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"Choc des savoirs" : les mesures annoncées par Gabriel Attal et les réactions (dossier)

6 décembre 2023

Comment mettre en oeuvre un "choc des savoirs" pour élever le niveau de l’École ?
Ih2ef

À la suite de la publication des résultats de l’enquête PISA, des travaux de la mission Exigences des savoirs et des consultations numériques, le ministre Gabriel Attal a présenté, en présence de Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, les mesures destinées à élever le niveau des élèves. Celles-ci concernent tous les niveaux d’enseignement, de l’école au lycée et s’appliqueront pour certaines dès la rentrée 2024.

Ces mesures sont articulées autour de 3 axes :

mieux soutenir les professeurs pour mener la bataille des savoirs :
les programmes seront révisés à compter de la rentrée 2024 et seront articulés autour d’objectifs annuels et ancrés dans des pratiques pédagogiques éprouvées par la science ;
les programmes de mathématiques aborderont plus tôt les fractions et les nombres décimaux en favorisant une approche concrète et imagée ;
les programmes de langue, de la 6e à la terminale, présenteront des indications claires sur les domaines étudiés, les points grammaticaux et le vocabulaire à maitriser chaque année ;
le socle commun sera réorganisé autour de compétences disciplinaires, psychosociales et de repères de culture générale ;
des manuels scolaires labellisés, obligatoires en mathématiques et en français dans le premier degré, seront co-financés par l’État au CP et au CE1 ;

adapter l’organisation des enseignements aux besoins de chaque élève :
une organisation en groupes de niveaux flexibles sera mise en place à compter de la rentrée 2024 en mathématiques et en français ;
l’accueil de 8h à 18h sera étendu à tous les collèges de REP et REP+ ;
au lycée professionnel, le volume horaire des enseignements généraux sera renforcé et une partie des enseignements de mathématiques et de français en 2de et 1re professionnelles seront dispensés en groupes à effectifs réduits ;
les outils numériques et l’intelligence artificielle seront mobilisés pour personnaliser les apprentissages et individualiser la progression des élèves ;
les conseils de classe pourront proposer aux élèves en grande difficulté un renforcement dans les enseignements fondamentaux jusqu’à 2 à 3h par semaine ;

rehausser le niveau d’exigence et d’ambition pour tous les élèves :
les correctifs académiques des notes au brevet et au baccalauréat seront supprimés ;

le contrôle continu pour le brevet sera revu : la note du contrôle continu sera calculée à partir de la moyenne des notes disciplinaires (et non plus par les "compétences" converties en points). Les épreuves terminales représenteront part ailleurs 60 % de la note finale, au lieu de 50 % actuellement ;

le brevet deviendra nécessaire pour passer directement en 2de : les élèves en difficulté et qui n’auront pas le brevet seront scolarisés en "prépa lycée" pendant un an ;

des mentions pourront être décernées aux élèves obtenant le diplôme du CAP au premier groupe d’épreuves ;

une nouvelle épreuve anticipée de mathématiques appliquées sera instaurée en fin de 1re générale et technologique ;

à l’école élémentaire, le passage quasi-systématique en classe supérieure sera revu et un passage sous conditions en classe supérieure instauré après suivi d’un parcours renforcé en temps scolaire ou des stages de réussite durant les vacances scolaires ;

les enseignants auront accès aux résultats de leurs élèves aux évaluations nationales, mais aussi aux résultats de leur établissement et de l’académie.

>> Consultez :

le dossier de presse "Choc des savoirs : élever le niveau de notre École" et la présentation des mesures annoncées ;

le discours de Gabriel Attal du 5 décembre 2023.

Extrait de ih2ef.gouv.fr du 05.12.23

 

Exigence des savoirs : des annonces en pagaille

Annoncée le 5 octobre dernier, la mission « Exigence des savoirs » a rendu sa copie. Pour sauver l’école, le ministre parie sur l’école du passé : redoublement, groupes de niveaux, un Diplôme national du Brevet qui conditionne le passage en seconde, fin du correctif académique…

Pour Gabriel Attal, les résultats PISA sont très clairs , ils ne sanctionnent pas la politique éducative sous Macron, mais celle d’Hollande. « On y lit les résultats de réformes, comme celle du collège en 2013 qui n’ont pas permis d’atteindre leurs objectifs », a-t-il déclaré en conférence de presse mardi 5 décembre dans la foulée des résultats du PISA 2022. Mais le ministre oublie que cette nouvelle édition de PISA, à laquelle se sont pliés plus de 6 000 élèves de 15 ans en 2022, reflète le manque de moyens alloués au second degré car les dédoublements dans le premier degré, c’est à moyens constants, en pompant des postes au second degré. Les résultats catastrophiques sont donc bel et bien le résultat des choix politiques du premier mandat Macron.

