très clair mais laisse à penser que les élèves pourront choisir entre LV2 et le code , ce qui ne serait pas une bonne nouvelle pour l’allemand et l’espagnol au collège. Rappelons que le code est déjà au programme de la technologie. La justification donnée c’est que "tout sera révolutionné par le numérique" et qu’il faut "former les collégiens et lycéens aux compétences numériques", celles-ci étant assimilées au code.

Un programme libéral

Restait la place des entreprises. "On va réussir à faire venir dans les collèges les entreprises pour mieux orienter les enfants", explique E Macron. Son gouvernement a confié l’orientation scolaire aux régions.

Au final, le programme éducatif d’E Macron, un de ses trois chantiers prioritaires, semble encore peu précis. Mais les orientations donnés vont dans le sens d’une école plus fragmentée avec davantage d’autonomie donnée aux responsables locaux. Cette libéralisation l’emporte nettement sur la lutte contre les inégalités qui n’est pas le sujet d’E Macron.

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 08.03.22

 

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