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Réguler la pauvreté des Roms : les cas français, italiens et espagnols (Cogito, le magazine de la recherche - Sciences Po)

21 février 2021

Réguler la pauvreté des Roms : les cas français, italiens et espagnols
par Olivier Legros, Céline Bergeon, Marion Lièvre et Tommaso Vitale

D’une manière générale, la présence d’étrangers en situation précaire apparaît comme un problème récurrent pour les pouvoirs publics. Plus que les difficultés rencontrées par les migrants, c’est la « vision de la pauvreté étrangère » (1) qui semble questionner. Aussi les acteurs publics privilégient-ils souvent des interventions qui oscillent entre insertion sous contrat et rejet.
Si ces politiques sont assez bien documentées, leurs effets à moyen et à long terme restent méconnus. Or, ces politiques, combinant des actions de rejet (évacuation des terrains, expulsion des personnes) avec des actions locales d’hébergement et d’insertion, ont de lourdes conséquences sur la vie des personnes concernées. Partant de ce constat, nous avons entrepris un programme de recherche * avec pour objectif d’étudier ces actions et identifier leur contribution aux processus d’insertion, en examinant le cas des Roms dans des villes françaises, italiennes et espagnoles.

Nous avons privilégié ​l’observation de la vie quotidienne sous ses principales facettes — la mobilité, l’accès au logement et aux ressources économiques et la sociabilité. Pour ce faire, nous avons procédé à la reconstitution de 75 trajectoires de vie et à l’écriture de 12 études de cas. À cette démarche ethnographique, nous avons associé une approche comparatiste afin de repérer des similitudes et des différences ds phénomènes observés et, sur cette base, préciser les effets de contexte ainsi que ceux de l’expérience et des capitaux personnels sur les processus d’insertion.

Trois hypothèses
Dans un premier temps, et sur la base de nos recherches précédentes, nous avons formulé trois hypothèses :

L’insertion sociale et économique des migrants dépend plus de leur capital social et de leurs compétences que des instruments et des procédures de l’action publique. Dans cette optique, l’action publique ne constitue qu’une ressource parmi d’autres dans le répertoire stratégique des migrants.
Compte tenu de l’intensité des politiques répressives et des pratiques de sélection des candidats à l’hébergement et à l’insertion, l’action publique contribue néanmoins à la (dé)structuration des conduites individuelles et des communautés migratoires. Ainsi, les politiques d’évacuation des bidonvilles paraissent remettre en cause la trajectoire résidentielle tout en accroissant la vulnérabilité des populations ciblées. En outre, il est fort probable que les pratiques de sélection aient aussi un impact sur les dynamiques sociales au sein des bidonvilles(2).
Plus que les actions ciblées, c’est cependant l’ensemble des biens et des services pourvus par l’État social dans le cadre du droit commun qui demeure le référentiel principal des migrants roms (comme pour la grande majorité des citadins pauvres). Dans cette optique, les actions spécifiques constitueraient un moyen parmi d’autres d’accéder à l’État social, à ses protections et, par conséquent, à une vie meilleure.

[...] *Cette étude est l’une des composantes du projet de recherche – MARGinalisation/INclusion : les effets à moyen et à long terme des politiques de régulation de la pauvreté étrangère sur les populations-cibles : le cas des migrants dits roms dans les villes d’Europe occidentale (France, Italie, Espagne) – qui a été créé en 2010 avec le soutien du laboratoire CITERES (CNRS/ Université de Tours), du Centre d’études européennes et de politiques comparées (CNRS/Sciences Po), du laboratoire Migrinter (CNRS/Université de Poitiers), et de l’Observatoire des politiques en direction des groupes dits roms/tsiganes URBA-ROM. Dans toutes ces composantes, il a réuni une centaine de chercheurs européens

Extrait de sciencespo.fr du 21.02.21

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