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Carte de l’éducation prioritaire : l’inéquitable répartition des moyens (dossier du Monde)

17 décembre 2022

Education prioritaire : l’inéquitable répartition des moyens
La carte de l’éducation prioritaire, révisée pour la dernière fois en 2014, exclut certains des collèges les plus défavorisés, selon les observations du « Monde » à partir des indices de position sociale des établissements. Le ministre, Pap Ndiaye, a promis de s’atteler à ce chantier.
Par Violaine Morin et Manon Romain(analyse de données)

Carte des collèges classés en réseau d’éducation prioritaire (REP et REP +) d’un côté, indices de position sociale (IPS) des établissements de l’autre : logiquement, les deux devraient se superposer. Cela signifierait que les aides pensées pour les enfants les plus en difficulté leur parviennent.

Mais, à regarder de près la carte des IPS des collèges, comme Le Monde s’y est attelé depuis la publication mi-octobre de ces outils de pilotage de l’éducation nationale, plusieurs incohérences se font jour. Ainsi, dans la catégorie des IPS supérieurs à la moyenne nationale pour les collèges publics (100), 20 établissements sont en REP – dans le nord-est de Paris, à Bordeaux et à Ajaccio, notamment. Dans celle des IPS inférieurs à la moyenne, 112 collèges ne sont pas classés REP. On trouve, enfin, un établissement très défavorisé, le collège Gérard-Philipe de Clermont-Ferrand, qui aurait de quoi mériter le label REP +, mais ne l’a pas obtenu lors de la dernière refonte de la carte, en 2014 – date à laquelle, cependant, les IPS n’existaient pas. Cet indice a été pensé en 2016 par l’éducation nationale pour associer les catégories socioprofessionnelles des parents aux chances de réussite scolaire, en observant les pratiques culturelles des familles et leurs capitaux économiques (taille du logement, connexion à Internet, etc.). L’IPS d’un établissement correspond à la moyenne des IPS de l’ensemble des élèves.

[...] "On a longtemps disposé d’indicateurs moins solides qu’aujourd’hui. Il faut attendre le milieu des années 1990 pour avoir des remontées fiables de la catégorie socioprofessionnelle des parents", rappelle Marc Bablet, de l’Observatoire des zones prioritaires, qui a participé à l’élaboration de la carte de 2014 en tant que chef du bureau chargé de l’éducation prioritaire à la direction générale de l’enseignement scolaire. En outre, "quand les ZEP sont lancées, en 1982, certains veulent à tout prix en faire partie, quand d’autres refusent tout net", indique-t-il. [...]

Extrait de lemonde.fr du 17.12.22

Note du QZ : le graphique publié en tête de cet article du Monde présente de façon éclairante les principales données de la comparaison entre l’IPS et la carte de l’éducation prioritaire. En voici quelques éléments :
 20 collèges sont classés en EP et ont des IPS supérieurs à la moyenne des collèges publics.
 112 collèges ne sont pas classés en EP et ont pourtant un IPS inférieur à la moyenne des IPS de collèges de collèges classés REP.
- 1 collège n’est pas classé en EP et a pourtant un IPS inférieur à la moyenne des IPS de collèges de collèges classés REP+.

 

L’IPS, un outil statistique particulièrement fin pour mesurer le profil social
L’indice de position sociale a été mis en place par l’éducation nationale en 2016 pour déterminer, à partir de la catégorie socioprofessionnelle des parents, le profil social des élèves et des établissements. Rendu public en octobre à la suite d’un recours en justice, il est désormais utilisé dans de nombreuses enquêtes journalistiques.

