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Le frontisme municipal, entretien avec Sophie Abraham (Carnets rouges, n°26, "A droite toute ?)

21 décembre 2022

À droite toute ? L’école menacée par les idéologies réactionnaires
Carnets rouges n° 26

Le frontisme municipal / Entretien avec Sophie Abraham

Si la progression récente du rassemblement national s’est manifestée par la prise d’un nombre conséquent de municipalités (dont les emblématiques Perpignan ou Béziers), le phénomène n’est pas nouveau. On se rappelle les exemples de Vitrolles et Marignane à la fin des années 90. Sophie Abraham, syndicaliste, membre de la FSU-SNUIPP, revient sur le sort des écoles dans les municipalités d’extrême-droite.

Comment les premières municipalités frontistes ont traité des questions scolaires et plus largement des services publics ? Qu’en est-il dans de plus petites villes ?
Tout d’abord, en remarque préalable, je pense qu’il faut relativiser la prise d’un nombre conséquent de municipalités par le Rassemblement National (RN) et plus largement l’extrême-droite en France. Si ce phénomène est en augmentation, il reste heureusement encore limité : 16 communes sur les 34 968 que compte la France, cela reste assez peu, même si c’est déjà beaucoup trop. Les dernières élections municipales ont été en demi-teinte pour le RN puisqu’il a perdu la gestion municipale de trois villes conquises en 2014 (Le Luc, Mantes la Ville et le 7e arrondissement de Marseille) et n’en a gagné que six. Néanmoins, la conquête de Perpignan est une prise de taille car c’est la seule commune de plus de 100 000 habitant·es qu’il compte dans son escarcelle. De manière générale dans l’ensemble des communes du territoire, le nombre global de ses élu·es à ce niveau est en net recul (840 élu·es sur 258 communes aux élections de 2020 contre 1438 sur 463 communes en 2014). Sa volonté d’expansion n’a pas été confortée suite au scrutin municipal de 2020. En revanche, ce qui est très inquiétant c’est que là où il était déjà aux manettes, il a été conforté avec des maires qui ont été reconduits dès le 1er tour et avec un pourcentage de voix significatif (Beaucaire, Béziers, Camaret sur Aigues, Fréjus, Hayange, Hénin-Beaumont, Le Pontet, Villers Cotterêts). Il poursuit ainsi son ancrage dans des territoires où il était déjà installé (Pas de Calais et Vaucluse notamment) et s’implante dans de nouveaux (comme à Moissac dans le Tarn et Garonne). Cette assise territoriale est un des éléments qui lui permet de développer un ancrage local qui lui faisait défaut pour marquer des points dans ses scores électoraux nationaux, notamment lors du scrutin législatif.

[...] Les attaques contre l’école ont pu être directes comme des coupes budgétaires importantes dans les crédits de fonctionnement ou d’investissement, dans les effectifs des personnels territoriaux travaillant dans les écoles ou dans le cadre périscolaire (suppression de postes d’ATSEM, de personnels d’animation), un entretien des locaux scolaires insuffisant conduisant parfois à la mise en danger des personnels et des enfants[1]. C’est passé aussi par la remise en cause de certains dispositifs comme l’aide aux devoirs, les études dirigées, les classes de découverte ainsi que par une volonté d’ingérence dans les pratiques pédagogiques des équipes, volonté qui s’est le plus souvent heurtée à la résistance des enseignant·es. Des personnels ont pu faire l’objet de pressions, d’intimidations, voire de menaces.

Mais il y eut aussi des attaques plus indirectes qui ont impacté les usager·es, en particulier les plus défavorisé·es, celles et ceux qui ont des origines étrangères ou supposées telles, ou les musulman·es ou supposées tel·les. Comme par exemple, la remise en cause de la gratuité ou l’augmentation des tarifs de la cantine, de l’accueil périscolaire ou du transport scolaire. Ou encore le refus d’inscrire les enfants de parents qui ne travaillent pas. Mais c’est aussi la suppression des repas de substitution pour les enfants qui ne mangent pas de porc, voir l’imposition d’un repas avec du porc un jour par semaine. [...]

Extrait de carnetsrouges.fr du 17.12.22

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