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SNES-FSU : « On est en train de basculer vers l’ École du tri social »
Jeudi 29 août 2024, Sophie Vénétitay, Gwénaël Le Paih, Emmanuel Séchet ont tenu la conférence de presse du SNES-FSU. Celle-ci a lieu deux jours après celle de la ministre démissionnaire dont ils dénoncent l’ « hypocrisie » de celle qui n’a « aucune légitimité à faire des annonces et décider pour l’Éducation nationale ». La secrétaire générale Sophie Vénétitay parle de l’« échec cinglant » « d’une politique éducative qui aujourd’hui n’a plus lieu d’être car elle a été désavouée dans les urnes ».
« Il n’y aura pas un professeur devant chaque classe à la rentrée »
Sophie Vénétitay déclare : « on sait qu’il n’y aura pas un professeur devant chaque classe à la rentrée » ni « tout au long de l’année ». Elle rappelle le chiffre de 1242 postes non pourvus aux concours de recrutement. Environ 16% des postes en moyenne qui sont non pourvus. Pour le SNES-FSU, la crise du recrutement qui s’enracine est une « menace de continuité du Service public ». Elle déclare : « on est dans une sorte de bricolage institutionnalisé » et souligne l’échec des rentrées préparées par le président Macron. Entre 2018 et 2023 « à la rentrée, il manque de plus en plus de professeurs et de plus en plus longtemps puisque la durée moyenne d’un poste (…) est de près de 28 jours ». Les concours de recrutement en mathématiques et français étant déficitaires, le syndicat alerte : « il n’y aura certainement pas de professeurs de français et de mathématiques devant chaque groupe quand ils existeront ». Le syndicat portera auprès des parlementaires « un travail sur une loi de programmation pluriannuelle de recrutement et une loi de programmation pluriannuelle sur les salaires » pour réparer l’Éducation nationale.
L’échec de l’ « arnaque » du Pacte
La « politique (éducative d’Emmanuel Macron) est un échec, à l’image du Pacte » lance-t-elle. 76% des professeurs du public n’ont pas signé le Pacte, qu’elle qualifie d’ « arnaque ». Les déclarations politiques relatives à la mesure-phare du RCD (Remplacement de Courte Durée) du Pacte relèvent pour elle d’un affichage politique, davantage « occupation des élèves » que « des actes pédagogiques » : en résumé, cette mesure est « pédagogiquement insuffisante pour les élèves comme pour les enseignants ».
« On demandera l’abandon du Choc des savoirs »
La Secrétaire générale du SNES-FSU veut donner une note d’espoir à cette conférence de presse. Elle relève que la réforme du choc des savoirs qui va se mettre en place n’est pas la réforme voulue par Gabriel Attal en septembre 2023 car « la profession s’est largement mobilisée contre certains dispositifs ». Beaucoup de collèges – ne mettront pas en œuvre des groupes de niveaux. Le SNES-FSU lancera une enquête, se disant « vigilant à la désorganisation dans les établissements » et cite à titre d’exemple la question des alignements dans l’emploi du temps. Pour le syndicat, le DNB ne doit pas devenir « une barrière » pour l’accès au lycée. Autre mesure et -échec- de la réforme du choc des savoirs, les classes Prépa Seconde ne font pas le plein, affirme le SNES, comme l’a d’ailleurs dit la ministre.
« L’École est à un point de bascule »
La Secrétaire générale du SNES-FSU le répète, pour elle : « L’École est à un point de bascule » et « on est en train de basculer vers un autre modèle que celui de l’École de la République ». Elle dénonce le modèle « de l’École du tri social » et le rôle de l’enseignement privé dans le séparatisme. Elle martèle et met en garde : « on bascule sur un autre modèle que l’école publique ». Pour elle, le modèle qui vient – oui qui est déjà en place – pose la question de la mixité comme des contenus enseignés. Elle illustre son propos sur les programmes d’EMC qui tendent vers « un savoir se comporter » au détriment de l’apprentissage de l’esprit critique. Elle dénonce une vision libérale de l’éducation et la volonté de contrôle.
« Il y a un impératif, c’est faire réussir nos élèves »
Le syndicat SNES-FSU parle d’une profession maltraitée et des effets des « avalanches de réformes » : les démissions comme « le repli sur soi » en sont des indicateurs. Pour le syndicat, il y a urgence : « les collègues vont finir par lâcher ». Elle évoque les questions des professeurs sur le sens de leur métier : « que devient mon métier ? que suis-je en train de faire ? » La Secrétaire générale du SNES-FSU décrit « un système tenu à bout de bras par des personnels à bout de souffle ».
Les urgences sont nombreuses, pour le SNES-FSU « il n’y a plus de temps à perdre ». « Sophie Vénétitay appelle à « rompre avec les politiques qui visent à trier les élèves. Il faut nous permettre de faire notre travail comme on sait le faire car on connait nos élèves et qu’on sait le faire. Il faut arrêter avec cet empilement de réformes qui a épuisé les personnels ». Pour elle, « il y a un impératif, c’est faire réussir nos élèves ».
