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Emmanuel Macron veut "rouvrir un débat " sur le temps et les vacances scolaires en mettant en avant l’"inégalité". Les réactions (dossier)

28 juin 2023

Emmanuel Macron veut « rouvrir un débat » sur le temps scolaire et les vacances
En déplacement à Marseille, le président de la République a annoncé vouloir relancer le débat sur le calendrier scolaire, ce mardi 27 juin 2023. Pour Emmanuel Macron, les élèves français ont trop de vacances.

A-t-il été inspiré par son ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui avait affirmé vouloir réduire les vacances ? Au deuxième jour de son déplacement à Marseille, Emmanuel Macron a relancé un vieux débat sur le calendrier scolaire.

« Je pense qu’on doit rouvrir un débat, celui du temps scolaire dans l’année, une des grandes hypocrisies françaises », a dit le président de la République, devant les journalistes qui l’interrogeaient à l’école Saint-André-La Castellane, dans les quartiers nord de la cité phocéenne.

« Trois mois de vacances, l’inégalité revient »
Pour Emmanuel Macron, qui s’exprimait aux côtés du ministre de l’Éducation Pap Ndiaye, « des enfants qui ont deux mois et demi de vacances, parfois trois mois ».

Appelant à « repenser ce temps dans l’année », tout en estimant que la question ne serait pas résolue avant la rentrée de septembre 2023, le chef de l’État a affirmé que « quand on a des vacances de trois mois, l’inégalité revient ».

Extrait de ouest-france.fr du 27.06.23

 

Jean-Paul Delahaye : « En 1912, un ministre de l’Instruction publique partait à la reconquête du mois de …… juillet ! »

Alors que le débat bat son plein sur la reconquête du mois de juin (et des mois d’avril et mai pour les terminales…), Jean-Paul Delahaye, inspecteur général de l’éducation nationale honoraire et ancien Dgesco, nous montre que c’est loin d’être un débat nouveau.

À l’occasion d’une recherche sur Gabriel Guist’hau, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts du 14 janvier 1912 au 20 janvier 1913, j’ai retrouvé une circulaire qui fait écho à notre problème récurrent d’absentéisme en fin d’année scolaire. Un absentéisme le plus souvent créé par les décisions d’organisation des enseignements et des examens prises par le ministère lui-même. Un ministère qui, ensuite, après avoir créé le problème, essaye tant bien que mal de corriger le tir. C’est un sujet très ancien qui agitait déjà l’opinion, il y a plus d’un siècle où l’on fustige alors « la désertion » et « l’exode prématuré des élèves » en fin d’année scolaire, à la suite de l’autorisation donnée en 1905 aux familles de retirer leurs enfants du lycée ou du collège quinze jours avant la fin de l’année scolaire.

En 1912, c’est de la reconquête du mois de juillet dont le ministre se préoccupe !

Voici le texte de la circulaire du 2 mars 1912* signé du ministre Gabriel Guist’hau. Toute ressemblance avec des faits contemporains ne serait pas totalement fortuite…

« Circulaire indiquant les mesures à prendre pour assurer la présence des élèves au lycée ou au collège jusqu’à la distribution des prix

Du 2 mars

Le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts

A Monsieur le Recteur de l’académie

Votre attention a déjà été appelée sur les changements qu’a produits, dans les mœurs scolaires, l’autorisation donnée en 1905 aux familles de retirer leurs enfants du lycée ou du collège à partir du 14 juillet. De cette tolérance sont résultés un exode prématuré des élèves, une désorganisation des classes, une cause d’affaiblissement pour les études, un certain relâchement de la discipline, et enfin, la désertion, regrettable à tous égards, de la distribution solennelle des prix.

Mais ce qu’il y a de plus fâcheux à constater dans cet état de choses, c’est que, trop souvent, loin de chercher à y remédier, les assemblées de professeurs, les conseils d’administration, parfois même les chefs d’établissement sont les premiers à en provoquer l’extension. De diverses Académies me sont parvenus des vœux tendant à supprimer la solennité de la distribution des prix, ce qui reviendrait à supprimer le dernier moyen de retenir les élèves jusqu’à l’expiration normale de l’année scolaire, c’est-à-dire jusqu’au 31 juillet. Tous ces vœux prétendent se justifier par le départ des élèves au 14 juillet, l’impossibilité qui s’ensuit de maintenir dans les classes un travail sérieux, et l’indifférence que témoignent les lauréats eux-mêmes à la cérémonie de distribution des prix.

Si le mal est réel, ce dont personne ne doute, je suis fondé à regretter que, loin de chercher à le restreindre, on propose précisément une mesure bien faite pour l’aggraver. L’initiative des administrations collégiales ne devrait-elle pas s’exercer, au contraire, à trouver les moyens de conserver les élèves jusqu’au bout et de s’assurer de leur présence à une fête qui est propre à exciter leur émulation en même temps que, pour le personnel universitaire, elle est une occasion de se trouver en contact avec les autorités locales et les familles ?

