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Rentrée : les syndicats devant les députés (Le Café, ToutEduc)

15 septembre 2022

La rentrée, les syndicats et les députés
"Le fait que toutes les organisations syndicales partagent beaucoup d’éléments de ce constat est un signe d’alerte fort". Président du Snalc, Jean-Rémi Girard pointe l’originalité de la rencontre entre les syndicats de l’enseignement et la Commission de l’éducation de l’Assemblée le 14 septembre. S’il reste des entrées différentes dans les problèmes de l’Ecole, toutes les organisations pointent les insuffisances de la rentrée, les attentes de la revalorisation et les inquiétudes à propos de la réforme du lycée professionnel. Qu’en feront les députés ?

Un volant de personnels insuffisant

Tous d’accord sur la rentrée. "Il y avait un adulte dans chaque classe mais était-ce un enseignant", demande Guislaine David, co-secrétaire générale du Snuipp fsu. Elle n’est pas la seule à dénoncer l’utilisation des remplaçants pour boucher les trous de la rentrée. Ainsi dans la Creuse la moitié des remplaçants sont déjà sur poste fixe. Dans l’Aube un sur cinq. En Meurthe et Moselle déjà 243 remplaçants sont sur poste annuel. Dans quelques semaines qui ira remplacer les enseignants malades ? Le constat est largement partagé par E Capéran et A Lalanne du Se-unsa ou F Volle de la Fnec FO. Jérome Sinot (Cgt) estime que "le volant personnel est insuffisant pour faire tourner la machine".

Comment répondre à la crise du recrutement ?

Quelle réponse à la crise du recrutement ? "Rattraper le salaire est nécessaire. Si on le fait pas le reste sera décoratif", dit JR Girard (Snalc) sans risque d’être démenti. Les syndicats ne sont pas d’accord par contre sur l’embauche de nouveaux professeurs. Le Snuipp Fsu demande une revalorisation à hauteur de 300€ nets par mois. Le Se Unsa met l’accent sur la prise en compte "des besoins réels" des enseignants notamment en formation continue et pour l’école inclusive. Il faut "reconstruire les réseaux d’enseignants capables de prendre en compte chaque élève". Le Snuipp, comme FO, invite à utiliser les listes complémentaires sur lesquelles 302 personnes restent sur le carreau. "Mais vont-ils accepter les postes" interrogent S Santraud et C Marion du Sgen Cfdt qui pointent les refus d’aller dans certaines régions.

Fo mise sur le recrutement à bac +3. Hostile à la masterisation, accusée d’avoir créé le déficit de recrutement, le syndicat demande des concours exceptionnels à bac+3. Une position qui semble proche de celle de P Ndiaye. E Capéran et A Lalanne (se-unsa) demandent la prise en compte des "besoins réels" des enseignants notamment pour la formation et l’école inclusive. Favorable à la loi Rilhac, le syndicat demande la mise en vigueur des articles de la loi comme le vote électronique aux élections de parents d’élèves. Le manque d’AESH, lié aux conditions qui leur sont faites, est dénoncé unanimement. "La revalorisation du métier c’est aussi reconnaitre l’expertise professionnelle des enseignants", déclare G David (Snuipp Fsu).

Inquiétudes pour le LP

Dans le second degré c’est la réforme du lycée professionnel, au lendemain du discours d’E Macron, qui mobilise les syndicats. "En 12 ans les élèves ont perdu la moitié du temps scolaire", rappelle Sigrid Gérardin (Snuep Fsu). 2009 a vu une année de bac pro disparaitre et Blanquer avec sa dernière réforme a retiré 30% du temps scolaire. "On est inquiet car le président a confirmé sa logique de moins d’école pour les élèves les plus fragiles", dit-elle. E Macron a annoncé sa volonté de doubler le temps des stages en entreprise. Autre ligne rouge : la définition des grilles horaires par les équipes locales. "On porte atteinte à l’égalité entre les élèves", dit S Gérardin. C Pau et P Dauriac (Cgt) dénoncent "un appauvrissement" du LP et "une perte de sens pour les enseignants". Si le nombre d’élèves diminue c’est lié à "l’orientation forcé" en lycée général et "à la concurrence déloyale de l’apprentissage", largement subventionné par le gouvernement. Quant aux familles de métiers , en 2de, elles "brouillent" et déqualifient.

