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Parcoursup : - un avis très critique de la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme (ToutEduc) - une tribune de Romain Delès (univ. Bordeaux) dans Libération - un article du Monde

8 juin 2021

Additif du 09.06.21

Le sous-financement chronique des universités doit cesser, selon la CNCDH
La Commission nationale consultative des droits de l’homme juge sévèrement une politique qui creuse, selon elle, les inégalités sociales dans l’enseignement supérieur.

[...] Parcoursup, « une violence symbolique »
Pour y remédier, elle recommande au ministère de l’éducation nationale de renforcer les systèmes d’orientation publics, notamment à l’adresse des élèves de milieux sociaux défavorisés, mais aussi les systèmes d’accompagnement comme le tutorat et le mentorat. Côté enseignement supérieur, les capacités d’accueil dans les filières sous tension doivent augmenter, accompagnées des moyens humains et financiers adaptés, tout en tenant compte des possibilités de débouchés offerts.

Sur la plate-forme d’affectation dans le supérieur Parcoursup, la CNCDH recommande une anonymisation du lycée d’origine qui, selon les calculs de la Cour des comptes, serait un critère de classement des élèves utilisé par 20 % d’établissements. Elle rappelle l’importance de publier, en amont de la procédure de sélection, les critères de classement appliqués par les établissements pour l’année en cours.

« Du fait de leur opacité, décrit la CNCDH, les procédures d’affectation dans le processus d’utilisation de Parcoursup sont anxiogènes et sont perçues comme arbitraires. » L’attente d’une réponse, longue de plusieurs mois parfois, « constitue une violence symbolique pour ces élèves, qui peuvent être incités à s’orienter vers des formations hors Parcoursup, souvent privées et non reconnues par l’Etat, poursuit l’avis. Dans d’autres cas, ils sont tentés de se tourner vers des formations peu attractives éloignées de leur projet initial. »

Pour corriger ces défauts, la CNCDH recommande de « s’inspirer de la voie médiane empruntée en Allemagne à travers la procédure DoSV dans le cadre de laquelle la hiérarchisation des vœux par les candidats s’opère dans un second temps, après que les candidats ont reçu des propositions d’admission par les formations ».

Extrait de lemonde.fr du 09.06.21

 

Parcoursup : la critique, très sévère, de la CNCDH
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"Du fait de leur opacité, les procédures d’affectation dans le processus d’utilisation de ParcourSup sont anxiogènes et sont perçues comme arbitraires" et la CNCDH recommande de "publier les critères de classement appliqués par les établissements (d’enseignement supérieur)". L’avis de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, "pour un enseignement supérieur respectueux des droits fondamentaux : se doter des moyens de cette ambition", adopté à l’unanimité de ses membres est publié, ce 6 juin au Journal officiel. Il porte notamment sur le fonctionnement de Parcoursup dans un contexte marqué par "un processus de paupérisation" de certaines branches de l’enseignement supérieur.

La Commission déplore notamment "que le manque de moyens accordés aux établissements (d’enseignement secondaire) en matière d’orientation conduise à une privatisation croissante de l’accès à l’information, source d’inégalités. En effet, les lycéens sont inégalement armés pour faire face à la masse de documentation mise à disposition par une grande diversité d’acteurs (associatifs, étatiques, privés…) et sur de nombreux supports (sites en lignes, salons, documents imprimés…)." De plus, l’accompagnement personnalisé dont ils bénéficient est "très inégal selon les établissements".

Pour la CNCDH, il faut "assurer une véritable formation à destination des personnes chargées de conseiller les jeunes pour leur orientation". Il est de plus "nécessaire de mettre en place des structures dédiées au sein des lycées" et de "développer des dispositifs de tutorat et de mentorat".

Le dispositif Parcoursup use de critères de sélection "potentiellement discriminants et opaques" puisque "le lycée d’origine joue un rôle crucial dans le processus de priorisation des candidats". La CNCDH critique également la durée du processus. Si "certains candidats sont admis d’emblée", d’autres doivent patienter plusieurs mois avant de recevoir une proposition. Cela constitue une violence symbolique pour ces élèves en attente, qui peuvent être incités à s’orienter vers des formations hors ParcourSup, souvent privées et non reconnues par l’Etat", ou "vers des formations peu attractives éloignées de leur projet initial". La Commission "préconise de rétablir la hiérarchisation des vœux", ou de "s’inspirer de la voie médiane empruntée en Allemagne" où les candidats hiérarchisent leurs voeux "dans un second temps".

