Ce livre contient plus que son titre ne le laisse penser : certes, la genèse et la mise en place des conventions ZEP à Sciences-Po sont présentées, mais il s’agit surtout d’une ouverture à plusieurs voix sur la réalité des ZEP, sur la nature particulière de Sciences-po et son analyse originale de l’évolution du monde.
Le lecteur saura ce qu’est « un » ZEP (p. 215) et que le 11 septembre 2001 est le jour du premier oral d’entrée pour « Les ZEP ». Au-delà de ces anecdotes (il y a beaucoup dans cet ouvrage), c’est une réflexion profonde mais facile à lire sur la situation de l’école en France.
Un livre à lire, donc, et pas seulement par ceux qui s’intéressent aux Conventions ZEP.
Bizarre ce dérapage du "pilote" au "chef" (fasciste, bien entendu).
Je pensais que dans l’Education nationale vous aviez dépassé ce genre d’enfantillages !
Le besoin de chef ? Mais qui en parle ? Vous, monsieur Stéphane et ce n’est pas dans la lettre au ministre.
L’autogestion est parfaite : que chaque ZEP établisse ses programmes, fasse passer ses propres examens et décerne ses propres diplômes : je suis sûre que la droite sarkozienne serait ravie de ça : les inégalités augmenteraient vite.
Une mère de plusieurs élèves en ZEP
je pense qu’il était urgent et absolument nécessaire d’interpeler le ministre sur ces deux questions essentielles restées trop floues ; le flou entraînant, à l’heure des suppressions de postes, de fortes envies des IA de récupérer les postes des coordo ...
sur ce point précis (les coordo) je me demande si les tendances actuelles ne nous poussent pas à réfléchir plus avant à l’évolution de leurs missions :
il semble, et je m’en félicite personnellement, que l’accent soit davantage mis sur le pédagogique dans les ZEP, sur le travail dans la classe, suivant en cela les mises en garde répétées des chercheurs et praticiens qui alertent depuis longtemps sur l’activité trop périphérique des projets ZEP, sur l’extraordinaire du projet, sur les actions vitrine ...mais si l’essentiel se joue dans la classe, dans le cours dans l’acte pédagogique quotidien ...à quoi peut bien servir le coordonnateur ? je le crois pourtant indispensable ce coordonnateur pour travailler à la continuité et à la cohérence de l’action pédagogique dans et hors l’école ...pour apporter sa contribution à l’analyse des difficultés des élèves et à la mise en place au suivi et à l’accompagnement de dispositifs et actions capables de sortir les élèves d el’échec.. mais pour affirmer son rôle, le renforcer n’est-il pas temps pour lui de légitimer son action auprès de ses collègues en validant le CAFIPEMF par exemple et/ou en lui permettant de valider une formation continue, une expertise professionnelle ? Le profil du coordonnateur ses compétences ne doivent-elles pas évoluer ?
je sais pour en connaître beaucoup, qu’une bonne partie d’entre eux ont déjà une formation pédagogique renforcée (validée ou non) ; n’est-il pas temps de poser cette question sur la table des négociations et de permettre aux coordonnateurs de valiser les acquis de l’expérience et de poursuivre et approfondir une formation pédagogique ?
sarah nordest
J’étais l’an dernier coordonnatrice de deux REP et me voici cette année secrétaire d’un comité exécutif à plein temps.
Coté positif, je ferai ressortir que le fait d’être à plein temps sur un seul réseau me permet de faire un travail de bien meilleure qualité. Je peux vraiment prendre le temps de rencontrer les directeurs, mais surtout les collègues devant élèves. connaissant mieux leurs projets, je peux mieux réfléchir à la cohérence de l’ensemble.
Coté négatif, les moyens supplémentaires affectés au EP1 ne me paraissent pas très adaptés, au moins en ce qui concerne les assistants pédagogiques. Leur recrutement, la conception de leurs missions et la réalisation de leurs emplois du temps représentent une charge de travail énorme pour le principal, son adjointe et moi même (puisque notre ien ne s’en préoccupe que de très loin ; Elle sait au moins qu’ils existent, ce qui est une avancée dans notre cas !). De plus cela pose un problème de fond : alors que nous manquons de personnels formés sur des postes spécialisés, alors que tous les directeurs ne sont pas totalement déchargés (s’ils l’étaient tous, surtout en maternelle, cela permettrait des concertations au complet) on nous envoie sur le terrain des gens non qualifiés et sous payés : chez nous, on trouve des contrats d’avenir en appui sur des clis, et les assistants pédagogiques prennent forcément du temps aux enseignants car ils ne peuvent pas improviser leurs interventions. J’ai l’impression qu’on arrive à l’idée qu’en fait n’importe qui peut faire n’importe quoi, et cela amène à mes yeux une dégradation du métier d’enseignant.
une secrétaire rar(e) !