Constat unanime pour évoquer le manque d’enseignants à la rentrée dans le 2d degré. Si le Snes Fsu et le Snpden Unsa évoquent deux établissements sur trois ayant un manque d’enseignants, c’est deux enseignants par LP qui manquent en moyenne estime S Gérardin. FO demande un concours exceptionnel à bac +3. Devant C Calvez, S Géradin rappelle que sa réforme du lycée professionnel a permis de supprimer 1400 postes en LP. Des enseignants dont on aurait bien besoin maintenant.

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 15.09.22

 

Quel premier bilan pour la rentrée 2022 ? La réponse des syndicats aux députés
Ce mercredi 14 septembre, une table ronde était organisée à l’assemblée nationale entre les députés de la commission des Affaires culturelles et les représentants de plusieurs syndicats de l’éducation.

1er degré

Cette rentrée a ainsi été “tendue“, ont-ils unanimement signalé en raison du manque de professeurs, contrairement aux annonces du ministre Pap N’diaye, et ce après “cinq ans d’une politique autoritaire qui a pressurisé les enseignants avec ses multiples réformes“, a affirmé Guislaine David du SNUIPP-FSU, ce qui a selon elle en partie conduit à une perte de sens du métier d’enseignant.

Jérôme Sinot, secrétaire national CGT Éduc’action estime qu’il n’y avait “pas de personnel en nombre suffisant pour faire tourner la machine“, et Guislaine David note que la crise d’attractivité et de recrutement du métier d’enseignant s’est ainsi déportée des contractuels à la problématique du remplacement, et désormais “on utilise les remplaçants pour autre chose que leur mission par manque de titulaires“, comme par exemple dans la Creuse où 50 % des remplaçants sont désormais nommés sur des postes à l’année. Ainsi pour Frédéric Volle, secrétaire général du SNUDI-FO, dans bon nombre de cas “aujourd’hui le non-remplacement est la norme“ ce qui entraîne dès les premières absences une désorganisation de l’école.

Le nombre de contractuels aurait augmenté de 10 % par rapport à l’an dernier, ce qui s’est vu dans les Yvelines où il serait passé en un an de 540 à 1147 dans le 1er degré. Est signalé le recrutement par le gouvernement de 870 professeurs provenant des listes complémentaires, 302 restant disponibles.

Les moyens (surtout humains, en personnels spécialisés, RASED, psyEN, infirmières, AESH) et surtout la question des salaires a largement été discutée, avec une forte perte de pouvoir d’achat des enseignants entamée il y a 20 ans. Le président du SNALC Jean-Rémi Girard a également souligné le différentiel de 900-1000 euros pour un PE par rapport aux autres fonctionnaires (de la fonction publique d’Etat) de catégorie A ayant un bac+5, d’où la nécessité d’un rattrapage de la rémunération face à une crise amenée à durer voire à s’aggraver. C’est pourquoi plusieurs syndicats plaident pour une “loi de programmation pluriannuelle sur les salaires des enseignants“.

L’inclusion est le second thème qui est le plus revenu chez beaucoup d’interlocuteurs du premier degré, avec des notifications MDPH qui augmentent fortement dans certains territoires, d’autres non respectées pour beaucoup d’enfants qui se retrouvent en souffrance dans les classes, avec l’urgence de créer des places et de recruter des AESH, pour lesquelles de véritables statut et salaire sont demandés. A ce sujet, Claire Marion, secrétaire fédérale du SGEN-CFDT constate que “le défaut d’attractivité du territoire renforce le défaut d’attractivité du métier“, et se demande si les potentiels AESH accepteront les postes alors que la mobilité exigée entraîne trop de frais (de carburants par exemple). Pour elle, l’école inclusive est “à l’abandon“.

“Il y a un manque d’enseignants formateurs“. Initiale et continue, la formation est un thème que les représentants syndicaux ont beaucoup partagé. En Education prioritaire, les enseignants ont droit à des formations spécifiques (9 journées par an) mais dans bon nombre de départements, “ces formations n’ont plus lieu“, constate ainsi Frédéric Volle.

La place du concours est un point qui fait dissensus entre les syndicats. Si le SNALC regrette le passage du concours d’ensiegnant du M1 au M2, pour Elise Capéran, secrétaire nationale du SE-UNSA, le sujet n’est pas celui de la place du concours. Selon elle “le constat de contenu de formation en décalage avec les évolutions des publics scolaires et donc des besoins restent un impensé de la formation initiale“. Pour Claire Marion, secrétaire fédérale SGEN-CFDT, “le positionnement des stagiaires sur des berceaux à 50% ou à 100% a mis à mal tout le monde, on ne sait toujours pas comment ils vont être formés et par qui, Education Nationale ou Inspé".

