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Selon une enquête du Snpden, les chefs d’établissement, surtout ceux en EP, ne signalent pas toutes les atteintes à la laïcité (ToutEduc)

9 mars 2023

Laïcité : les chefs d’établissement ne signalent qu’une part des atteintes qu’ils constatent (SNPDEN)

"Nous ne demandons pas une évolution de la loi de 2004 (interdisant le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse), mais des outils réglementaires, une circulaire qui dise clairement ce qui est autorisé et ce qui est interdit", déclarent les responsables du SNPDEN. Le syndicat UNSA des personnels de direction réunit ce 8 mars son Conseil national (voir aussi ToutEduc ici), l’occasion de publier une "enquête laïcité". Il constate que 42 % d’entre eux ont constaté au moins une fois depuis le début de l’année scolaire "la présence d’élèves qui entrent ou sont entrés (dans le collège ou le lycée) avec des tenues vestimentaires dites ’culturelles’ mais qui peuvent être utilisées dans le cadre d’une pratique religieuse".

L’organisation syndicale a en effet interrogé les personnels de direction, près de 1 000 établissements (sur quelque 7 800 établissements publics) ont répondu à cette enquête qui porte sur les tenues, sur la contestation des enseignements, sur les sorties et voyages, sur l’EPS et la piscine.

Il en ressort que 54 % des EPLE en éducation prioritaire ou classés "sensibles" sont concernés, à des degrés divers par le port de tenues "cultuelles par destination", 72 % des LEGT, 50 % des lycées professionnels, 28 % des collèges, des chiffres bien supérieurs à ceux donnés par le ministère (ToutEduc ici). C’est que 43 % des personnels de direction "qui ont fait ce constat ne signalent pas ces faits à l’institution". S’agissant de la contestation des contenus d’enseignement "au nom d’une vérité religieuse", ils ont été constatés au moins une fois depuis le début de l’année par 26 % des personnels de direction, plus souvent en collège qu’en lycée d’enseignement général ou en LP, plus souvent en banlieue ou au coeur d’une grande ville que dans des petites villes et plus rarement en milieu rural. 37 % des personnels concernés n’ont pas signalé ces faits à l’institution.

"Les personnels de direction sont 23 % à faire le constat de problèmes de respect de la laïcité dans le cadre des sorties pédagogiques et/ou des voyages scolaires", port de signes religieux ou refus de visiter une mosquée, une église, une synagogue notamment. La moitié des personnels de direction qui ont fait ce constat ne signalent pas ces faits à l’institution. Ils sont 28 % à recenser des élèves qui refusent de participer aux cours d’EPS et/ou de piscine, 71 % d’entre aux ne signalent pas ces faits à l’institution.

Les responsables de l’organisation syndicale ont été surpris des proportions de personnels de direction qui ne signalent pas les difficultés auxquelles ils sont confrontés. C’est souvent qu’ils ont réglé le problème en interne. L’un d’eux expliquent que lorsque deux élèves arrivent une fois avec une abaya, il suffit le plus souvent de parler avec elles, éventuellement avec leurs parents, pour qu’elles renoncent à ce vêtement. En revanche, quand depuis des années, des dizaines d’entre elles ont pris l’habitude de porter un tel vêtement, il est pratiquement impossible d’intervenir. Pour la piscine, certains chefs d’établissement auraient "démixé" les cours. Le SNPDEN refuse de voir les chefs d’établissement jouer les arbitres. Ou bien c’est interdit et l’administration leur donne les moyens de faire respecter une disposition réglementaire, ce qui sera parfois long et difficile, ou bien c’est autorisé et "il n’y a pas de sujet". Mais une telle position contredirait selon le SNPDEN la position du CIPDR (Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, voir ici, ici) qui mettait en garde au mois de septembre contre une recrudescence des atteintes à la laïcité.

Les personnels de direction estiment de plus que la procédure de signalement n’est pas adéquate. Les "faits établissement" sont normalement des violences graves. Il faudrait donc une procédure spécifique, "simple et rapide" qui prenne en compte la récurrence des faits. D’autres ont "la conviction qu’ils ne seront pas suivis par l’institution et qu’ils seront seuls face à ces situations complexes", la situation étant très variable d’une académie à une autre, ici les équipes "valeurs de la République" font "un sacré boulot", ailleurs, elles semblent inexistantes. D’autres encore se souviennent des années 2010, du "pas de vagues" et craignent "d’être considérés comme incompétents" s’ils ont des difficultés.

Extrait de touteduc.fr du 08.03.23

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