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Le confinement pourrait permettre « le sursaut dont l’éducation a besoin en France et ailleurs » (Roger-François Gauthier dans le Monde)

1er avril 2020

[Continuité pédagogique]

Le confinement pourrait permettre « le sursaut dont l’éducation a besoin en France et ailleurs »
TRIBUNE
Roger-François Gauthier
Expert international en éducation, ancien inspecteur général

Alors que des Cassandre estiment que le confinement des élèves dans les familles « préfigure une privatisation définitive de l’éducation et un éclatement de l’école », l’expert international en éducation et ancien inspecteur général Roger-François Gauthier estime que l’école pourrait aussi sortir renforcée de cette crise

Tribune. Ces graves temps d’épidémie et de confinement ont été, dans la plupart des pays, marqués par la décision de fermer les écoles. Bien sûr, chaque système scolaire national a proposé des solutions compensatrices, à partir de diverses modalités d’enseignement à distance.

Et déjà des commentateurs ont cru possible de dire que rien ne serait plus comme avant. Que ce confinement des élèves dans les familles préfigurait une privatisation définitive de l’éducation et un éclatement de l’école face à la multiplication des acteurs qui interviennent dans l’enseignement à distance, selon les stratégies et les moyens des familles, qu’il s’agisse des parents eux-mêmes, d’entreprises ou d’associations ! Les mêmes prédisent qu’à la sortie du confinement la scolarité sera devenue une « offre » face à laquelle les familles feront des choix, l’Etat n’ayant guère plus qu’à se soucier du sort des plus défavorisés.

Je ne sais si les propos des Cassandre sont autoréalisateurs, mais je crois qu’il n’y a pas de certitude sur la façon dont le corps social et l’école vivent la présente situation et vivront la sortie de l’éducation confinée. Et que d’autres espoirs sont possibles, dont le caractère autoréalisateur, qui s’appelle l’action politique, peut n’être pas moins décisif. Que sortira-t-il donc de l’école confinée ? Nul ne peut le dire.

Un salut « public » ?
On a tout de même assisté ces derniers jours à une évolution, à déguster sans modération, des discours des actuels dirigeants, qui ne voient soudain le salut collectif que dans l’action de l’Etat, la qualité des équipements publics et l’extraordinaire dévouement du personnel soignant. A l’issue de la crise sanitaire, on peut penser que l’hôpital public se verra moins chichement attribuer les fonds qui lui étaient refusés depuis deux ans, pour résoudre notamment la question des urgences…

Mais ne peut-on, aussi, se demander si, dans le domaine de l’éducation, la rigueur des temps ne pourrait pas avoir des conséquences autres que celles d’avoir convaincu les parents et les élèves du caractère inévitable de la privatisation de l’éducation ? Qui dit que l’école et la classe comme lieux de socialisation et d’apprentissage collectif ne vont pas tellement manquer aux uns et aux autres qu’on en verra davantage ensuite le caractère indispensable et formateur ? Qui dit que les élèves ne percevront pas plus clairement, après l’expérience du confinement, que leurs apprentissages individuels ne se construisent vraiment que confrontés aux apprentissages des autres ?

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https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/31/le-confinement-pourrait-permettre-le-sursaut-dont-l-education-a-besoin-en-france-et-ailleurs_6034988_3224.html

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