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Dans une lettre aux enseignants, Emmanuel Macron annonce un chantier de refondation de l’école. Les réactions

17 septembre 2022

Additif du 19.09.22

Macron : Une lettre qui nourrit la méfiance
" Le ministre entamera prochainement les concertations avec les organisations syndicales afin de poursuivre la revalorisation générale de la rémunération des enseignants initiée il y a deux ans... Le salaire des enseignants aura ainsi augmenté d’environ 10%". S’exprimant en lieu et place d’un ministre marginalisé, Emmanuel Macron, dans une lettre envoyée aux enseignants le 16 septembre, ne fait qu’amplifier le doute et la méfiance. La revalorisation de10% promise pendant la campagne est redéfinie et semble comprendre toutes les mesures prises depuis 2 ans. Le président de la République est beaucoup plus clair quand il évoque la déréglementation qu’il veut installer dans les établissements. Bien loin de calmer la mauvaise impression laisse par ses interventions devant les recteurs ou aux Sables d’Olonne, les propos présidentiels sèment le doute et la révolte. Les syndicats les accueillent négativement.

La revalorisation à nouveau mise en doute

" Le ministre entamera prochainement les concertations avec les organisations syndicales afin de poursuivre la revalorisation générale de la rémunération des enseignants initiée il y a deux ans... Le salaire des enseignants aura ainsi augmenté d’environ 10% et aucun professeur ne débutera sa carrière à moins de 2 000 euros nets à compter de la rentrée 2023. À cette revalorisation générale et inconditionnelle sont susceptibles de s’ajouter des augmentations plus importantes encore dans le cadre du pacte que nous vous proposons. Tous les enseignants qui le souhaitent pourront en effet s’engager dans des missions supplémentaires, par exemple du remplacement, du suivi individualisé, de l’accompagnement à l’orientation ou à l’insertion professionnelle ou des tâches de coordination. Ce travail, que beaucoup d’entre vous accomplissent déjà, sera désormais reconnu et rémunéré. L’augmentation du salaire des enseignants qui accepteront ce pacte pourra ainsi aller jusqu’à 20%".

Durant la campagne électorale, le principe d’une revalorisation de 10% pour tous les enseignants semblait acquis. Le 12 septembre, Pap Ndiaye explique que celle-ci ne concernera que les débuts de carrière, laissant entendre qu’il pourrait s’agir que des 10 premières années. Le 16 septembre, E Macron présente cette revalorisation comme la continuité des mesures Blanquer, celles ci étant comprises dans les 10%. Ce que retiennent les enseignants c’est que de discours en discours, la promesse présidentielle s’effiloche et perd sa trame. Venant après toutes les promesses renouvelées depuis 2010 (déjà la promesse des 2000€ !), généreusement distribuées encore pendant le 1er quinquennat d’E Macron, les propos d’Emmanuel Macron ne font que renforcer la méfiance et la colère.

Ainsi Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa, un syndicat qui se présente comme "réformiste" exprime une grosse fatigue : "S’il (le président) veut se donner les moyens d’une réconciliation, c’est raté. S’il veut encadrer voire enfermer les discussions à venir sur les rémunération, c’est très regrettable". "En vrai le paragraphe sur la revalorisation des enseignants (et seulement eux ?) remet une pièce dans la machine de la confusion", explique Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes Fsu. "Le président Macron nous annonce qu’on aurait déjà été revalorisés d’environ 10%", dit Guislaine Davide, co secrétaire générale du Snuipp Fsu. "Perso, j’ai perçu 12€ par mois de prime informatique. Pourle Snuipp Fsu c’est 300€ nets par mois tout de suite". "Tel que c’est écrit je comprends que le calcul est fait en faisant la somme de ces deux premières tranches (2020-2021 et 2021-2022), qui ont été faibles ou nulles pour la plupart des collègues, en ajoutant la tranche à venir et en bidouillant une moyenne. On est très loin de ce que tout le monde avait compris à savoir 10% de plus pour tous les enseignants à la rentrée 2023", écrit Jean-Rémi Girard, président du Snalc.

