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L’Igésr analyse la mise en place du Parcours préparatoire de professeur des écoles (PPPE) (ToutEduc, Le Café)

23 mars 2022

Additif du 09.01.23

PPPE, bilan de la première année
Dans un rapport publié le 4 janvier, l’Inspection Générale dresse le bilan de la première année des PPPE – Parcours préparatoires au professorat des écoles – censées être l’une des solutions à la crise du recrutement des Professeurs des écoles.

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Recrutés après le bac, de jeunes étudiants et étudiantes, qui se projettent dans le professorat des écoles, intègrent cette licence dont le temps de formation est dispensé en lycée et à l’université. A la rentrée 2022, 49 PPPE proposaient 1572 places contre 25 PPPE et 815 places lors de la rentrée précédente. Selon les rapporteurs de la mission, le nombres de candidats a augmenté de 56% entre les deux années, ils indiquent un taux de pression de 8,1 candidats pour une place dans cette licence spécifique.

En 2021/2022, 91% des places ont été pourvues. Sur les 740 étudiants admis, 79,6 % sont des élèves de terminale et parmi les élèves de terminale admis, 86 % ont un bac général, 10 % un bac technologique et 4 % un bac professionnel. « Sur les 589 élèves de terminale admis en PPPE, 77,8 % ont obtenu une mention au baccalauréat, taux supérieur de 4,4 points au taux national en 2021 » souligne le rapport. A l’image du métier, 83% des étudiants sont des étudiantes.

Une déperdition d’étudiants moins importantes que pour les autres licences

Lors de la visite de la mission au second semestre de l’année, la mission relevait 629 étudiants présents, soit une déperdition de 12,5% d’étudiants en cours d’année. « Les abandons ou réorientations es étudiants en PPPE en cours d’année universitaire ont été nettement plus limités que ce qui est généralement constaté en licence ». La mission propose un recrutement en L2 pour compenser les places laissées vacantes.

L’origine scolaire des étudiants semblent marquer leur parcours. « Tant en français qu’en mathématiques, les professeurs signalent des difficultés pour des étudiants issus de filières technologiques ou professionnelles qui ne leur ont pas permis d’acquérir les bases nécessaires dans la discipline et parfois même d’étudiants issus de bacs généraux, en particulier en mathématiques, lorsque ces étudiants n’ont pas suivi d’enseignement de mathématiques au-delà de la seconde » soulignent les inspecteurs généraux. Le rapport précise que ces difficultés, en français, relèvent du domaine de la maîtrise de la langue (correction syntaxique et orthographique) et en mathématiques, elles sont souvent liées à des « a priori très négatifs sur la discipline ». Plus généralement, les difficultés se concentrent dans la partie universitaire.

Afin de pallier les difficultés et l’échec de certains étudiants, la mission recommande de « recueillir un maximum de candidatures de haut niveau et donc de s’assurer que les PPPE soient bien connus des enseignants de lycée et des élèves de première et de terminale… ». « Toutes les licences n’ont pas le même degré de pertinence pour la formation de futurs PE. Les licences de sciences de l’éducation ou celles relevant des disciplines enseignées à l’école primaire devraient être privilégiées » complète le rapport.

Inquiétudes quant à la poursuite des études en MEEF

En termes de perspectives, certains chefs d’établissements et enseignants ont fait part de leur inquiétude sur la poursuite de scolarité de leurs étudiants et sur la possibilité pour ces derniers d’intégrer un master. Une inquiétude que ne partagent pas les auteurs du rapport, « tout porte à̀ croire que les étudiants qui auront suivi un PPPE disposeront des prérequis pour suivre un master MEEF… Certains INSPÉ réfléchissent déjà à cette intégration d’un public qui sera sans doute mieux préparé au master MEEF, tant sur les fondamentaux que sur les connaissances du système éducatif, que les étudiants accueillis actuellement ».

Peu de moyens alloués

Du côté des moyens, plusieurs proviseurs et enseignants auditionnés tenaient à souligner « les difficultés qu’ils rencontrent concernant les heures allouées par le rectorat, qui selon eux ne couvriraient pas l’intégralité́ des besoins ». La mission reconnaît « des écarts importants dans l’attribution des moyens selon les académies lors de la première mission, menée en début d’année universitaire ».

Les crédits de fonctionnement pour l’achat de livres, de matériels – les consommables – semblent aussi faire défaut. Une situation qui s’expliquerait par la non-comptabilisation des élèves de PPPE par les régions selon le rapport.

