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Démocratisation des grandes écoles : élèves de ZEP en "classes prépas"

17 septembre 2005

Extrait du «  Figaro » du 16.09.05 : Les prépas de proximité, une chance pour les élèves défavorisés

La campagne de « démocratisation » des grandes écoles porte ses fruits : les lycées accueillent 550 élèves de plus cette année

Avec 73 600 étudiants inscrits, les classes préparatoires aux grandes écoles accueillent le plus grand nombre d’élèves depuis 1995, année de la réforme qui a réorganisé leur cursus. Cela représente une hausse de 550 élèves par rapport à 2004, qui touche avant tout les prépas technologiques et scientifiques du secteur public. Cette croissance s’explique par une campagne massive de démocratisation des « prépas » lancée l’an dernier afin d’ouvrir davantage cette filière « aux élèves qui ne s’y inscriraient pas spontanément ». Cela passe notamment par le développement des prépas technologiques : 40% des élèves y sont boursiers, contre 14% pour les préparationnaires.
Le succès de cette campagne profite surtout aux prépas dites « de proximité », qui « n’avaient pas provoqué de raz de marée » jusqu’ici, selon le ministère de l’Education. Représentant 44% des lycées disposant de prépas, ces classes dites « de service public », destinées à recruter les bacheliers de l’académie, ne représentent que 11% des effectifs. Aujourd’hui, elles « complètent leurs effectifs » en recrutant dans d’autres académies, voire à l’étranger. « C’est le cas de la prépa de Tulle, qui accueille cette année des Marocains », explique-t-on au ministère. Au lycée Paul-Eluard de Saint-Denis (93), l’afflux d’élèves a permis de sauver in extremis une petite « prépa » vouée à disparaître.

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Classé en zone sensible, le lycée Paul-Eluard de Saint-Denis - ville natale du poète - compte 1 900 élèves et 70 classes, dont un groupe de 80 jeunes « chanceux », répartis dans quatre classes préparatoires aux grandes écoles. Cette année, ils sont 26 en « physique-chimie-sciences de l’ingénieur », 27 en « maths-physique-sciences de l’ingénieur », ex-maths sup’, 17 en « PSI » et 16 en « MP », ex-maths spé’. Comme dans toutes les prépas « de proximité », ils sont peu nombreux (à l’inverse de Louis-le-Grand, par exemple, qui compte 45 préparationnaires par classe en moyenne).

Rien à voir, cependant, avec la rentrée 2004, où la classe de « PCSI » ne comptait que 11 élèves. Le rectorat imposant un nombre minimum de 20 étudiants par classe pour la maintenir, elle fut menacée de fermeture. « Il s’agissait de déplacer cette classe dans une zone plus dynamique plutôt que de la fermer », justice-t-on au ministère de l’Education nationale.

Mais c’était oublier l’aspect très symbolique de cette prépa fondée en septembre 1991 pour la première fois en zone difficile et dont la création avait été arrachée de haute lutte au ministère. « Je l’avais surnommée la prépa Benetton », raconte son créateur, Christian Forestier, alors recteur de l’académie de Créteil, aujourd’hui président du Haut Conseil de l’évaluation de l’école. Une allusion à la campagne United Colors...

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Pas question pour autant d’imaginer que cette prépa soit une solution par défaut. Noyée et « délaissée » parmi 40 camarades au lycée parisien Condorcet, une ancienne élève est retournée à Paul-Eluard, où elle a ressenti plus « d’humanité » et la volonté des professeurs de faire réussir chacun de leurs élèves. Elle est aujourd’hui ingénieur d’essais en vol pour Airbus à Toulouse.

« Outil de promotion de l’égalité des chances que nous souhaitons conserver, les classes préparatoires de proximité permettent aux élèves les plus fragiles économiquement de ne pas avoir à s’éloigner de chez eux pour poursuivre des études supérieures, précise-t-on dans l’entourage de Gilles de Robien. Elles sont évidemment moins chargées que les lycées parisiens les plus prestigieux, mais elles ont une importance éducative et sociale importante. »

Justine Ducharne

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