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L’association « 100 000 entrepreneurs » dans les ZEP de Paris (convention avec le Men)

16 novembre 2007

Extrait du site du ministère de l’Education nationale, le 16.11.07 : Signature de convention de partenariat avec l’association 100 000 entrepreneurs

En présence de Xavier Darcos, ministre de l’Éducation nationale, Maurice Quénet, recteur de Paris, et Philippe Hayat, président de l’association 100 000 entrepreneurs signeront une convention de partenariat, jeudi 15 novembre 2007 de 10 h à 11 h, au Lycée Paul Valéry, 38 boulevard Soult, 75012 Paris.

La signature de cette convention interviendra à l’occasion du témoignage de deux entrepreneurs devant les élèves d’une classe de ce lycée : Pascal Rialland, directeur général de SAP France, et Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur et Président de Priceminister.com.

Ce partenariat consiste à déployer l’action de 100 000 entrepreneurs dans les établissements de l’Académie de Paris, notamment dans les établissements d’éducation prioritaire, afin de sensibiliser les jeunes générations à l’univers professionnel, au monde de l’entreprise, et particulièrement à l’acte d’entreprendre.

Cette convention prolonge la « Charte d’engagement des entreprises au service de l’égalité des chances », mise en place par le ministère de l’Education nationale et signée par 100 000 entrepreneurs le 13 décembre 2006.

100 000 entrepreneurs est une association d’intérêt général, visant à transmettre la culture d’entreprendre aux jeunes par l’organisation des témoignages d’entrepreneurs dans les établissements scolaires, de la 3e à l’enseignement supérieur.

Plus d’information sur le site 100 000 entrepreneurs

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Extrait des « Echos » du 12.11.07 : Dur pour les minorités de créer leur entreprise

Les minorités culturelles ne sont pas seulement victimes de discriminations pour accéder à l’emploi, mais aussi quand elles veulent se mettre à leur compte.

En France, créer une entreprise relève du parcours du combattant. Mais il faut une détermination sans faille pour y parvenir quand on porte un nom exotique, avec une peau un peu plus foncée que la moyenne. « Vous n’allez pas réussir ! » : Arielle Bajt, une jeune chef d’entreprise de trente-cinq ans, évoque en souriant la sentence prononcée par la conseillère de l’agence du CIC de Torcy (Seine-et-Marne), rencontrée pour le lancement de sa première société en 2002. Apportant elle-même une mise de 15.000 euros, la candidate sollicitait un prêt de 20.000 euros, déjà garanti à 100 % par la BDPME et la Sofaris. Oseo, l’agence nationale de la création d’entreprise, avait en outre validé son business plan.

La surprise se lit dans ses yeux

Son nom ne l’indique pas, mais Arielle Bajt est d’origine béninoise. « Le fait d’être étrangère et noire crée des difficultés, relève-t-elle avec un certain art de la litote. Quand je suis entrée dans son bureau, la surprise se lisait dans les yeux de cette dame. Puis elle s’est étonnée de mon niveau d’études bac +4. Ensuite, elle m’a demandé avec insistance si j’avais fait mon business plan moi-même. Elle a conclu l’entretien en me demandant de revenir deux semaines plus tard. »

Déjà habituée à ce type de réactions, Arielle Bajt ne se démonte pas. Elle prend un rendez-vous à l’agence du CIC de la ville voisine de Bussy-Saint-Georges, où elle ouvre un compte sans difficulté. « Le CIC est toujours ma banque et il m’a accompagné pour la création de ma dernière entreprise, Cadolys, une société de chèques-cadeaux à la personne », ajoute-t-elle. C’est la quatrième entreprise de services que fonde cette dynamique manager, son groupe employant une trentaine de salariés.

Prudente, Arielle Bajt a cependant préféré mentionner sur ses cartes de visite « responsable développement et partenariats ». « Quand le dirigeant est une étrangère noire, certaines personnes pensent que l’entreprise ne peut pas être sérieuse », explique-t-elle. Ce choix crée parfois des quiproquos, quand les interlocuteurs découvrent qui occupe le bureau de direction.

Blocage bancaire

Les préjugés raciaux perdurent en effet dans une partie des milieux économiques français. Fondateur à Londres de Vision Enabler, une société de conseil en management spécialiste de la diversité, Hamid Senni le sait d’expérience. A trente-deux ans, ce fils d’un ouvrier immigré marocain en a même fait le sujet d’un livre qui retrace son itinéraire (*). « A Londres, il m’a fallu un après-midi pour créer ma société ; mais à Paris, neuf mois ont été nécessaires pour ouvrir sa filiale », indique-t-il.