Djéhanne Gani
Extrait de cafepedagogique.net du 30.08.24
“Le gouvernement a malmené l’Education nationale“ (SNES-FSU)
“Nous n’acceptons pas ce que devient l’Education nationale." Alors que la rentrée des classes se profile, le SNES-FSU réunissait la presse jeudi 29 août pour livrer son analyse de la situation actuelle du système éducatif.
A cette occasion, la secrétaire générale du syndicat FSU des enseignements du 2nd degré a mentionné la “conférence de presse assez lunaire“ de Nicole Belloubet (voir ToutEduc ici), qui préparait “plus sa sortie que la rentrée“ et dont la légitimité des annonces en tant que ministre démissionnaire peut dès lors questionner.
Mais au-delà du contexte, pour Sophie Vénétitay il y a “urgence“ pour l’Education nationale qui se trouve dans un “moment critique“ suite à une succession de réformes portées par une “vision très libérale de l’éducation“ depuis 2017. L’enjeu en est même “démocratique“, poursuit-elle, car “les familles voient que l’école ne va pas bien“, qu’elle “ne répond plus aux promesses de correction des trajectoires sociales mais les entérine“, ce qui favorise in fine le Rassemblement National.
Une dégradation du Service public d’éducation (SPE) incarnée par plusieurs échecs de réforme, comme le Pacte enseignant, signé par seulement 24,2 % des enseignants du 2nd degré quand l’objectif fixé par Pap Ndiaye était de 30 %. De même, “le choc d’attractivité n’a pas eu lieu“ au regard des concours qui n’ont pas fait le plein (1 142 postes n’ont pas été pourvus au CAPES, CAPET et à l’agrégation en 2024) et cumulent leurs déficits chaque année, ce qui fait qu’il n’y aura pas un professeur devant chaque classe de septembre à juin. Car selon ses calculs, en 2023 la durée moyenne des vacances de postes était de 28 jours.
Mais l’échec est aussi celui du Choc des savoirs (annoncé en décembre par Gabriel Attal pour relever le niveau des élèves suite aux résultats PISA), que ce soit au niveau des uniformes, des prépa-secondes (qui semblent attirer peu de volontaires pour les expérimenter) ou des groupes de niveaux/besoins. A ce titre, l’organisation syndicale estime avoir “gagné la bataille des idées“ par la mobilisation de la profession et des parents qui ont “compris les enjeux“ de cette disposition autour de la volonté de “tri des élèves“, précise Gwenaël Le Paih, secrétaire général adjoint. Les représentants syndicaux interrogent par ailleurs la réalité effective mais aussi la pérennité d’une réforme au départ opérée à moyens constants (grâce à la suppression d’une heure de technologie l’année précédente, ndlr) et programmée pour s’étendre par la suite aux classes de 4ème et 3ème.
Si la future réforme de l’examen du brevet, prenant en compte les notes de toutes les disciplines dans le calcul du contrôle continu “va dans le bon sens“ en valorisant à la fois toutes les disciplines et le travail de l’élève toute l’année, pour Gwenaël Le Paih l’inquiétude porte davantage sur la modification des programmes du cycle 4 (de la 5ème à la 3ème). Ils seraient en effet réorganisés autour d’un nouveau socle, et les compétences psychosociales tendraient à “normer les comportements, les émotions“, donc à contrôler les jeunes pour améliorer le climat scolaire plutôt que pour viser leur émancipation.
Salaire et reconnaissance des enseignants, des AED et des AESH, abrogation de Parcoursup, école inclusive, effectifs dans les classes et dans les établissements... nombreux sont les autres sujets portés par le SNES-FSU afin de “réparer“ une Education nationale “malmenée“ et “réamorcer le fait qu’on puisse recruter et garder les enseignants“, fait valoir Sophie Vénétitay. Il s’agirait par exemple “d’amorcer un travail sur une loi de programmation pluriannuelle concernant les recrutements et les salaires“.
La secrétaire générale du syndicat FSU indique qu’un appel à se réunir entre syndicats est en train de se monter, avec la perspective de construire une “grande grève de l’éducation“ (le 1er octobre selon nos informations). Avec, comme modèle inspirant, la mobilisation en Seine-Saint-Denis (qui devrait de son côté repartir le 10 septembre), notamment “dans la façon dont ça a été préparé, en lien direct et régulier avec des collègues dans les collèges, les écoles, les lycées“, mais aussi “dans le fait de chiffrer les besoins“ ou “dans la façon dont les choses se sont mises en place“, c’est à dire des reconductions à certains moments et “des actions complémentaires de mobilisation locales, à Bobigny et à Paris“.
Extrait de touteduc.fr du 29.08.24