Concrètement, en une semaine, les enseignants ont vu exploser en vol les promesses présidentielles. Les déclarations de l’exécutif ont réduit la revalorisation dans son étendue en la réservant à une minorité des enseignants (jusqu’à 10 ans d’ancienneté) puis dans son montant , en annonçant un calcul reprenant les mesures du 1er quinquennat. Après ces propos quelle crédibilité peut encore avoir Emmanuel Macron dans la profession ? Quant à son ministre de l’Education nationale, le président de la République ne cesse de montrer qu’il faut en faire peu de cas. Aux Sables d’Olonne, le ministre est resté totalement muet. Le président préfère s’adresser directement aux enseignants, qui constitutionnellement ne relèvent pas de ses fonctions, plutôt que laisser agir son ministre.

La déréglementation en marche

Comment alors croire ce qui relève du nouveau pacte ? E Macron annonce qu’il va rémunérer "(le) remplacement, (le) suivi individualisé, l’accompagnement à l’orientation ou à l’insertion professionnelle ou des tâches de coordination", travaux "que beaucoup d’entre vous accomplissent déjà". Remarquons que ces missions concernent surtout le second degré. Comment croire que le gouvernement paiera pour des missions déjà exercées ? On voit bien ce que l’orientation veut dire en collège par exemple :l’organisation et la réalisation d’une demi journée de travail supplémentaire avec les "journées Avenir" pour lesquelles il n’y a actuellement pas de personnel. Idem pour le remplacement :payer un forfait est beaucoup plus intéressant pour l’Etat que rémunérer des professeurs remplaçants.

Emmanuel Macron est nettement plus clair quand il dessine une éducation nationale décentralisée et contractuelle. " Pour transformer l’école en profondeur, nous devons également revoir toute son organisation", dit E Macron. " Il revient bien sûr à l’échelon national de fixer les objectifs des programmes, c’est-à-dire les savoirs à transmettre et leurs finalités, mais il appartiendra désormais au niveau local de choisir les moyens de cette transmission, à travers des méthodes et des projets idoines". Et cette redéfinition des tâches ne sera pas faite par les équipes pédagogiques locales mais sous la pression des parents, des "partenaires associatifs et économiques" et des élus locaux.

Le projet est clair : c’est la mise sous contrat local des écoles et établissements d’enseignement. C’est la fin des grilles horaires pour les disciplines et par suite la renégociation générale des moyens attribués aux écoles et établissements. Tout cela affectera aussi les diplômes quine pourront plus rester nationaux. E Macron parle d’une "révolution copernicienne". C’en est bien une ! E Macron réalise ce que JM Blanquer avait dessiné dans ses premiers ouvrages, très inspirés par l’Institut Montaigne : la privatisation de l’éducation nationale par un système de contrat allant encore plus loin que ceux qui lient les établissements privés actuellement.

Que cette déréglementation ait totalement échoué partout où elle a été appliquée, en Suède comme aux Etats Unis, ne semble pas de nature à freiner l’action d’un président qui se présente comme le vrai ministre de l’éducation nationale.

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 19.09.22

 

Emanuel Macron adresse une lettre aux enseignants et alimente les « ambiguïtés » sur la hausse des rémunérations
Comme au début de son premier quinquennat, le président de la République a écrit ce vendredi aux personnels de l’éducation nationale, afin de leur présenter ses projets pour l’école. Mais ses déclarations ne lèvent pas les incertitudes liées à la hausse des salaires.

Un discours devant les recteurs d’académie le 25 août, un déplacement sur le lycée professionnel mardi, et désormais une lettre aux enseignants… Emmanuel Macron prend de nouveau la main sur l’école. Comme au début de son premier quinquennat, le président de la République a envoyé, vendredi 16 septembre, une lettre aux personnels de l’éducation nationale pour leur présenter les « transformations » qu’il souhaite faire advenir à l’école ces cinq prochaines années.

