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Le brevet, un examen dur aux plus faibles et inutile ? (Le Café)

30 juin 2022

Brevet : Le diplôme encore plus flou...
Toute une génération a rendez vous aujourd’hui pour passer le brevet. C’est la principale particularité de cet examen de réunir toute une génération. Il y en a une autre. Le brevet est l’examen le plus flou, celui pour lequel le ministère n’a pas su choisir entre contrôle continu et épreuves finales. Et cette année, pour ajouter à ce flou, les élèves passent une épreuve pour laquelle ils n’ont pas tous eu cours...

L’examen qui ne satisfait personne

Le brevet récompense t-il une année de travail ou la réussite à des épreuves finales ? Le mode de calcul particulièrement compliqué de cet examen donne à penser que le brevet se joue surtout avant les épreuves finales. Mais que les épreuves finales comptent quand même ! Le ministère n’a pas choisi entre l’évaluation du socle commun de compétences et un examen final. Il a brassé les deux. Ce qui donne naissance à un monstre.

Jugez-en. Pour obtenir le brevet il faut recueillir 400 points sur 800. Or 400 points sont donnés en conseil de classe en fonction de la maitrise du socle commun de compétences dans 8 domaines. Une très bonne maitrise donne 400 points. Une maitrise satisfaisante en donne déjà 320. Chaque collège a sa politique dans l’attribution des points, certains étant plus généreux que d’autres. Mais pour la majorité des candidats le brevet est acquis ou quasi acquis avant même de passer les épreuves finales. Qu’ils doivent quand même passer...

Les 400 autres points se gagnent lors d’épreuves finales. Il y a 100 points qui sont accordés lors d’une épreuve orale qui a déjà eu lieu et qui est passée individuellement ou en groupe dans son collège. Le 30 juin et le 1er juillet les élèves composent pour 300 points. Le 30 juin ils passent les épreuves de français (100 points) et maths (100 points). Le 1er juillet ce sont histoire-géo et sciences chaque épreuve pour 50 points. Cette année SVT et technologie ont été sélectionnés pour l’épreuve de sciences du brevet général (770 863 candidats) et physique chimie et SVT pour le brevet professionnel (85 309 candidats, une proportion en augmentation cette année).

En 2022 une épreuve à risque

La plupart des candidats vont passer le brevet général avec en sciences une épreuve de SVT et de technologie. D’habitude SVT et physique chimie tombaient régulièrement à cette épreuve. Cette année, le choix de la technologie pose problème. Comme le remarque le Snes Fsu, la crise du recrutement a commencé depuis plusieurs années avec la suppression du capet de technologie. Résultat : de nombreux élèves n’ont pas eu de cours faite de professeur. Or rien n’a été prévu pour ces élèves. "En l’absence de dispositions, le risque de nombreux bricolages locaux dans les jurys est grand", note le Snes. Avec plusieurs associations d’enseignants (AEET, AEAT, Pagestec), il demande le rétablissement du capet de technologie et aussi une refonte des programmes.

Un choix non fait entre socle et examen final

Le premier problème du brevet c’est cette complexité. Le diplôme a été réformé en 2017 pour revenir sur la situation absurde crée par la réforme précédente. Avant 2017 le ministère avait privilégié la validation du socle, une procédure qui a eu peu de succès auprès des enseignants. La plupart des élèves avaient assez de points pour avoir le brevet avant les épreuves finales. A ces épreuves finales, les notes obtenues sont toujours nettement inférieures à l’évaluation du socle. Et finalement n’étaient sanctionnés par l’examen que les plus faibles des candidats !

En octobre 2017 le nouveau ministre veut renforcer l’examen final. Mais il n’ose pas revenir sur le socle. Le balancier repart dans l’autre sens. JM Blanquer prolonge la vie du monstre à deux têtes dans une formule où il y a validation du socle plus examen classique renforcé. Et pour marquer le coup il donne un poids plus lourd à certaines disciplines au prix d’un léger recul du taux de réussite.

Une énième réforme enterrée

D’où l’annonce en juin 2020 d’une nouvelle réforme du brevet prévue pour 2021. Cette réforme aurait du prendre en compte "les enjeux civiques" et "l’engagement" des élèves. Mais en 2020, du fait du confinement, le brevet est accordé selon une procédure dérogatoire. En 2021, le ministre maintient l’examen coûte que coûte bien que les candidats aient été préparés différemment selon les établissements, certains ayant connu la demi jauge une partie de l’année. Le taux de réussite bondit en 2020 avec 90% de réussite et se maintient à un niveau élevé en 2021 avec 88% de reçus.

Un diplôme dur aux faibles

Mais même ce taux extraordinaire n’a pas supprimé les défauts de cet examen. D’abord l’écart important entre la série générale et professionnelle. En 2020 on comptait 91% de réussite dans la première et 82% dans la seconde. Le brevet est très marqué par les inégalités sociales. Le taux de réussite des enfants issus d’un milieu très favorisé est de 97%, celui des défavorisés de 79%. Le Cnesco a pu établir précisément ce lien selon les territoires.

En fait le brevet est dur aux plus faibles et facile aux forts. Les plus faibles , ceux qui ont eu une mauvaise évaluation de leur année, ne peuvent compter que sur les épreuves finales pour obtenir le diplôme. Or c’est là qu’on tombe sur la dernière singularité de cet examen. C’est que les épreuves finales sont évaluées beaucoup plus sévèrement que le socle (voir par exemple la Note Depp de mars 2016).

Et inutile ?

Finalement, entre socle et épreuves finales, on ne sait pas exactement ce qu’évalue le brevet. Et on ne peut que souligner l’écart entre la complexité de ce diplôme et son utilité sociale. Faute d’avoir tranché entre examen final et validation du socle, le brevet demande les deux dans une relation très complexe. Il nécessite des semaines de préparations et mobilise beaucoup d’enseignants. Il obère une bonne partie du mois de juin. Et tout ça pour quoi ? Pour un examen qui n’a pas d’utilité par rapport à l’orientation, décidée sur la seule vue du socle. Et qui n’en a pas non plus pour la société où il ne jouit d’aucune reconnaissance. A quoi bon cet acharnement ?

François Jarraud

Etude Cnesco

Extrait de cafepedagogique.net du 30.06.22

 

Faut-il en finir avec le brevet des collèges ?
débat
Audrey Chanonat
Principale de collège, secrétaire nationale du syndicat SNPDEN
Jean-Rémi Girard
Président du Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur (SNALC)

Les jeudi 30 juin et vendredi 1er juillet, les élèves de troisième passent les épreuves écrites du brevet national des collèges, un diplôme qui ne compte pas pour l’orientation vers le lycée. Beaucoup de chefs d’établissement proposent de l’alléger, voire de le supprimer. Car l’organisation de l’examen entraîne un raccourcissement de l’année scolaire pour l’ensemble des collégiens.

► « On gagnerait à supprimer les épreuves écrites »
Audrey Chanonat, principale de collège, secrétaire nationale du syndicat SNPDEN

« Je n’irai pas jusqu’à supprimer le brevet. Mais presque : on gagnerait à abandonner toutes les épreuves écrites : le français, les maths, l’histoire-géo-enseignement moral et civique, de même que les sciences.

De fait, ces examens n’apportent strictement rien en termes d’évaluation. Le brevet est ainsi attribué pour moitié sur la base du contrôle final, pour moitié en s’appuyant sur le contrôle continu du cycle 5e-4e-3e. Ce suivi triennal me semble à la fois pertinent et

Extrait de lacroix.com du 30.06.22

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