La formule pour demander que l’IEN soit réintroduit dans le comité exécutif est le résultat à la fois du bon sens et de l’expérience.
– Le bon sens car un dispositif interdegrés ne peut exclure, a priori, le responsable de l’un des deux degrés. Il faut que les deux autorités y participent et, selon les ressources locales, selon les possibilités, selon les compétences et les intérêts, que ce soit l’un ou l’autre qui assure la conduite des affaires, dans le cadre d’une équipe où chacun aura sa part.
– L’expérience, c’est celle de 25 années de « trio infernal » ou de « trio génial » comme on le dit en souriant. Le trio est composé du principal, de l’IEN et du coordonnateur. Evidemment, il y a d’autres personnes à considérer, les directeurs d’écoles et les chefs de projets des ZUS, notamment. Mais l’expérience montre que lorsque ce trio fonctionne bien, c’est toute la ZEP qui devient performante.
Aussi, la demande de l’OZP, faite dès décembre 2005, réitérée en avril 2006 et aujourd’hui me semble de bon sens (avis personnel, je ne représente pas l’OZP en disant cela).
Quand à la réalité de la direction, si vous pouvez l’assumer collectivement : bravo ! Ni dieu, ni maître ! Parfait ! Mais là encore, l’expérience montre qu’il est préférable d’instituer des dispositifs avec un responsable identifié. Si celui-ci parvient à dépasser la hiérarchie pour aboutir au travail en équipe, il perdra sa qualité de dieu ou de maître, mais il aura réussi !
Enfin, pour terminer la lecture de cet excellent message, le rapport aux textes me semble, lui aussi, un peu formel : oui, nous sommes dans un état de droit et les textes sont essentiels. Mais j’y apporterai deux correctifs.
– D’une part, les textes sont plus ou moins valables, plus ou moins appliqués. Que vaut une circulaire dans le BO devant un texte législatif au JO ? Rien. Du vent. Texte ne signifie pas puissance, il faut voir quel est le genre du texte. Mais aussi s’il est appliqué : la circulaire du 11 septembre 2003, fort bien rédigée, n’a jamais eu la moindre application. Les CRS (contrats de réussite scolaire) prévus n’ont pas été mis partout en place et surtout les recommandations intelligentes qui s’y trouvaient n’ont jamais été appliquées. Ajoutons que même des lois, faute de décrets d’application ou de diffusion auprès de ceux qui doivent les appliquer, ne sont que du vent. Un exemple : l’article 142 de la Loi de juillet 1998 sur la lutte contre l’exclusion, qui donne une obligation aux équipes éducatives du premier et de second degré, n’a jamais été diffusée à ces équipes et reste inappliquée dans la plupart des écoles, collèges et lycées, faute d’être connue.
– D’autre part, la qualité de ceux qui mettent en œuvre les textes est essentielle. Regardons les ZEP : les textes sont les mêmes pour tous et pourtant une partie apporte une plus-value importante aux résultats attendus (cf. par exemple le rapport Moisan-Simon), d’autres enfoncent encore plus leurs élèves dans l’échec scolaire. Pourquoi ? Diverses raisons l’expliquent mais les textes sont pourtant les mêmes.
Voilà un message intéressant parce qu’il n’est pas le résultat d’une idéologie.
J’interviens pour ajouter un élément dont on ne parle jamais dans les arguments pour ou contre l’évitemment des ZEP pour des élèves culturellement favorisés qui y habitent :
Quand on analyse le fonctionnement des classes en maternelle, en élémentaire et en collège de ZEP, on constate vite que ces élèves culturellement favorisés, ceux qui ont un langage plus développé, des expériences variées et enrichissantes, sont promus automatiquement : ils sont les premiers appuis des professeurs, car ils entraînent la classe.
Il est amusant de voir que les options politiques des maîtres et professeurs n’ont rien à voir avec cet appui : il s’agit de nécessité pédagogique.
Les élèves culturellement favorisés bénéficient donc d’une promotion indéniable.