Le chef de l’Etat « a souhaité écrire à l’ensemble des personnels de l’éducation nationale afin de leur témoigner toute sa gratitude, notamment après la période Covid, et expliciter la révolution copernicienne » qu’il avait présentée le 25 août à la Sorbonne, a précisé l’Elysée dans un communiqué.

Outre les mesures déjà annoncées pour cette année et dont le courrier dresse à nouveau la liste (généralisation de la pratique quotidienne du sport en élémentaire, création d’une « demi-journée Avenir » en 5e, extension du Pass culture ou encore remise des maths dans le tronc commun en lycée après leur suppression lors du précédent quinquennat), le président insiste sur la nécessité de « revoir toute l’organisation » de l’école dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR).

« Tout ne doit plus venir de Paris sous forme de circulaires et de directives » Extrait de la lettre d’Emmanuel Macron aux enseignants

« Tout ne doit plus venir de Paris sous forme de circulaires et de directives », écrit-il, évoquant de nouveau sa volonté de « partir du terrain pour rénover [l’]école ». « Dès le mois d’octobre, nous lancerons partout en France ce chantier de la refondation de l’école en proposant à chaque école, chaque collège, chaque lycée qui le souhaite de bâtir un projet qui lui est propre en mettant tout le monde autour de la table, les chefs d’établissement, les directeurs d’école, les enseignants et toute la communauté éducative », poursuit-il.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Après le discours d’Emmanuel Macron sur l’éducation, une feuille de route et de nombreuses questions

Extrait de lemonde.fr du 17.09.22

 

La nouvelle lettre aux professeurs de Macron se rapproche de celle de Sarkozy
La lettre qu’Emmanuel Macron vient d’adresser aux « professeurs et personnels de l’Education nationale » ressemble plus à celle envoyée par Nicolas Sarkozy il y a quinze ans aux « éducateurs » qu’à celle qu’il avait envoyée il y a cinq ans aux « enseignants »

Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, on a droit lors de la première rentrée scolaire de chaque quinquennat (à l’exception de la présidence de François Hollande) à une lettre adressée directement en priorité aux enseignants.

La « lettre aux éducateurs » envoyée le 5 septembre 2007 par Nicolas Sarkozy, un président de la République, était sans précédent. Elle fut fort longue et diverse. Mais elle comportait un point central qui est de fait largement repris dans la lettre adressée en cette rentrée par le président de la République Emmanuel Macron aux « professeurs et personnels de l’Education nationale. ».

Le principal passage en l’occurrence vaut d’être cité in extenso « Jadis l’instituteur, le professeur avaient une place reconnue dans la société parce que la République était fière de son école et de ceux auxquels elle en avait confié la charge. Dans l’école de demain vous serez mieux rémunérés, mieux considérés et à rebours de l’égalitarisme qui a trop longtemps prévalu, vous gagnerez plus, vous progresserez plus rapidement si vous choisissez de travailler et de vous investir davantage. Vous pourrez choisir la pédagogie qui vous semblera la mieux adaptée à vos élèves parce que je crois qu’il faut faire confiance aux enseignants, à leur capacité de jugement, parce qu’ils sont les mieux placés pour décider de ce qui est bon pour leurs élèves. Les établissements dans lesquels vous enseignerez auront une plus grande autonomie dans le choix de leur projet, de leur orientation. Je souhaite faire de la revalorisation du métier d’enseignant l’une des priorités de mon quinquennat parce qu’elle est le corollaire de la rénovation de l’école et de la refondation de notre éducation »

Dans sa « Lettre aux enseignants » de la rentrée 2017, le président de la République Emmanuel Macron ne s’était nullement focalisé sur ce point. Ce n’est plus le cas dans la lettre qu’il vient d’envoyer en cette rentrée 2022. Passage in extenso aussi, pour comparer, pièces en main.

