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Séminaire OZP 2015 sur la formation des personnels. Intervention de clôture d’Ollivier Hunault, IGEN

8 décembre 2015

Séminaire professionnel OZP du 5 décembre 2015 : La formation des personnels en éducation prioritaire
Intervention de clôture d’Ollivier Hunault, Inspecteur général de l’Education nationale (Groupe éducation prioritaire)

Ollivier Hunault, membre du groupe de l’enseignement primaire de l’Inspection générale, qui participe à la mission évaluant la mise en œuvre du volet pédagogique de la refondation de l’éducation prioritaire, précise qu’il ne fera pas état aujourd’hui des travaux de ce groupe, la mission réservant ses conclusions à la ministre ; les observations dans les réseaux n’ont de toute façon pas encore commencé.

Il précise néanmoins que ces observations seront prioritairement menées dans les réseaux préfigurateurs, qui sont entrés dans le dispositif REP+ depuis un an et demi, en soulignant que ce choix a amené la mission à s’interroger sur les observations qu’il pourrait être utile de mener dans les années à venir. En effet, les réseaux préfigurateurs étaient très majoritairement d’anciens ECLAIR ou RAR, seuls 7% d’entre eux ne l’ayant pas été, alors que plus de 40% des « nouveaux » REP+, à la rentrée 2015, n’ont été ni ECLAIR ni RAR précédemment.

Ollivier Hunault jouera donc plutôt le rôle d’observateur en recensant et en développant les points saillants des échanges de cette journée, venant soit des intervenants soit des participants au séminaire.

Il s’agit d’abord de déterminer les besoins de formation, comme l’a précisé une formatrice académique d’un REP+ d’une académie francilienne. Or, c’est dans les territoires de l’éducation prioritaire que la proportion de personnels contractuels ou débutants atteint les proportions les plus élevées. Dans des disciplines comme les mathématiques et dans l’académie de Créteil, elle dépassait les 50% en éducation prioritaire, lorsqu’il y travaillait il y a quelques années seulement, et il est peu probable que les choses aient beaucoup changé depuis.

Avec ce public, qui trouve parfois difficilement un appui dans son réseau, il ne s’agit pas tant de faire évoluer des pratiques, mais plutôt d’acquérir, par la formation et les échanges, des connaissances didactiques et pédagogiques élémentaires pour enseigner les mathématiques et les gestes professionnels de base, par exemple comment se placer à l’entrée dans la salle de classe, comment démarrer une séance, comment accompagner les élèves lors de la résolution individuelle d’exercices en classe, ...

Le chef du bureau de l’éducation prioritaire de la DGESCO a encouragé lors de son intervention la constitution de collectifs de formateurs académiques. Il faut sans doute chercher à élargir ce collectif à toutes les ressources, tout particulièrement dans les académies où les formateurs académiques sont peu nombreux. Pour pouvoir répondre le plus efficacement possible aux besoins, il est conseillé en effet de faire intervenir les formateurs ayant la plus grande expertise par rapport aux besoins détectés pour tel ou tel réseau : formateurs ESPE, conseillers pédagogiques, mouvements pédagogiques...

Le volontariat ? Cette notion soulevée lors d’une question concernant la présence ou non aux temps de concertation le gêne. L’école, et en particulier l’éducation prioritaire, ne doivent pas être dépendante d’un volontariat ou d’un militantisme, même si nous savons tous que beaucoup donnent beaucoup d’eux-mêmes au sein des établissements et en particulier en éducation prioritaire. Mais un professionnalisme engagé est nécessaire et la participation aux temps de concertation doit relever de ce professionnalisme.

Enseignement explicite et formation explicite. Ces deux points ont été évoqués à de nombreuses reprises tout au long de la journée. Ollivier Hunault insiste sur la nécessité de former explicitement les enseignants et de ne pas seulement les inviter à former explicitement leurs élèves. Il regrette qu’on entende encore parfois des formateurs ou des inspecteurs dire qu’il ne faut surtout jamais rien donner d’utilisable en classe par les enseignants, mais qu’il faut les laisser construire eux-mêmes tous leurs outils. Il faut au contraire donner à voir ce qui est efficace, montrer des outils qui fonctionnent, en explicitant pourquoi cela est efficace. Le rôle du formateur académique doit être de fournir des éléments concrets et utilisables dans un premier temps, en particulier à des professeurs contractuels ou débutants, en explicitant pourquoi ils ont été construits comme ils le sont et en quoi ils peuvent répondre aux différents besoins des élèves.

Il propose ensuite de revenir sur une question posée lors de la journée, concernant les adaptations nécessaires aux programmes de cycle et la répartition du travail à mener entre les trois années du cycle. La question est particulièrement saillante pour le cycle 3, où il semble qu’une vigilance particulière sera nécessaire afin de veiller à ce que les apprentissages qui nécessitent plusieurs années pour se construire soient bien traités tout au long du cycle de façon progressive et non pas seulement pendant la dernière année du cycle. Pour cela, il faut que le conseil école-collège soit un vrai lieu de travail collectif.

En conclusion, Ollivier Hunault insiste beaucoup sur le rôle positif qu’a joué et continue à jouer l’éducation prioritaire dans l’évolution pédagogique du système éducatif. Elle constitue un vivier qui nourrit le système éducatif.
Par exemple, on peut difficilement penser que l’institution généralisée du conseil école-collège aurait eu lieu sans le travail mené depuis près de dix ans dans les réseaux d’éducation prioritaire autour de l’inter-degrés.
Par ailleurs, un rapport récent de l’inspection générale sur les circonscriptions du premier degré propose la création d’établissement public du socle commun réunissant un collège et des écoles voisines, une telle proposition n’aurait certainement pas été pensée sans le travail mené dans les réseaux d’éducation prioritaire ces dernières années.
Un dernier exemple concerne l’enseignement explicite dont Ollivier Hunault doit parler prochainement dans une formation à destination des nouveaux inspecteurs. Après avoir cherché dans les documents officiels les textes y faisant référence, c’est avant tout sur le référentiel de l’éducation prioritaire qu’il pourra s’appuyer, ou éventuellement sur le rapport récent de Jean-Paul Delahaye. Là encore l’éducation prioritaire est aux avant-postes et on peut penser qu’il sera rapidement fait davantage référence à un enseignement explicite dans des documents plus généraux, car les élèves hors éducation prioritaire doivent également pouvoir en tirer bénéfice.

C’est ce constat qui doit nous amener à être optimiste sur les réussites de l’éducation prioritaire et ambitieux sur ses perspectives car c’est assurément l’ensemble du système éducatif qui en bénéficiera.

 

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