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Mixité sociale : le compte rendu ToutEduc de la Rencontre OZP du 29 mars 2023

31 mars 2023

La mixité sociale, un leurre pour contourner l’éducation prioritaire ? (OZP)

“Cela nous étonne que le ministre de l’EN s’empare seul de cette question de la mixité sociale, alors que ce devrait être une politique interministérielle“ estimait mercredi 29 mars le président de l’OZP Marc Douaire lors d’une rencontre de l’association sur le thème de la mixité sociale.

Si cette question revient dans le débat à travers l’école, c’est pour lui d’abord en raison de la crise sanitaire qui a remis au 1er plan les problèmes d’inégalités en montrant aux yeux de tous les différences que laissaient apparaître le “logiciel de continuité éducative“ entre les élèves du pays. La publication des IPS a également mis en évidence une réalité “extrêmement claire“, que les établissements privés sous contrat et publics de centre ville accueillent majoritairement des élèves de milieux favorisés ou très favorisés, “et ça c’est un choc, un constat qui a amené le ministre de l’EN à réagir“.

Ont ainsi été discutées les mesures évoquées par le ministre (multi-secteurs, sections internationales..) et celles qui sont déjà en place (les cités éducatives, les CLA..), ainsi que d’autres propositions ayant trait à la formation à l’hétérogénéité, au travail en concertation.

Marc Douaire a toutefois rappelé que la mixité sociale, ou “présence simultanée ou cohabitation en un même lieu de personnes appartenant à des catégories socio-professionnelles, des cultures, etc.. différentes“ ne va pas de soi, et que l’école de la 3ème République était, en ce qui concerne le 2nd degré, au départ ségréguée car seulement réservée à une élite.

Pour Jean-Rémy Sirvent, secrétaire national du SE-UNSA (secteur laïcité, école et société), “cette question de la mixité sociale doit faire l’objet d’une bataille culturelle“, car avoir des enfants séparés dans leurs parcours scolaires “pèse sur notre avenir démocratique“.

Dans des endroits où il y a une volonté politique forte (comme ce fut le cas pour l’expérimentation menée à Toulouse), avec un vrai partenariat collectivités et EN et des moyens (accompagnement, formation), “il y a des leviers pour la réussite“, souligne Etienne Butzbach, coordinateur du réseau mixités à l’école au Cnesco. Mais si il n’y a pas de vraie politique publique de mixité au niveau national, “on restera à des mesures un peu gadget“, poursuit-il.

Anne-Sophie Legrand, secrétaire nationale du SNES-FSU responsable du secteur collège, craint que Pap Ndiaye n’ “utilise la mixité sociale comme un leurre“ et qu’il évite ainsi de parler d’EP. Elle le voit “dans la pure continuité du ministre précédent qui n’a fait que des cadeaux au privé“, et pense que davantage de mixité sociale ne servirait qu’à financer encore plus le secteur privé par rapport au public.

Mais plus globalement, est-ce que l’inégalité est soluble dans la mixité ? Et si l’école réalise mieux le brassage, cela garantit-il un modèle de réussite ? demande Marc Douaire, qui s’interroge sur l’évocation de la mixité sociale désormais à la place de l’Education prioritaire, dont l’ambition serait abandonnée. Il considère qu’aujourd’hui la politique d’EP “est dans un angle mort au ministère“, et qu’évoquer une refonte de la carte en 2024 “n’est qu’un élément de cette politique“ qui doit notamment s’appuyer sur une réflexion liée au développement urbain.

A ce titre, Marc Bablet, ancien responsable de l’éducation prioritaire au ministère de l’Education nationale, interroge la loi SRU. Selon un rapport de la Cour des comptes, 56 % des communes qui devaient faire un effort en termes de logement social ont préféré payer des pénalités, c’est pourquoi si on renforçait l’usage de la loi “il y aurait une meilleure mixité résidentielle“. Ainsi pour avoir une hétérogénéité scolaire conduisant à la réussite de tous les élèves, il faudrait assurer une plus grande hétérogénéité sociale effective.

Le site de l’OZP ici

Extrait de touteduc.fr du 31.03.23

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