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En dépit du "discours de la déploration", la démocratisation scolaire en France a progressé depuis quarante ans (tribune dans le Monde)

30 novembre 2023

« A force de toujours considérer le verre à moitié vide en matière de démocratisation scolaire, on accrédite l’idée qu’elle est un échec »
TRIBUNE
Jean-Yves Mas
Professeur de sciences économiques et sociales en Seine-Saint-Denis

Jean-Yves Mas, professeur de sciences économiques et sociales en Seine-Saint-Denis, prend le contre-pied, dans une tribune au « Monde », du « discours de la déploration », et rappelle les progrès du système scolaire depuis quarante ans.

[...] Les premiers, « républicains » ou « déclinistes », décrivent une école qui aurait renoncé à instruire les élèves et à leur transmettre des savoirs. Pour ces auteurs, les politiques éducatives récentes, inspirées par l’égalitarisme et le pédagogisme, auraient surtout cherché à abaisser le niveau des exigences académiques pour rendre les diplômes scolaires accessibles au plus grand nombre, notamment aux enfants des classes populaires. Pour ces auteurs, seul un retour à l’autorité des maîtres et des savoirs et une école plus exigeante et plus sélective permettraient de rétablir l’égalité des chances et de sauver l’école républicaine.

A l’inverse, pour leurs adversaires, « pédagogues » ou « réformateurs », le système scolaire français est, avant tout, anxiogène, injuste et élitiste. Il aurait principalement pour but la reproduction des inégalités scolaires et la légitimation de la domination des classes supérieures. L’école est alors considérée de façon récurrente comme une « machine » à trier, à exclure, à sélectionner, à fabriquer de l’échec ou de l’impuissance. Dans une tribune récente parue dans L’Humanité, Rodrigo Arenas accuse ainsi le système scolaire de n’être « qu’une formidable machine à broyer les destins pour produire de la distinction ».

[...] Même si, pour de nombreux analystes, l’enseignement se serait davantage « massifié » que réellement « démocratisé », on doit toutefois reconnaître comme un progrès le fait que de plus en plus d’élèves d’origine populaire aient désormais accès à l’enseignement secondaire et supérieur. En effet, à force de considérer qu’en matière de démocratisation scolaire, le verre est toujours à moitié vide, on accrédite l’idée que celle-ci est un échec et que son principe doit être abandonné.

Extrait de lemonde.fr du 28.11.23

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