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Cette année, je suis dans une classe de cycle 3, au sein d’une école classée en REP +, dont le projet mêle étroitement pratiques Freinet et pédagogie institutionnelle.
Les élèves y font fonctionner conseils, messages clairs et médiation. Textes libres, projets et recherches personnelles, ateliers bricolage, plans de travail individuels, dictées coopératives… ponctuent le quotidien didactique de nos écoliers. Les six classes de l’école sont des classes de cycle, ce qui signifie que les élèves grandissent dans la même classe pendant plusieurs années. Nous évoluons avec nos élèves au sein d’un quartier à la périphérie de la ville, où tout est à l’abandon, ghettoïsé. Nous voulons offrir à nos élèves la possibilité de se construire, au sein d’une structure stable, sécurisante, bienveillante, ouverte sur le monde, la vie, la construction d’un humanisme social.
Depuis la rentrée, le climat de la classe est difficile : alors que les élèves des autres classes vivent de façon pleine et entière le projet de notre école, la classe dans laquelle je me trouve a déjà vu passer quatre enseignants différents… Lois du mouvement mal réglées… Difficile pour ces enfants, souvent désaxés dans leurs vies de petits êtres. J’arrive ici avec le projet d’y rester, après une rencontre forte avec l’équipe. C’est un choix social. Envie chevillée au corps de construire de petites et grandes choses, avec et pour ces enfants.
Mais, pour le moment, la réalité quotidienne de certains enfants de la classe est ailleurs. En ce mois de septembre, c’est le désarroi : refus de travail, stratégies d’évitement, provocations sont légion au sein du groupe des CM. Testent-ils ? Quoi d’ailleurs ? Pas la maitresse, non, autre chose : la fiabilité du cadre offert, peut-être… La violence est latente, traduisant les chaos intérieurs des uns et des autres… [...]
[...] Ce « moment-champagne » réside dans cette prise en main du groupe, cette prise de conscience que tout à coup on ne pouvait plus travailler et qu’il fallait trouver des solutions. Ces solutions, les enfants les connaissaient très bien, pour les avoir travaillées en amont dans l’école, à travers l’étude et la pratique des lois de l’école et de la classe.
Au milieu de l’effroi, le groupe a su s’emparer de ce travail, pour devenir médiateur et pouvoir commencer à construire son identité, son chemin au sein de l’école.
Là, maintenant, S. est dans une posture positive ; les rechutes sont peuplées de « je dois me contrôler ».
Le déclic chez cet enfant-élève ? S. semble s’être rendu compte qu’il ne s’agissait pas simplement d’un conflit entre lui et l’école au sens institutionnel du terme. Son conflit intérieur risquait d’entamer la relation entre lui et son propre groupe classe, fondatrice d’une identité.
Magali J.
La classe plaisir
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Extrait de cafepedagogique.net du 14.10.15 : La classe plaisir : Quelques bulles de champagne au milieu d’un moment catastrophe