L’indice de position sociale (IPS) est un outil mis en place en 2016 par l’éducation nationale pour déterminer le profil social d’un élève – et, en faisant la somme de chacun des IPS obtenus, celui d’un établissement. Seul le score moyen de l’établissement est concerné par la décision du tribunal administratif de Paris du 13 juillet, qui obligeait l’éducation nationale à publier les IPS des collèges et des classes de CM2 (il a été choisi, à la place, de rendre public l’IPS des écoles), après le dépôt d’un recours par le journaliste Alexandre Léchenet. Depuis octobre, les indices de position sociale sont disponibles sur une base de données en libre accès.

[...]

Avec l’IPS, l’idée est d’avoir, au contraire, une mesure continue, un « score » qui permette de placer un établissement sur une échelle : plus le score est élevé, plus l’établissement est favorisé. Pour définir l’IPS, la DEPP a utilisé une enquête statistique complète sur un groupe de 35 000 élèves entrés en 6e en 2007, qui lui permettait d’avoir accès à de nombreuses informations sur les capitaux culturels et économiques des parents.

Des critères directement liés aux chances de réussite ont ainsi été observés : l’accès à Internet, la taille du logement et la présence de biens culturels à la maison, l’accès aux infrastructures culturelles et sportives. Chaque métier a ensuite été associé à un score moyen, en fonction des capitaux culturels et économiques, pour déterminer l’IPS. Pour chaque enfant, la catégorie socioprofessionnelle des deux parents est utilisée, chaque croisement aboutissant à un score différent : le croisement « mère enseignante » et « père ingénieur », par exemple, déclenche un IPS plus élevé que « mère ingénieure » et « père enseignant ». De même, le fait d’avoir un père cadre et une mère inactive ne produit pas le même IPS qu’un père ouvrier et une mère inactive.

Extrait de lemonde.fr du 17.12.22

Voir les deux autres articles du dossier du Monde du même jour :
Le Rassemblement national et l’éducation prioritaire : une mission parlementaire présidée par le député RN Roger Chudeau
A Clermont-Ferrand, un des collèges qui ont l’Ips le plus faible de France n’est pas classé en REP (Le Monde)

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1 Message

  • Encore le contre sens sur l’éducation prioritaire !

    Education Prioritaire : Le plus n’important n’est pas de mettre à jour sa carte mais de reprendre le chemin de la Refondation engagée en 2012 et abandonné pendant 5 ans.

    Après 5 ans de parenthèses, le débat sur l’éducation prioritaire repart sur de fausses bases : de nouveau, il s’agirait de « donner plus à ceux qui ont moins » et de mettre à jour sa carte « pour prendre en compte dix ans d’évolution des quartiers », mais en oubliant les acquis de la refondation de 2012, détruits pour réaliser les dédoublements des CP et CE1. On oublie ainsi tout ce qui a été sacrifié qui permettait de créer des collectifs de travail : la concertation, des formateurs REP+, des postes de remplaçants pour assurer la formation à l’intérieur du réseau, le cycle3, commun aux écoles et au collège etc.
    L’indice de position sociale (l’IPS) peut être un outil très utile pour « une allocation des moyens proportionnelle à la difficulté sociale » pour l’ensemble des établissements -préconisé par l’OZP et de nombreux chercheurs- mais il ne peut à lui seul réviser automatiquement le classement ne REP ou REP+ ? Le dossier de « Le Monde » du 18-19 décembre contient un exemple du contre sens auquel conduit un raisonnement fondé sur le seul IPS : « Avec 55,7% d’établissements en dessous de l’indice de position sociale moyen, les zones rurales n’ont que 7,4% de leurs établissements classés en REP. » Ce qui signifie que l’école ordinaire de la République ne serait pas capable de faire réussir les élèves des classes populaires lorsqu’ils sont majoritaires. Rappelons que l’éducation prioritaire doit concerner ces territoires où la relégation sociale, la précarité et les discriminations sont telles que la mission de service public ne peut être assurée sans moyens supplémentaires mais aussi sans dispositifs spécifiques : le réseau et ses pilotes, le projet de réseau, un coordonnateur, du temps pour la concertation et la formation etc..
    François-Régis GUILLAUME

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