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A Clermont-Ferrand, un des collèges qui ont l’Ips le plus faible de France n’est pas classé en REP (Le Monde)

19 décembre 2022

« Nos enfants n’ont pas les mêmes chances que les autres » : à Clermont-Ferrand, la colère des oubliés de l’éducation prioritaire
La capitale auvergnate abrite l’un des collèges les plus défavorisés du pays et pourtant non classé REP, malgré la mobilisation des enseignants depuis de nombreuses années.

La carte de l’éducation prioritaire a ses zones blanches. L’une d’entre elles se trouve dans le nord de Clermont-Ferrand, nichée entre le béton gris des anciennes rampes de test Michelin, industrie emblématique de la ville, les charmantes ruelles pavées de la vieille ville de Montferrand, et les barres d’immeubles du quartier politique de la ville de la Gauthière.

C’est là qu’environ 450 adolescents franchissent chaque jour les grilles du collège Gérard-Philipe. Les trois quarts d’entre eux sont issus de familles défavorisées, 60 % sont boursiers – pour une famille avec deux enfants, l’aide est accordée lorsque les ressources annuelles n’excèdent pas 19 632 euros. Certains, réfugiés ou primo-arrivants, ne parlent pas français et font partie des élèves allophones accueillis dans l’établissement. D’autres sont porteurs de handicap et sont scolarisés dans le cadre des dispositifs d’inclusion implantés dans le collège. « On concentre des difficultés de tous ordres », résume Sandrine Charrier, professeure d’éducation musicale à Gérard-Philipe depuis vingt ans et représentante du SNES-FSU.

Depuis plusieurs années, les enseignants se mobilisent et ont plusieurs fois recouvert les grilles de l’établissement de banderoles pour réclamer ce à quoi le collège n’a, pour l’heure, pas le droit : l’entrée dans l’éducation prioritaire et l’accès aux moyens afférents. La publication, mi-octobre, des indices de position sociale (IPS) des écoles et des collèges n’a fait que conforter cette revendication. Le collège Gérard-Philipe s’établit à peine au-dessus de 70, soit le plus bas des indices des collèges français non classés en éducation prioritaire et, surtout, l’un des 10 % les plus faibles du pays.

Une poignée d’enfants de cadres
L’origine de cette anomalie remonte à la dernière définition de la carte de l’éducation prioritaire, en 2014. « Nous avions un profil REP, mais la rectrice de l’époque a décidé de ne pas nous faire intégrer l’éducation prioritaire, car deux autres collèges de Clermont-Nord étaient déjà classés REP + », explique Sandrine Charrier.

Un motif que le directeur académique du Puy-de-Dôme, Michel Rouquette, ne confirme pas. Il admet cependant que ses services avaient alors fait le pari de réussir à attirer et à retenir une diversité de profils dans le collège pour gagner en mixité. Une étude publiée en 2017 montre que la population du secteur de Gérard-Philipe était en effet plus mixte que celle des deux autres établissements des quartiers nord.

L’échec est patent. « La situation n’a fait que se dégrader, à tel point que l’on a désormais non plus le profil REP, mais REP + », poursuit Mme Charrier. L’IPS du collège Gérard-Philipe ne cesse de baisser et est devenu inférieur à ceux de presque tous les collèges REP + de la ville. Le fait que l’établissement propose un parcours cinéma, un atelier théâtre, une section football n’y a rien changé : les enfants de cadres ne sont plus qu’une poignée. En raison d’une paupérisation de la population alentour mais aussi d’un évitement vers le privé, qui propose également de nombreuses options. Les deux établissements privés les plus proches, dont l’un est situé à 50 mètres, ont des IPS de plus de trente points supérieurs.

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Extrait de lemonde.fr du 17.12.22

 

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