Cela dit, je m’appuie sur trois exemples, vécus en une vingtaine d’années dans une ZEP difficile et sur divers témoignanges recueillis dans différentes ZEP auprès d’enseignants qui y ont laissé leurs enfants, mais cela ne vaut pas une observation scientifique, ce n’est qu’un témoignange.
Je suis moi-même enseignante en ZEP, ravie de l’être et persuadée que nous pouvons faire beaucoup dans ces milieux difficiles. La difficulté est d’ailleurs quelque chose de très stimulant et gratifiant lorqu’on arrive à la vaincre.
Cependant pour la scolarité de mes enfants , je me suis sentie bien placée pour connaître la réalité de la ZEP avec sa dose d’incivisme voire de violence et les difficultés à tirer les élèves vers le haut. J’ai raisonné en tant que mère de famille et je fais un lourd sacrifice financier pour que mes deux jeunes suivent leur scolarité dans un établissement privé où le climat de travail est garanti . Par ailleurs , je pense que pour un jeune élève qui rentre en sixième et qui réussit brillament, il faut une personnalité très forte pour assumer cette réussite face à un groupe de camarades pour lesquels les valeurs sont la rue et le rejet de l’école.
Bien sûr , je rencontre tous les jours des personnes qui me citent des contre-exemples par rapport au choix que j’ai fait mais j’ai également des témoignages de famille qui ont du développer des protections importantes pour épargner la violence à leurs enfants.
Il n’y a pas besoin d’être "déprimé" comme disent certains pour vouloir donner à mes enfants des conditions de scolarité aussi sereines que celles que j’ai eu la chance d’avoir , il y a 30 ans dans un collège et lycée public. Nadia C.
La place des écoles se réduirait-elle à la réintroduction d’un IEN ?
Faut-il rappeler que le comité exécutif est constitué - d’après les textes - du principal du collège, de son adjoint, des directeurs des écoles élémentaires et maternelles du RAR et du coordonnateur devenu secrétaire ?
Ça fait quoi comme "rapport de force" (s’il y en a besoin) premier degré/second degré ?
(pour le RAR dans lequel je suis, 2 représentants du collège, 6 des écoles primaires plus moi qui suis enseignant en CE1 à mi-temps).
Ah ! On a besoin de VRAI chef, étiqueté comme tel ?
Très étrange aussi la formule pour demander la réintroduction de l’IEN "avec la possibilité d’en assumer la direction" !!!
Wouahou...... les textes du BO n°14 sur la relance de l’Education Prioritaire.... donne le "pouvoir" au Comité Exécutif (sans préciser s’il y a un, deux ou trois "chefs" ce qui permet que la "direction" soit "collective" ou pour prendre des termes qui fassent moins peurs que les décisions soient prises avec l’accord au minimum de la majorité - puisque personne n’a la fonction de "responsable" du RAR)
Pour l’OZP, "la direction" doit être remise dans les mains d’un chef, un vrai ! (Sinon c’est le Chaos ?)
Ah ! la soumission à l’autorité a encore de beaux jours devant elle.....
(Milgram, Stanley Milgram.... on a besoin d’obéir, d’obéir, d’obéir.... sinon on est tout désorienté)
Et on veut former des citoyens responsables ?
Stéphane Tabourin
instituteur et coordonnateur ZEP/Secrétaire de CE de RAR
Par ailleurs, je n’ai rien contre le fait que l’IEN fasse partie du Comité Exécutif...
Dans notre RAR , nous avons fait "entrer" au Comité Exécutif l’IEN, une conseillère pédagogique et la directrice de la SEGPA..... mais on sait tous... que ce qui fait loi .... ce sont les textes et rien que les textes..., non ?
merci pour cette lettre : ce sont bien les 2 questions urgentes.
mais qu’en est-il de "l’étape n°2", c’est à dire la réforme des EP2 et le choix des EP3 ? ça devait commencer à la rentrée scolaire, si j’ai bien lu, et on ne voit rien venir : voilà le sujet d’une future lettre.
FC
MERCI, merci d’avoir si rapidement et si directement relayé deux préoccupations majeures. Merci, très sincèrement.
Dans l’académie de Montpellier je ne pense pas qu’il y ait réduction du nombre de coordos ni diminution de leur temps de travail pour la ZEP
La chasse aux postes déchargés décriptée par le "café pédagogique" de ce jour et les circulaires sur les CUCS mises en lumière par le site OZP confirment la tendance : retour des enseignants face aux élèves, les employés territoriaux se chargeront du lien. Sauf que d’un fonctionnaire public on passe à un fonctionnaire dépendant du politique. Et on voit bien avec le sors réservé à Roland Goigoux ce que cela induit !