Et pour remettre en selle une école qui va mal, le ministre fait le choix d’une réforme qui demande plus. Plus aux élèves. « Nous devons être plus exigeants, il faut demander plus aux élèves, plus d’efforts, il faut renforcer l’autorité des professeurs ». Le risque, sinon, est celui d’une fracture « scolaire dont souffriraient les Français de classes moyennes ». « À eux, je dis le choc savoirs est un sursaut pour l’avenir de notre école ». Et si Gabriel Attal s’adresse aux classes moyennes, il n’a pas un mot pour les classes populaires, celles dont les enfants restent en grande difficulté selon PISA.

En Primaire

Afin d’enclencher son « choc des savoirs », le ministre a décidé d’une refonte du système. Son premier engagement, celui d’un « électrochoc » pour remettre “l’exigence à tous les étages“. Ainsi, dès la rentrée prochaine, les classes de maternelle, de CP, de Ce1 et Ce2 auront de nouveaux programmes, des programmes qui s’articuleront autour de quatre grands principes : clarté, exigence, science et culture générale. « Deux principes clairs guideront les travaux du conseil supérieur des programmes », a-t-il expliqué. « La simplification – avec des programmes moins volumineux et la clarification – avec l’intégration d’objectifs annuels figurant aujourd’hui dans divers guides épars et le choix clair de la pédagogie explicite ». En 2025, ce sera au tour des Cm1 et Cm2.

« Mon deuxième chantier pour l’école primaire c’est le travail sur les manuels scolaires » a poursuivi Gabriel Attal. « La labélisation renforce les chances de réussite de tous les élèves. C’est pourquoi, même s’il s’agit d’une compétence des collectivités locales, l’État financera désormais des manuels scolaires en lecture et mathématiques des élèves de CP et de CE1. Je lancerai les achats pour la rentrée 2024 ». Des manuels qui deviendraient obligatoires selon le dossier de presse.

Le troisième chantier, c’est celui du redoublement. « Les professeurs auront le dernier mot en matière de redoublement ». Les élèves en difficulté se verront donc proposer soit un redoublement classique, soit le passage sous condition avec de la remédiation comme des APC, du tutorat, des stages de réussite… Alors que la communauté scientifique, que les syndicats et même l’OCDE préviennent du manque de pertinence du redoublement, voire de l’effet néfaste de celui-ci, le ministre dit s’appuyer sur des travaux scientifiques. Il n’a pas préciser lesquels.

Collège : groupes de niveau et transformation du brevet

« Le collège, c’est le cœur de l’électrochoc », a affirmé Gabriel Attal. Les programmes, particulièrement en mathématiques et en langues vivantes, seront revus dès 2025 autour des mêmes principes que pour l’école primaire.

Mais la vraie révolution, c’est celle autour des savoirs fondamentaux qu’elle va s’opérer prévient-il. L’organisation actuelle condamnerait certains à « stagner » et empêcherait d’autres « de s’envoler » a soutenu le ministre. Dès l’année prochaine, les élèves de 6e et 5e seront donc répartis en trois groupes de niveaux en mathématiques et en français. « Au cours de l’année, les élèves pourront changer de groupe : s’ils progressent, ils pourront évoluer », a-t-il assuré. Les effectifs des groupes d’élèves les plus faibles seront limités à 15, le ministre a promis une rallonge budgétaire pour recruter plus d’enseignants. « Nous ajouterons des moyens humains et financiers pour mener à bien ce chantier ». Encore faudrait-il pouvoir attirer les candidats qui boudent cette année encore les concours du professorat. Et pour les élèves en très grande difficulté, ce seront encore plus de fondamentaux au détriment des autres disciplines a-t-il annoncé.

Autre axe de transformation du collège, le brevet. Le ministre qui dit tenir à lutter contre la « dévalorisation des notes, l’affaissement du niveau d’exigence » veut redonner « du sens et de l’exigence ». Cela passe, selon lui, par le passage du contrôle continu calculé à partir de la moyenne des notes disciplinaires et non plus par les « compétences » converties en points. Quant aux épreuves terminales, elles représenteront 60 % de la note finale, au lieu de 50 % aujourd’hui. Et, surtout, le diplôme du brevet conditionnera l’accès direct au lycée. « Les élèves en difficulté et qui n’obtiendront pas leur brevet ne feront pas leur entrée en 2de l’année suivante, mais rejoindront une classe « prépa-lycée » pour consolider leur niveau, rattraper leur retard et être mieux armés pour la suite ». Sur la prépa lycée, le ministre n’a pas dit grand-chose, cela reste très flou.