Pour cesser de suivre les cours dès le milieu de juillet, les élèves ne manquent pas d’en prétexter la désorganisation. C’est là qu’est le danger principal de la situation et c’est sur ce point que doit porter la vigilance des chefs d’établissement, secondés eux-mêmes par les professeurs.

Les mesures les plus urgentes à prendre sont de laisser chaque classe se poursuivre complétement et sans fusionnement avec d’autres, jusqu’au 31 juillet ; de placer les compositions finales le plus tard possible, de refuser leurs prix aux élèves qui, sauf raison de maladie dûment constatée, n’assisteraient pas à la distribution ; de fixer les examens de passage après le 20 juillet ; de soumettre en octobre aux examens de passage les élèves qui ne les auraient pas subis en juillet. Enfin, il est indispensable que tous, chefs d’établissement et professeurs, usent de leur ascendant moral et mettent à profit leur expérience pédagogique pour empêcher la désertion des classes. Alors même qu’ils ne réussiraient qu’imparfaitement à retenir les élèves, ils devront s’appliquer à varier les exercices scolaires, à y apporter le maximum d’intérêt. C’est par son exemple personnel que chaque professeur, en restant dans sa chaire jusqu’au dernier jour de l’année scolaire et en se donnant plus que jamais à son enseignement, remédiera à des mœurs nouvelles fâcheuses pour les études.

Si d’autres mesures que celle énoncées plus haut m’étaient proposées pour rendre aux études et à la vie de nos établissements secondaires le ressort qu’elles n’auraient dû perdre, je les examinerais avec un vif intérêt. Je m’adresse à la bonne volonté et à l’intelligence des maîtres, certain de n’y point faire vainement appel et déterminé à tenir le plus grand compte non seulement des résultats obtenus, mais aussi des efforts accomplis.

GUIST’HAU »

Jean-Paul DELAHAYE

*Bulletin administratif du ministère de l’Instruction publique, n° 2020 du 16 mars 1912, p. 344. ↑

Extrait de cafepedagogique.net du27.06.23

 

Marseille : les réactions du SNALC et de l’UNSA aux annonces d’E. Macron

Les annonces d’Emmanuel Macron, en déplacement à Marseille, concernant l’école ont provoqué les réactions immédiates, et très négatives, de l’UNSA-Education et du SNALC. Le syndicat national des lycées et collèges compare les prises de parole du président de la République à un "Stand-up" alors que "l’École, qui connaît actuellement une grave crise, est un sujet sérieux" : "Ce n’est pas en lançant une annonce par jour, non concertée, y compris visiblement avec le ministère de l’Éducation nationale, qu’Emmanuel Macron va améliorer un système scolaire qu’il a largement contribué à dégrader depuis 2017".

L’organisation syndicale dénonce un "gloubi-boulga communicationnel" : "Chaque nouvelle ’bonne idée’ entraîne la création d’une nouvelle usine à gaz par le ministère de l’Éducation nationale, qui transforme les annonces insensées en politiques inapplicables et au mieux inutiles." Le SNALC vise notamment l’annonce relative aux vacances d’été.

La tonalité est à peine différente du côté de l’UNSA-Education, surprise comme son homologue d’une annonce concernant la durée des vacances. La France se place "dans le peloton de queue des pays européens pour le nombre de jours de scolarité" et l’organisation syndicale rappelle que c’est le président qui, "élu en 2017, était revenu sur la réforme des rythmes scolaires visant à allonger la semaine de cours". La question du temps scolaire "ne peut être réglée de manière péremptoire, au détour d’une interview". Pour l’UNSA, "c’est le calendrier scolaire dans son ensemble qu’il faut considérer", ce qui suppose "de repenser les examens de fin du collège et du lycée", de "poursuivre la dynamique des projets éducatifs territoriaux", de repenser "l’organisation des vacances à l’échelle nationale", d’autant "qu’elle n’est pas adaptée aux conditions climatiques".

Et surtout, l’UNSA dénonce "des annonces incohérentes et intempestives qui se multiplient depuis quelques semaines", et ajoute : "on ne discute pas du temps scolaire sur un coin de table !"

Extrait de touteduc.fr du 27.06.23

Pour les aspects sociaux des rythmes scolaires, voir :
la sous-rubrique Rythmes scolaires (Positions de chercheurs et ex-responsables du MEN)
le MC Rythmes scol., OTS. (gr 5)/

On peut aussi croiser les mots-clés :
Rythmes scolaires/OTS et Pauvreté (groupe 5)
Rythmes scolaires/OTS et EDUCATION PRIORITAIRE (groupe 5)

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