Quoi qu’il en soit, "les déficiences du système d’orientation au sortir du baccalauréat prolongent celles qui existent dans le courant des études secondaires" et la CNCDH considère "que les inégalités sont renforcées par une affectation reposant exclusivement sur le contrôle continu au détriment des résultats du baccalauréat".

De plus, si "la reconnaissance formelle d’un droit d’accès à l’enseignement supérieur ne se réalise pas de façon effective", c’est aussi que "les capacités d’accueil sont limitées" et la CNCDH "recommande une augmentation des capacités d’accueil dans les filières sous tension".

Au total, la CNCDH recommande de "renforcer les systèmes d’orientation publics", de "généraliser et renforcer les systèmes d’accompagnement comme le tutorat et le mentorat", "une anonymisation du lycée d’origine dans ParcourSup", de tenir compte "des résultats du baccalauréat" pour "l’affectation dans les établissements d’enseignement supérieur par le biais de ParcourSup", de "publier, en amont de la procédure de sélection, les critères de classement appliqués par les établissements (d’enseignement supérieur) pour l’année en cours".

Elle recommande également "une augmentation des capacités d’accueil dans les filières sous tension" et "de renforcer l’accompagnement des étudiants en situation de handicap". Elle "encourage la mise en place d’une plateforme en accès libre, indépendante des GAFAM", elle "alerte sur l’impérieuse nécessité de renforcer les services de santé, notamment mentale, au sein des établissements de l’enseignement supérieur", elle "exprime le besoin d’un plan de recherche portant sur l’usage du numérique dans l’enseignement supérieur" tandis que les établissements doivent "veiller à mettre en place des formations sur les nouveaux outils numériques à destination des enseignants et des personnels administratifs". Elle "recommande de ne pas imposer le recours au numérique et de laisser aux enseignants la liberté d’en user au service de leurs stratégies pédagogiques". Elle évoque encore "l’adoption systématique d’une charte de propriété intellectuelle au sein des établissements de l’enseignement supérieur" et elle "alerte sur les effets des financements sur appels à projets qui précarisent les chercheurs et restreignent l’innovation et la liberté de la recherche".

A noter que la CNCDH alertait l’année dernière "sur l’urgence de garantir l’égalité des chances et le droit à l’éducation pour tous" dans le contexte épidémique (ici).

Extrait de touteduc.fr du 06.06.21

 

Avis "Pour un enseignement supérieur respectueux des droits fondamentaux : se doter des moyens de cette ambition"
La CNCDH formule une dizaine de recommandations pour que la France se dote d’un enseignement supérieur respectueux des droits fondamentaux.
Dans cet avis, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) montre que le manque généralisé de moyens accordés à l’enseignement supérieur remet en question le respect des droits fondamentaux. Il se manifeste par des inégalités d’accès à l’information, des traitements différenciés et par un manque de transparence en matière d’orientation. Il entrave également l’accueil et l’accompagnement des étudiants et limite de façon croissante la liberté académique.

Parmi les 14 recommandations qu’elle formule, la CNCDH invite à renforcer les systèmes d’orientation publics, notamment à l’adresse des élèves de milieux sociaux défavorisés, et s’interroge sur les conséquences de la non-anonymisation du lycée d’origine dans ParcourSup. Elle recommande également une vigilance accrue concernant le mode de financement par appel à projet qui s’est généralisé dans les dernières années.

Extrait de cncdh.fr du 25.11.05

Télécharger l’avis (26 p.)

 

Romain Delès : « Parcoursup crée une égalité formelle qui fait oublier des inégalités plus fondamentales »

Sélection Parcoursup : la crise de choix
Derrière la plateforme opaque, qui doit rendre ses premiers résultats ce jeudi, formations et enseignants bricolent leurs propres critères, parfois chamboulés par ceux de l’algorithme, après une année scolaire compliquée par la pandémie.

Pour le sociologue de l’éducation, la plateforme a entériné le principe du mérite scolaire, qui règne de façon hégémonique en France, allant jusqu’à occasionner une perte de sens pour les élèves.

Trois ans après sa mise en place, Parcoursup continue de susciter des critiques. Romain Delès, maître de conférences en sociologie à l’université de Bordeaux, a mené, avec son collègue Nicolas Charles, une étude comparative de différents modèles d’entrée dans l’enseignement supérieur en Europe. Il revient sur la spécificité du cas français

Extrait de liberation.fr du 26.05.21

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