Pour Frédéric Volle, secrétaire général du SNUDI-FO, auparavant la formation continue garantissait des semaines de formation sur temps de travail, mais “aujourd’hui elle est inexistante. Le ministre Blanquer n’a pas levé son petit doigt pour la restaurer.“

Des difficultés ont de plus été constatées en lien avec la direction d’école, avec certains articles de la loi Rilhac qui ont été mis en œuvre en décembre mais pas tous sur le terrain. Par exemple, contrairement à ce que veut son article 2, certains départements obligent les directeurs d’école de 1 à 4 classes à effectuer des activités pédagogiques complémentaires, pourtant facultatives. Les décharges de direction ont été augmentées l’an dernier mais ne semblent pas effectives en raison d’un manque de personnel.

Second degré

Là encore les difficultés de recrutement persistent, avec celui d’AED au collège ou au lycée, les démissions qui augmentent, le manque de médecins du travail, les aménagements non respectés pour les personnels en situation de handicap. Est encore soulignée la “fragilité psychique de beaucoup d’élèves“ en cette rentrée.

Au SGEN apparaissent fatigue, lassitude chez les enseignants, et “si tout le monde se satisfait d’un changement de ministre“, ceux-ci ont “peur de nouvelles réformes“ par exemple au collège et un certain “attentisme“ en découle. A titre d’exemple, Jean-Rémi Girard, du SNALC se demande sur quelle discipline sera pris le temps destiné à la découverte du monde professionnel en 5ème.

Mais les tensions ne sont pas uniquement chez les personnels, “tous les corps de métier sont en insuffisance d’effectif, tout le tissu autour de la partie enseignement est mise à mal“ (services déconcentrés, services d’affectation, etc..) ; derrière la vitrine un “paysage est très sombre“.

Concernant la voie professionnelle, sujet majeur pour les syndicats, “comme toujours on dialogue sur des détails mais on a l’impression que le projet est déjà ficelé“ pense Jean-Rémi Girard du SNALC. Et c’est même un “renoncement à l’ambition scolaire“ que critique Sigrid Gérardin, secrétaire générale du SNUEP-FSU, pour qui le gouvernement veut “orienter les jeunes sur les emplois en pénurie“, tandis que Laurence Hopp, déléguée nationale du SE-UNSA décrit la “détresse des élèves de voie professionnelle qui arrivent dans des établissements dont ils n’ont pas choisi la filière“.

Alors que le but de la voie professionnelle est “l’émancipation des élèves“, Philippe Dauriac, secrétaire national de la CGT Éduc’action évoque lui “une concurrence déloyale de l’apprentissage soutenue par des aides publiques“, alors qu’il faudrait selon lui ouvrir de nouvelles formations dans les métiers du soin, le lien, le sport, les jeux vidéos..

Sont pointées du doigt les PFMP (promises à une hausse de durée de 50 %) où les élèves sont employés à d’autres tâches que celles censées être réalisées (par exemple le passage du balai en CAP coiffure), avec l’idée “fausse“ d’Emmanuel Macron selon laquelle le LP serait loin de l’entreprise qui formerait mieux. Un président qui “poursuit sa logique de moins d’école“ alors que les élèves en 12-13 ans ont perdu la moitié du temps d’enseignement scolaire. Vanté, le modèle de l’apprentissage fait l’objet d’une “alerte forte“ par le SNETAP pour son côté fortement discriminant, et par son taux de rupture de contrats qui avoisinerait les 40 % .

A l’instar de Sophie Santraud, secrétaire fédérale SGEN-CFDT qui requiert de la “confiance“, Frédéric Chassagnette, secrétaire national du SNETAP-FSU demande au gouvernement du respect. Plus encore , il souhaite que celui-ci prenne le temps d’ “aller au fond, aller au bout des échanges avec les personnels“. Il regrette que les syndicats ne fassent plus partie de la commission professionnelle consultative qui élabore les référentiels et les diplômes de la voie professionnelle et ajoute, “on ne peut pas faire semblant de consulter“.

A noter enfin l’inquiétude de Christine Pau, secrétaire nationale CGT Éduc’action pour qui “les Pial ont dégradé les conditions de travail des AESH" et pour qui "le double employeur (EN et collectivité, ndlr) ne va pas arranger les choses“, ou celle Jean-Rémi Girard sur la formation continue qui risque d’être “de plus en plus hors du temps de service.“

La vidéo ici

Extrait de touteduc.fr du 4.09.22

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