[...] Aussi, dès le mois d’octobre, nous lancerons partout en France ce chantier de la refondation de l’école en proposant à chaque école, chaque collège, chaque lycée qui le souhaite de bâtir un projet qui lui est propre en mettant tout le monde autour de la table, les chefs d’établissements, les directeurs d’écoles, les enseignants et toute la communauté éducative, les parents d’élèves, les élèves, les partenaires associatifs ou économiques, et les élus des collectivités territoriales. »

Extrait de mediapart.fr du 17.09.22

 

E. Macron s’adresse aux enseignants et détaille les réformes à venir
Paru dans Scolaire le vendredi 16 septembre 2022.
"Je vous fais toute confiance, c’est vous qui connaissez le mieux vos élèves et leurs besoins, c’est donc vous qui savez le mieux comment les faire réussir", écrit Emmanuel Macron. Le président de la République a adressé, ce jour, un courrier à tous les personnels de l’Education nationale dans laquelle il souligne que "notre système scolaire ne réduit pas suffisamment les inégalités de naissance, décroche dans les évaluations internationales et suscite souvent la défiance". Il ajoute que "trop d’élèves sont malheureux" et que "trop de professeurs ne sont pas reconnus comme ils le devraient", c’est pourquoi "le ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse a présenté les transformations qui s’engageront dès cette année".

La plupart de ces réformes sont déjà connues, mais le chef de l’Etat apporte quelques précisions. C’est ainsi que la "demi-journée avenir", créée "à partir de la 5ème" sera hebdomadaire et elle mettra en valeur "toutes les formes d’intelligences" (sic). La formation actuelle des enseignants est souvent "trop théorique et pas assez tournée vers la pédagogie et le contact avec les élèves".

En ce qui concerne la proposition faite à "chaque école, chaque collège, chaque lycée qui le souhaite de bâtir un projet qui lui est propre", elle suppose de mettre "autour de la table les chefs d’établissement, les directeurs d’écoles, les enseignants et toute la communauté éducative, les parents d’élèves, les élèves, les partenaires associatifs ou économiques, et les élus des collectivités territoriales". Et pour mener à bien ces projets, il précise : "vous serez accompagnés par votre rectorat qui mettra toute son expertise à votre service pour échanger sur vos idées et vous aider à les mettre en oeuvre. L’administration centrale disposera quant à elle d’une équipe dédiée qui pourra mutualiser les bonnes pratiques en les faisant connaître au niveau national, sans pour autant les ériger en nouveaux modèles imposés."

Il ne précise pas en revanche comment il compte "transform(er) le lycée professionnel, qui reste tros souvent une voie par défaut", pour en faire "une voie de choix et d’insertion professionnelle réussie".

A noter que la lettre s’ouvre sur l’expression de la reconnaissance du président : "je veux d’abord vous remercier d’avoir si vaillamment rempli votre rôle durant les années de crise sanitaire (...). Je veux aussi vous exprimer toute ma gratitude pour le travail exceptionnel de chacune et chacun d’entre vous pour faire progresser l’égalité des chances et faire reculer l’échec scolaire."

La lettre ici

Extrait de touteduc.fr du 17.09.22

 

On peut consulter en accès libre l’abondante revue de presse hebdomadaire des Cahiers pédagogiques

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1 Message

  • Cités éducatives : prochaine rencontre

    16 septembre 2022 21:45, par Rose-Marie Laulo

    La coordination nationale des Cités éducatives vous convie le 10 octobre 2022 au Ground Control à Paris (81 Rue du Charolais, 75012 Paris), de 9h à 17h. Cet événement sera l’occasion d’échanger entre acteurs sur les thématiques prioritaires d’intervention des Cités éducatives.

    Voir en ligne : Rencontres thématiques

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