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Racisme et antisémitisme : La remise en cause du contenu des cours est un phénomène répandu dans les zones sensibles (sondage Ipsos). E. Philippe annonce la création d’une "équipe nationale d’intervention" dans les établissements (Dossier ToutEduc). Le projet du collège REP+ Maurice Genevoix de Toulon

20 mars 2018

Additif du 23.03.18 :
La tolérance stable en France après trois années de hausse
L’indice de tolérance, qui mesure les préjugés racistes et antisémites, s’est stabilisé à un haut niveau en 2017, après trois années de hausse, selon un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) publié jeudi.

Extrait de lexpress.fr du 22.03.18
La tolérance stable en France après trois années de hausse

 

Racisme et antisémitisme : comment les enseignants voient leurs élèves (sondage)

En "zone sensible", 52 % des enseignants disent que "la remise en cause du contenu des cours est un phénomène répandu dans leur établissement". C’est l’une des conclusions d’un sondage IPSOS réalisé pour la "Fondation du judaïsme français" à l’automne dernier auprès de quelque 500 enseignants du 2nd degré, dont une centaine "en zone sensible". Il a été rarement médiatisé.

Les enseignants interrogés sont 58 % à estimer que notre système scolaire fonctionne mal, 71 % à se déclarer pessimistes pour son avenir, et parmi les difficultés auxquelles ils sont confrontés, ce sont "les difficultés familiales ou sociales" de leurs élèves qui viennent en tête, suivies des violences entre élèves. Elles sont citées par 87 et 82 % des enseignants, mais par 97 et 95 % des enseignants en zone sensible. La remise en cause du contenu de certains cours (36 %) est loin derrière le manque de personnel, les effectifs, le décrochage scolaire, le manque de respect à l’égard des enseignants... Mais elle est citée par plus de la moitié des enseignants en zone sensible. De même, l’item "les atteintes au principe de laïcité" figure parmi les derniers (26 %), mais son "score" est de 46 % en zone sensible.

Les enfants obèses victimes du harcèlement
En ce qui concerne les discriminations entre élèves, ce sont "le sexisme et la misogynie" qui viennent en tête avec l’homophobie (48 et 43 %), "le sentiment antimusulman" n’est cité que par 21 % des enseignants, viennent ensuite l’antisémitisme (17 %), puis "la radicalisation religieuse", "les discriminations vis à vis des personnes handicapées" et "le prosélytisme religieux" qui sont le plus souvent cités (15 % chaque), juste après l’antisémitisme (17 %). Toutefois, en zone sensible, "le sexisme et la misogynie" sont cités par 64 % des enseignants, l’homophobie par 59 % d’entre eux, la radicalisation et le prosélytisme par un enseignant sur trois, l’antisémitisme et les discriminations envers les personnes handicapées presque autant, le sentiment antimusulman par plus d’un enseignant sur cinq. Si l’homophobie et les discriminations liées au handicap semblent régresser ou se stabiliser, tous les autres items voient davantage d’enseignants estimer qu’ils progressent que l’inverse.

Les phénomènes de harcèlement sont "répandus" dans 45 % des établissements, aux dires des enseignants interrogés (60 % en zone sensible), et les personnes visées sont d’abord les obèses (47 % des répondants), les femmes et les filles, les homosexuels, viennent ensuite "les personnes d’origine maghrébine", les musulmans, les personnes "originaires d’Afrique subsaharienne", les juifs, les personnes d’origine asiatique, les catholiques, les athées (8 %). La hiérarchie est à peu près la même en zone sensible, mais les réponses positives vont de 17 à 58 %.

Des "exceptions" au principe de laïcité
Le sondage portait aussi sur la mise en oeuvre du principe de laïcité. 53 % des enseignants considèrent qu’il est appliqué "sans aucune exception" dans leur établissement (45 % en zone sensible) ou avec quelques exceptions (38 %, 41 % en zone sensible). Ils sont 9 % à considérer qu’il souffre "de nombreuses exceptions" ou qu’il n’est "pas vraiment appliqué" (14 % en zone sensible). Les atteintes au principe de laïcité sont "rares ou inexistantes" pour les 3/4 des enseignants, mais parmi les enseignants en zone sensible, 54 % disent avoir été, ou avoir des collègues qui ont été confrontés, au cours des trois dernières années, à des élèves portant des signes ostensibles, 52 % à des refus de participer à des cours d’EPS, 48 % à des élèves cherchant à imposer leurs croyances religieuses, 42 % au refus de s’asseoir à côté d’un.e élève de l’autre sexe ou de pratiquer une activité mixte, des pourcentages qui vont de 25 à 36 % si l’on considère l’ensemble des répondants.