Là encore, le blocage provient d’une banque. « Dans l’agence londonienne d’HSBC, l’ouverture du compte a pris 45 minutes. A l’agence de Paris Champs-Elysées, j’ai dû constituer un dossier de 250 pages de références, alors que je demandais un simple compte pour encaisser les virements de mes clients, sans carte bancaire ni autorisation de découvert. Hamid Senni n’inspirait pas confiance. » Les arcanes du dossier échappent à toute partie non concernée. Pour sa part, HSBC a établi un programme de « formation à la diversité en direction des responsables hiérarchiques » de la banque et parraine en France vingt étudiants venus de zones d’éducation prioritaire (ZEP) à Sciences-Po. Après les guichets bancaires, la location d’un local professionnel est une autre épreuve redoutable pour les entrepreneurs des minorités visibles. Arielle Bajt se souvient avoir dû verser un dépôt de garantie de six mois et trois mois de loyer d’avance pour obtenir les clefs de son premier bureau. La discrimination s’avance masquée et ses victimes se manifestent peu. La Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) n’a jusqu’à présent enregistré aucune réclamation liée à la création d’entreprises, alors qu’elle en a reçu un total de 6.500 plaintes depuis le début de 2007.

Beaucoup de jeunes entrepreneurs préfèrent contourner les obstacles en silence. Mais combien d’entre eux, découragés, abandonnent ? « Dans les banlieues, le nombre total de créations d’entreprises peut être estimé entre 15.000 à 20.000 par an, des chiffres faibles par rapport aux populations concernées », constate Gérard Pedraglio, responsable du programme Entreprendre en banlieue. « Le résultat est très clair, c’est le chômage », ajoute cet ancien vice-président exécutif du groupe Publicis.

Programmes pour les banlieues

Programme expérimental lancé par PlaNet Finance France, l’ONG créée par Jacques Attali, Entreprendre en banlieue vise à faire remonter le chiffre des créations. « La clef, c’est l’accompagnement des candidats, souligne Gérard Pedraglio. Nos accompagnateurs sont des entrepreneurs et des professionnels de ces quartiers, parlant le même langage que les jeunes ». Depuis le début de l’année, le programme a permis la création de 63 entreprises, générant 93 emplois dans cinq banlieues (« Les Echos » du 2 novembre). A Vénissieux dans le Rhône, Karim Nasr vient ainsi d’ouvrir en centre-ville la seule poissonnerie de cette ville de 96.000 habitants. « J’avais l’idée de créer un entreprise et j’ai étudié plusieurs projets avec les gens de l’association locale Cré’Actions-Adam », explique le nouveau patron de trente-deux ans. « Jihade Belamri, un chef d’entreprise de Vénissieux, m’a conseillé. Le projet de poissonnerie, avec un espace restauration, s’est révélé le plus porteur. J’ai suivi une formation et l’association m’a aidé à rencontrer les banquiers. »

PlaNet Finance France a aussi créé une société de capital-risque solidaire, FinanCités, qui prévoit de traiter une trentaine de dossiers par an, avec des interventions comprises entre 5.000 à 70.000 euros. Mais, pour être efficace, ce type de programme devrait être multiplié et abondamment financé. Ce n’est pas le cas. « En dehors de la Caisse des Dépôts et Consignations, institution financière de grande qualité, peu d’organismes s’engagent. L’Etat doit donc consacrer une partie des fonds publics pour les banlieues à la création d’entreprise, estime Jacques Attali. En même temps, il faut dégager des fonds nouveaux. Une des pistes consisterait, dans le cadre d’une réforme de l’ISF, à prévoir une défiscalisation des sommes investies dans les fonds de capital investissement dédiés aux banlieues. »
Les pouvoirs publics comme le monde des entreprises peinent à comprendre l’apport économique de la diversité culturelle. Un ancien ouvrier immigré en France l’a pourtant résumé : qu’importe la couleur du chat, pourvu qu’il attrape des souris. La formule est de Deng Xiaoping.
Jean-Philippe Von Gastrow

(*) Hamid Senni : « De la cité à la City », Archipel Editeur.

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