Au lycée : IA et épreuve anticipée de culture mathématique et scientifique

Deux grandes informations sur le lycée, mais sur lesquelles le ministre ne s’est pas appesanti : la mise en place d’une épreuve anticipée de culture mathématique et scientifique du baccalauréat en fin de première et l’accompagnement par l’IA pour tous les élèves de seconde. « Tous les élèves entrant au lycée seront désormais accompagnés, à la maison, d’un outil d’IA de remédiation ou d’approfondissement en français et en mathématiques. Ce logiciel souverain, construit avec des chercheurs et des enseignants, propriété du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, sera mis gratuitement à disposition de 200 000 élèves de 2de dès les prochains mois, avant d’être généralisé à l’ensemble des élèves de 2de à partir de septembre prochain ».

Autre annonce, et non des moindres, la fin du « correctif académique » dès la session 2025 du brevet et du baccalauréat. « Ce sont désormais les notes que vous attribuez, et elles seules, qui détermineront leur obtention par nos élèves » a-t-il écrit dans une lettre aux enseignants et enseignants. Les correctifs académiques sont décidés lors des commissions d’harmonisation, ils permettent de décider dans un collectif des notes attribuées aux élèves dans le cadre du contrôle continu, mais aussi des épreuves d’examen. Et si elles existent, ce n’est pas pour « gonfler le niveau » comme semble le penser Gabriel Attal, mais parce que la science a, là encore, largement documenté l’aspect subjectif des notes et la réalité de la constante macabre.

Lilia ben Hamouda

Extrait de cafepedagogique.net du 06.12.23

Voir aussi l’éditorial de Lilia ben Hamouda

 

Gabriel Attal s’appuie sur "la science" pour réformer l’ensemble du système scolaire

“C’est le résultat de la réforme du collège de 2013 qui a conduit à fragiliser le niveau des élèves“, déclare Gabriel Attal ce mardi 5 décembre durant sa conférence de presse annonçant les mesures qu’il souhaite prendre pour conduire à élever le niveau des élèves.

Bien que le ministre affirme ne pas vouloir “mettre l’intérêt politique au dessus de l’intérêt de l’école“, son discours l’est bien, quand celui-ci évoque notamment “le risque de fracture scolaire“, le besoin d’ “accélérer“ la politique du président de la République qui a produit “des résultats“, et un “électrochoc“ concocté en 8 semaines pour opérer un “sursaut“ capable de “remettre de l’exigence dans les savoirs fondamentaux“.

Le discours s’appuie sur des questions de morale, évoquant le besoin de “refuser le déni“ sur les résultats des élèves, de transparence, de dire la vérité... tout en utilisant au maximum l’apport intangible de la science, qui telle une boussole, accompagnée du “bon sens“ permet “de savoir quelles méthodes, quels contenus pédagogiques permettent d’élever le niveau“.

D’ailleurs, les membres du Conseil scientifique de l’Education (CSEN) seront les premiers qui permettront d’agir sur les connaissances, le ministre leur ayant demandé de revoir les programmes scolaires selon quatre principes : clarté, exigence, science, culture générale (cette dernière comprenant des repères créés et introduits tout au long de la scolarité).

Gabriel Attal a ensuite annoncé un ensemble de mesures pour l’école, le collège et le lycée qui serviront le “choc des savoirs“.

1er degré : programmes, manuels, remédiation

Dans le 1er degré, il est donc question de la création d’une “vraie primaire des fondamentaux“ avec la révision du socle commun et des nouveaux programmes en maternelle, CP, CE1, CE2 dès la rentrée 2024, et en septembre de l’année suivante pour les CM1 et CM2.

Il s’agit également de travailler sur les manuels scolaires, qui manquent dans les classes (60 % d’élèves de CP n’en auraient pas) et à la qualité “hétérogène“, en aidant les collectivités au financement d’un manuel de lecture et de mathématiques en CP et CE1 (soit plusieurs dizaines de millions d’euros), et en les labellisant afin d’être “sûr“ de leur qualité. En outre, comme au Japon et Portugal, un organisme sera chargé “sur la base de la science“ de procéder à cette labellisation, qui sera effective aux rentrées 2024 (CP et CE1) et 2025 (CE2 à CM2).

A été précisé que la "méthode de Singapour" sera adoptée en mathématiques dès la rentrée 2024, avec une anticipation de l’apprentissage de certaines notions dans les programmes, comme par exemple les fractions et nombre décimaux qui seront avancés du CM1 au CE1 “de manière très concrète par la manipulation des objets“.