La remise en cause des cours est rares ou inexistante pour 64 % des enseignants, mais répandue pour 52 % d’entre eux en zone sensible, avec le plus souvent des arguments identitaires, religieux ou complotistes, moins souvent politiques ou négationnistes. Sont surtout visés les cours d’histoire (au moment d’aborder les croisades ou les décolonisations), de SVT (sexualité, théorie de l’évolution), de français ou de philosophie (pour certaines oeuvres), d’histoire quand il est question de la Shoah, d’arts plastiques (pour l’étude de certaines oeuvres). Pour trois enseignants sur quatre, des élèves "ont remis en question le contenu du cours", moins d’une fois sur deux, ils l’ont perturbé, ils ont parfois refusé de le suivre (11 %, 18 % en zone sensible), certains sont sortis de classe et il est même arrivé à 3% des enseignants (personnellement ou un de leurs collègues) de recevoir des menaces. Le plus souvent, ils ont réagi en en discutant avec l’ensemble de la classe, ou avec l’élève concerné en dehors de la classe. Mais ils ont pu aussi prévenir leur hiérarchie, convoquer les parents, enclencher une procédure disciplinaire, voire prévenir la police (1 % des réponses) et cela a eu un effet positif sur toute la classe (90 %) et sur l’élève concerné (71 %). Deux enseignants sur trois mettent en place des activités spécifiques "pour mieux expliquer ces contenus", mais un sur trois (40 % en zone sensible) "minore ou refuse d’aborder une partie du programme pour éviter des difficultés".

L’antisémitisme de leurs élèves
Interrogés plus particulièrement sur l’antisémitisme de leurs élèves, les enseignants sont 46 % (63 % en zone sensible) à considérer que leurs élèves sont convaincus que les juifs sont plus riches que la moyenne des français, qu’ils "aiment plus l’argent", qu’ils sont "trop présents dans le secteur financier et bancaire"... Ils sont 17 % (30 % en zone sensible) à estimer que l’opinion "il y a trop de juifs en France" est répandue parmi les élèves de leur établissement. La meilleure façon de lutter contre ces préjugés serait de "faire intervenir en classe ou projeter des témoignages d’anciens déportés" et "d’organiser des visites de lieux de mémoire".

Le sondage est téléchargeable ici

 

Racisme et antisémitisme : E. Philippe annonce la création d’une "équipe nationale d’intervention" dans les établissements scolaires

L’éducation est le deuxième lieu du combat contre le racisme et l’antisémitisme, estime Edouard Philippe. Le Premier ministre présentait ce 19 mars son "plan de lutte" contre ces deux fléaux. Il rappelle que "combattre des préjugés, combattre l’obscurantisme, c’est âpre, c’est violent", notamment "dans certaines zones où des professeurs n’osent plus parler de la Shoah devant leurs élèves". Il entend donc "amorcer la reconquête de nos écoles" et "des consciences". Cette "reconquête commence dès l’école primaire", ce dont témoigne, estime le Premier ministre, "le dédoublement des classes de CP dans les zones dites REP+". Elle "se poursuivra tout au long de la scolarité".

Il a demandé à Jean-Michel Blanquer "de constituer une équipe nationale d’intervention rapide associant des enseignants, des représentants de l’Etat, des associations et des représentants des lieux de mémoire". Ils devront "libérer la parole, en demandant aux chefs d’établissement de signaler les difficultés ou incidents qui se produisent en matière de racisme et d’antisémitisme". Ils devront ausssi "épauler les enseignants, intervenir devant les élèves dans les établissements où des difficultés sont signalées lors de certains enseignements".

le lundi 19 mars 2018.
http://www.touteduc.fr/fr/scolaire/id-14775-racisme-et-antisemitisme-e-philippe-annonce-la-creation-d-une-equipe-nationale-d-intervention-dans-les-etablissements-scolaires

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