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" L’Ecole est un lieu de construction du commun " Philippe Meirieu - Pour l’éducation, par l’art
[...] En quoi la construction de ce collectif vous apparaît-elle si importante précisément aujourd’hui ?
Parce que nous vivions sur un implicite idéologique que la crise sanitaire a, tout à la fois, mis à jour et renversé : le fait qu’un collectif ne serait qu’un ensemble d’individus juxtaposés. Je sais bien que nul ne disait explicitement cela, mais tout se passait comme si nous validions cela en permanence : les stratégies individuelles, en matière scolaire, comme en matière de santé ou de culture étaient considérées comme porteuses de progrès pour tous. C’était l’idéologie des « premiers de cordée », des « gagnants » et des « start-up », l’exaltation de la sélection par l’entreprenariat et le mérite individuels. Au bout du compte, la notion de « bien commun » (au singulier et au pluriel) n’était plus, dans la société, qu’un cachesexe…
Tandis que celle de coopération ne parvenait pas à s’imposer dans les pratiques pédagogiques ordinaires.
[...] Méfions-nous donc plus que jamais de ce qui ferait perdre tout son sens à
l’Ecole : la séparation entre des « fondamentaux » que les enseignants seraient chargés de transmettre au forceps et la culture, littéraire et scientifique, artistique ou
physique, qui serait externalisée et tributaire des initiatives locales.