Concernant le redoublement, “la décision appartient aux enseignants“ estime enfin Gabriel Attal, ces derniers dont l’autorité s’était “progressivement affaiblie“ au fil du temps auront donc le “dernier mot“ dans le parcours de l’élève, avec la possibilité de proposer soit un “passage sous conditions“ avec l’instauration d’une remédiation (APC, tutorat, stages de réussite..), soit un simple redoublement. Cette décision “s’appuie sur des travaux scientifiques“ selon lesquels ces dispositifs peuvent “bel et bien favoriser la réussite scolaire“.

Collège : volumes horaires, brevet, organisation des cours

Dans le second degré, le collège est le “coeur“ de la réforme, en raison d’un “glissement vers une forme de collège plus uniforme que vraiment unique“ dont il est question de sortir.

Pour cela, là encore les programmes seront revisités, à l’horizon 2025 pour ceux de 6ème, 2026 pour les 5ème, 4ème, 3ème, concernant surtout les compétences en langues, matières pour lesquelles “les élèves n’ont pas de véritable programme“, et en mathématiques. Le brevet sera adapté en conséquence.

Ensuite, la “science“ ayant “confirmé que les élèves progressent mieux en étant mieux accompagnés, avec de plus petites classes“, des groupes de niveaux seront mis en place au sein des classes (en 2024 pour les 6èmes et 5èmes, en 2025 pour les 4èmes et 3èmes), les professeurs souhaitant (selon le questionnaire renseigné par 230 000 d’entre eux pendant les dernières vacances, ndlr) “pouvoir mieux différencier les enseignements en fonction du niveau“ des élèves, ce qui passera par un plan de formation et de recrutement de plusieurs milliers de professeurs sur la durée du quinquennat, dont un nouveau schéma d’emploi sera présenté aux organisations syndicales, affirme-t-il. Ainsi, trois groupes de niveaux seront créés au sein des classes, pour le maths et le français, les élèves ayant le plus de difficultés étant regroupés par quinzaine au maximum pour un enseignant, et il sera possible de changer de groupe.

Quant au brevet, il doit “retrouver un sens aujourd’hui perdu“ alors qu’est constaté un “affaissement du niveau d’exigence“. Le poids de la note de l’examen comptera pour 60 % de la note finale et les “correctifs académiques“ (un 8/20 pouvant se transformer en 12) seront supprimés dès cet année. Pour la session 2025, le contrôle continu comptera pour 40 % et non 50 % de la note, tandis qu’il sera mis fin au système des blocs de compétences pour établir la moyenne.

Le ministre veut d’ailleurs faire du brevet “un examen d’entrée au lycée“, néanmoins, l’élève qui échoue ne fera pas un redoublement à l’identique mais une classe prépa-lycée, un dispositif qui sera mis en place en 2024-25 pour les élèves entrant en lycée en septembre 2025.

Lycée

Au lycée, c’est le retour de la notion “d’excellence“ avec comme “tournant majeur“ la création d’une épreuve anticipée de culture mathématiques et scientifique pour les élèves de 1ère en 2026.

Pour les lycées professionnels, Carole Grandjean a “décidé d’attribuer des mentions aux élèves de CAP, brevet professionnel et de mention complémentaire dès la rentrée 2024“. En français et mathématiques, seront généralisés les groupes à effectifs réduits en 2nde et 1ère bac pro, à l’aide d’un “redéploiement d’heures“, et de 500 nouveaux formateurs (via Profan) dédiés à la formation continue des enseignants en lien avec ces apprentissages.

Concernant les nouvelles technologies, Gabriel Attal “préfère choisir plutôt que subir“, c’est pourquoi il choisit de faire de la France le premier pays au monde à généraliser, via l’outil “MIA seconde“, l’intelligence artificielle à toute une classe d’âge. Ce sont 20 000 exercices que propose un algorithme qui s’adapte à chaque élève et à sa progression, qui seront accessibles à 200 000 élèves dès février prochain, avant leur généralisation à la rentrée 2024.

Extrait de touteduc.fr du 05.12.23

 

Gabriel Attal annonce la fin du collège uniforme
Le plan du ministre de l’éducation, dévoilé mardi, qui prévoit la création de groupes de niveau et la refonte de l’examen du brevet, doit produire un « électrochoc » destiné à rendre le système éducatif « plus exigeant », quitte à en réduire le taux de réussite.

Extrait de lemonde.fr du 05.12.23

 

Annonces du ministre : retour vers le futur

Extrait de snuipp.fr du 05.12.23

 

« Choc des savoirs » : un leurre au parfum de nostalgie

Extrait de enseignants.se-unsa du 05.12.23

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