Autre signe alarmant : Dans notre académie, le projet RAR ne sera signé que entre l’IA et le principal du collège. L’engagement du premier degré disparait complètement par rapport au contrat de réussite. La notion de territoire, de réseau, avec son nécessaire coordonnateur s’éloigne à nouveau (rapellons nous que le premier texte en janvier 2006 parlait de "collège" ambition réussite).
Au quotidien, ce qui change vraiment pour moi, c’est l’obligation de faire des compte rendus écrits de chaque réunion, et ça, je ne sais pas faire : animer et prendre des notes correctes en même temps !
Mais c’est pas vraiment grave. Ce qui est plus grave, c’est quand l’IA téléphone personnellement à la coordinatrice du PRE pour s’inquièter du fait que ce soit moi qui lui porte directement des conventions impliquant les enseignants : ce n’est plus mon travail de transmettre à notre hierarchie...
Par contre, si j’adhère au dispositif coup de pouce aux devoirs du soir pour les enfants "repérés", je n’aurais pas le droit aux vacations PRE comme mes collègues, car moi, c’est mon boulot. D’ailleurs, il serait bon que je réflechisse comment tout assumer, celà serait économique pour le PRE et bon pour l’image de l’Education Nationale dans le PRE !!! ...
A qui faut il s’adresser pour faire étudier ses droits à la retraite ?
Entièrement d’accord ! On ne rend pas le mal pour le mal !
J’était coordonnateur.... je suis secrétaire (.....général ?)
C’est qui ton chef ?
Il n’y a plus un (le chef d’établissement du collège) ou deux responsables (le chef d’établissement et l’inspecteur de la circonscription) comme c’était le cas dans ma ZEP, mais un comité exécutif dans lequel les directeurs d’école sont entrés.... et ça fait une sacré différence ! (lisez bien le BO ! après à chacun d’investir son nouveau champ d’action....en ramenant chacun à sa juste place)
Je continue à être garant de la circulation de l’information sur la ZEP (heu, dans le Réseau).
Je suis au service d’un dispositif qui n’est plus dans les mains de deux responsables/chefs mais bien d’un collectif de travail qui est constitué de l’ensemble des établissements scolaires.
J’approuve la nouvelle orientation ... plus de pédagogique. Mais dans le même temps j’ai peur d’une relégation des partenaires associatifs - réels acteurs de terrain - au bénéfice de partenariats-bidons : quand on appelle "excellence" un "grand" nom qui en jette - vous savez les "grandes" écoles - ... mais, pour l’instant, ça n’épate que les médias et les couloirs de notre administration (je me régale à l’avance du moment où je - ou un autre - leur demanderai ce qu’elles pensent avoir apporté, par leur travail, aux élèves du RAR !).
Continuons à travailler le mieux possible.
Et restons vigilants et (im)pertinents pour rechercher le mieux pour plus de réussite - réelle - pour les élèves.
Stéphane Tabourin
ex instituteur et coordonnateur ZEP,
aujourd’hui instituteur et secrétaire (barbu) de comité exécutif de RAR.
j’étais coordonnatrice, je suis secrétaire
Hier mon IEN avait une coordonnatrice pour les relations interdegrés et tous les partenariats, aujourd’hui un chef d’"entreprise-établissement" a une secrétaire de plus. Cela fait bien dans le tableau. Il est plus puissant. On me trouvera bien un petit coin de bureau. Pas encore trouvé en 2 semaines mais il faut garder espoir. Finie la coordination (c’est mon chef) ni les partenariats (c’est mon chef). Il m’a dit que j’étais secrétaire du RAR et que ces questions étaient hautement politiques. C’est vrai qu’avant ça tournait dans la bonne humeur et que ça c’est suspect pour la politique. J’espère qu’il y a une décoration avec (mais aussi une chaise).
Si j’avais su que la réforme des ZEP amenait les coordos à devenir des secrétaires j’aurais repris mon CM1
Le métier de secrétaire est utile, c’est un beau métier et mes collègues secrétaires qui aiment leur métier sont gentilles. Ne voyez pas d’attaques contre les secrétaires mais je n’avais pas choisi de faire ce travail.