> V- ACTEURS (EP et hors EP) > Enseignants : Identité > Enseignants : Identité (Formations et colloques) > "Substituer l’obligation de moyens à l’obligation de résultats" : une (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

"Substituer l’obligation de moyens à l’obligation de résultats" : une conférence de Philippe Meirieu résumée par une étudiante en master MEEF (Les Cahiers pédagogiques)

15 octobre 2024

Qui veut encore des professeurs, et pour quoi faire ?

Récit d’une première rencontre avec Philippe Meirieu par une étudiante en master MEEF. Ce qu’elle en retient semble de nature à donner envie de s’engager dans l’enseignement, pour peu que le projet collectif pour l’école évolue.

[...] À partir du XXIe siècle, nous entrons dans une nouvelle perspective, celle de l’éducation efficace. Par efficace, on entend une efficacité mesurée, qui s’observe immédiatement ; entre autres, une obligation de résultats. Notons que celle-ci va à l’encontre du principe de la République qui n’est autre que l’obligation de moyens.

Homogénéisation, classement, concurrence
Alors, s’installent trois mouvements simultanés : l’installation d’une homogénéisation des dispositifs d’évaluation via des QCM, des classements, des sélections de savoir-faire immédiatement observables, le tout de manière quantifiable et donnant lieu à des classements. Une question reste d’ailleurs en suspens : pourquoi les individus seraient mesurables, alors que toutes leurs capacités ne le sont pas ? Cette homogénéisation des dispositifs d’évaluation permet la concurrence et la comparaison : si tout le monde a le même résultat, alors il n’y a pas de « réussite » à leurs yeux.

Ensuite, viennent les enquêtes PISA qui comparent des systèmes diamétralement opposés tels que la Corée et la Finlande, dans le but d’effectuer, là encore, un classement, stimulant la concurrence de façon permanente. Et enfin, l’hégémonie des procédures, soit le fait que certaines normes et procédures prennent de plus en plus d’importance, parfois au détriment d’objectifs pédagogiques et de la relation éducative, dans un souci d’efficacité.

Quelles en sont les conséquences ? Premièrement, d’après Philippe Meirieu, une prolétarisation des éducateurs qui menace le service public. Ensuite, une différence entre un parent citoyen qui accorde peu d’importance aux valeurs de l’enseignant, puisqu’il a une totale confiance en l’institution, et un parent « client » qui pense que l’enseignement est un « service » devant satisfaire ses attentes en tout genre. En effet, en percevant l’enseignement comme un produit, chacun peut alors se permettre d’aller chercher mieux ailleurs, comme le veut la logique de consommation. Or, l’école ne devrait pas se mesurer à la satisfaction des uns et des autres : on bascule de l’institution à la quête d’efficacité et de satisfaction.

Finalement, Philippe Meirieu estime qu’il y a là un service public à reconstruire, qui, selon lui, devrait avoir pour perspective de substituer l’obligation de moyens à l’obligation de résultats.

Extrait de cahiers-pedagogiques.com du 08.10.24

Répondre à cet article