> Enseignement supérieur et Ouverture sociale > Parcoursup (et APB) > Parcoursup et les inégalités sociales (dossier)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Parcoursup et les inégalités sociales (dossier)

19 janvier 2023

Parcoursup : selon l’origine sociale des lycéens, une orientation à armes inégales
Le site d’inscription dans l’enseignement supérieur ouvre mercredi 18 janvier. S’il offre un large accès à l’information pour tous, les élèves sont loin d’être sur un pied d’égalité.

« Avec un baccalauréat délivré massivement, le vrai enjeu de la terminale est de “réussir son Parcoursup”. » Pour les sociologues Cédric Hugrée et Tristan Poullaouec, coauteurs de L’université qui vient. Un nouveau régime de sélection scolaire (Raisons d’Agir, 2022), la plate-forme nationale relève d’une « emprise du tri ». Le processus s’impose très tôt : dès la classe de 1re, « les lycéens ont intégré qu’ils doivent se comporter en candidats, qu’ils vont être sélectionnés et passés dans une moulinette loin d’être uniforme sur le territoire ».

Depuis le mercredi 18 janvier, les élèves peuvent formuler librement leurs vœux sur Parcoursup. En apparence. Car leurs choix d’études postbac sont conditionnés par plusieurs facteurs, notamment leur origine sociale. « Le ministère de l’enseignement supérieur postule que les élèves optent pour une orientation rationnelle, qu’ils prennent en considération leurs notes, les taux de réussite dans les différentes filières pour déterminer le type d’études qui leur correspond, explique Leïla Frouillou, sociologue et maîtresse de conférences à l’université Paris-Nanterre. En réalité, l’orientation est un phénomène complexe impliquant non seulement des arbitrages conscients des candidats et candidates, mais aussi des éléments inconscients. »

Extrait de lemonde.fr du 18.01.23

 

« Le but de Parcoursup, c’est de trier, pas d’orienter »
[...] Selon Alban Mizzi, doctorant en sociologie et auteur d’une thèse en cours sur la plateforme, Parcoursup reste un système opaque, dont la finalité n’est pas d’aider l’orientation des élèves dans l’enseignement supérieur.

[...] La plateforme est donc inégalitaire par essence ?

Oui, puisqu’elle est faite pour sélectionner donc on ordonne les candidatures et on crée des inégalités. En soi, les gens n’ont rien contre le fait d’être classés parce qu’il y a une religion de la méritocratie en France. Mais ce qui les dérange, c’est l’incapacité jugée de Parcoursup, et des commissions d’examen des vœux, à mesurer correctement le mérite. Si on est obligé de sélectionner, il faut que ce soit fait de la façon la plus juste possible.

Et ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui ? Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche s’engage à plus de transparence avec notamment une nouvelle rubrique qui détaille les critères sur lesquels se basent les établissements pour sélectionner leurs candidats…

Parcoursup reste opaque en dépit des efforts annoncés. La filière Staps [pour sciences et techniques des activités physiques et sportives, ndlr], par exemple, a pris l’initiative de mettre un barème avec des points sur ce qui compte dans leurs dossiers et pas juste des indications comme les autres formations qui indiquent que tel critère est « important » ou « moyennement important » dans la sélection. Par ailleurs, il n’y a pas de micros ni de caméras au sein de commissions d’examen des vœux. C’est impossible d’assurer une totale transparence à partir du moment où on sélectionne.

Est-ce que cela veut dire que les commissions regardent de quels lycées viennent les candidats ?

On sait qu’il y a des tris sur la réputation du lycée d’origine parce que des professeurs de l’enseignement supérieur, qui sélectionnent les dossiers, l’ont dit de façon anonyme. Côté université, ils ont trop de candidatures pour s’embêter à le faire. Quand vous êtes trois pour lire 9 000 candidatures, c’est compliqué. Mais ça se fait très probablement dans des formations élitistes, prestigieuses. L’information n’apparaît pas clairement dans l’outil d’aide à la décision à disposition des professeurs. Mais elle peut apparaître si on exporte le document, parce que chaque lycée à un code qui lui est propre.

Extrait de liberation.fr du 18.01.23

 

Parcoursup, source de dégâts sociaux
Analyse Depuis ce mercredi 18 janvier, les élèves de terminale et les étudiants en réorientation peuvent commencer à s’inscrire et à sélectionner sur Parcoursup leurs vœux d’études. Cinq ans après son lancement, la plateforme d’orientation suscite toujours l’incompréhension des adolescents et de leurs familles. Face au sentiment d’injustice, le ministère promet plus de clarté.

Extrait de la-croix.com du 18.01.23

Répondre à cet article