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Les violences urbaines : un des enjeux de la fermeture d’établissements scolaires urbains dès la mi-juin ? (Le Nouvel observateur)

6 juillet 2023

Emeutes urbaines : et l’école resta sans voix
BiLLET
Gurvan Le Guellec

Les violences des derniers jours, et le profil majoritaire des émeutiers, jeunes et issus des quartiers populaires, ont posé avec une lumière crue la question de la fin d’année scolaire. La « reconquête éducative du mois de juin », promise depuis des lustres par les ministres de l’Education nationale, est bien un enjeu de société.

[...] La droite de MM. Ciotti, Larcher et Retailleau n’a toutefois pas tort : la mixité ne peut pas tout. Pour que l’école participe à l’émancipation des esprits et à la déghettoïsation des corps, déjà faudrait-elle qu’elle soit présente… et donc ouverte. Chez nos collègues du « Monde », des profs de banlieue se sont ouverts de leur désarroi face à un déchaînement de violences pas totalement inattendu dans des « populations stigmatisées et précarisées où l’amertume et l’humiliation laissent place à la colère et la rage viscérale ». Ils parlent également de leur inquiétude de voir leurs élèves – bons ou mauvais – emportés par « l’effet de groupe » alors que les établissements sont fermés. Sur ce point-là, le rubricard éducation que je suis ne peut pas s’empêcher de tiquer. Car, en toute logique, les collèges et lycées ne devraient pas être fermés à deux ou même une semaine de la fin de l’année scolaire. Les épreuves du bac et du brevet étant derrière nous, ils devraient même être pleinement et intensément ouverts, profitant du temps suspendu de la fin d’année pour aborder les apprentissages de manière plus concrète, mettre en avant les talents scolaires et extrascolaires des élèves avant le grand relâchement cérébral et cognitif de juillet-août. Et contribuer à raffermir le sentiment d’attachement à l’école que l’on sait particulièrement dégradé en France à partir de l’entrée dans le secondaire.

A en croire la petite enquête que je viens de consacrer au sujet et les réactions qu’elles ont suscitées, ce n’est pas le cas. Ou, plus exactement, cela est très aléatoire. Certains établissements se font un point d’honneur de maintenir les enseignements jusqu’au dernier ou l’avant-dernier jour. D’autres ont fermé leurs portes dès le 16 ou le 23 juin, terminant leur année en queue de poisson. Et, pour une raison que je ne m’explique pas encore, il s’agit surtout d’établissements urbains.

[...] Quelle est la part de l’oisiveté forcée dans ces débordements ? Ce serait bien présomptueux de le dire. Mais force est de constater que cette violence n’est pas nouvelle – les banlieusards n’ont pas attendu la mort de Nahel pour découvrir le bruit des mortiers – qu’elle connaît bien des pics saisonniers, et que ces pics correspondent à la période de latence entre la fermeture « officieuse » des établissements et le vrai début des grandes vacances après le 14 juillet.

Extrait de nouvelobs.com du 04.07.23

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