Pour la mission, le bilan des PPPE est plutôt positif. Elle préconise leur généralisation « Les besoins de recrutement importants que connait la France en professeurs des écoles – environ 10 000 recrutements chaque année – conduisent à̀ recommander de disposer de PPPE en mesure de fournir chacun une trentaine d’étudiants au master MEEF premier degré chaque année, ce qui nécessite que chacun accueille entre 40 et 50 étudiants en L1 compte tenu des abandons, des réorientations et des échecs ».

Les PPPE seront-ils la réponse à la pénurie de candidats au concours ? Il est bien trop tôt pour l’affirmer. Une formation spécifique pour les enseignants du premier degré laisse par ailleurs présager un décrochage par rapport aux professeurs du second degré.

Lilia Ben Hamouda

Extrait de cafepedagogique.net du 09.01.23

 

Effectifs, moyens, stages, attendus... Les difficultés de la mise en place du PPPE (IGESR)
“Les attendus de ce parcours sont considérés comme trop flous“ estime l’IGESR dans son dernier rapport concernant la mise en place du PPPE, parcours de formation spécifique proposé aux bacheliers “qui manifestent dès le baccalauréat le souhait de devenir professeurs des écoles.“

Quelles sont en effet les premières difficultés rencontrées en début d’année scolaire ? Alors que 25 PPPE ont été créés à la rentrée 2021, les inspecteurs généraux de l’Education nationale citent le cas de Grenoble, où les enseignants “s’interrogent sur le niveau auquel ils doivent conduire leurs élèves“ et constatent que “le choix initial du niveau à viser a été, pour presque toutes les disciplines, celui d’un enseignement de spécialité de fin de première“, et que “suite à un démarrage un peu trop ambitieux d’un point de vue disciplinaire, la progression et les contenus ont été revus à la baisse...“

Effectifs hétérogènes

Ils ont de même constaté à la rentrée dernière des effectifs “hétérogènes“, avec sept parcours préparatoires au professorat des écoles (soit 1/3) qui accueillaient moins de trente étudiants (de 5 à 29) en septembre, et une déperdition qui dès novembre a conduit “la moitié des PPPE“ dans une situation de sous effectif, alors que l’ “objectif plancher“ du cahier des charges prévoyait une cohorte de 30 à 40 étudiants / an par région académique. Aussi, pour les auteurs du rapport, “face à la baisse d’effectifs de certains PPPE, la question du recrutement en L2 doit être posée.“

Le PPPE est un parcours de licence qui s’appuie sur un partenariat fondé sur l’alternance lycée / université avec une universitarisation progressive, et qui conduit à la délivrance d’une licence dans la majeure disciplinaire de référence qui porte le parcours, avec un débouché naturel et privilégié vers le master MEEF. Mais l’IGESR constate que la détermination des licences supports des PPPE “n’a pas toujours été simple“, malgré la prédominance conforme au cahier des charges des mathématiques (9 binômes) et du français (7 binômes).

Elle note l’ “attractivité des PPPE, constatée au travers des vœux des lycéens“, liée au lieu d’implantation et à la licence support. Viennent en tête les PPPE adossés à une licence en Sciences de l’éducation, avec plus de 1 300 candidatures en moyenne exprimées sur Parcoursup, contre 399 en lettres et 285 en mathématiques. A noter que 86 % des étudiants ont un bac général, 10 % un bac technologique et 4 % un bac professionnel.

Organisation

Au niveau de l’organisation pédagogique, ce rapport indique que “des inquiétudes sont régulièrement exprimées s’agissant des PPPE adossés aux licences de mathématiques“, avec une fragilité des connaissances en la matière (induite par les retraits de certaines UE de mathématiques de la licence contraint par la part des enseignements de lycée dans le PPPE, ndlr) qui “ne permettra que difficilement d’envisager une autre poursuite d’études que le MEEF premier degré à l’issue de la licence“.

Les inspecteurs de l’Education nationale questionnent également les moyens humains et les crédits pédagogiques (par exemple le financement d’intervenants extérieurs, sorties scolaires, visites culturelles, etc..) expliquant que “le budget de fonctionnement du parcours n’a pas été pris en compte“, ce qui “interroge certaines équipes pour la montée en charge du dispositif sur les deux années à venir“.

Est également évoqué le calendrier de la formation, “resserré“ dans 10 PPPE qui ont conservé un calendrier sur 21 semaines (au lieu de 28, ndlr) et qui, avec sept heures de cours en plus chaque semaine, “entraine une surcharge de travail pour les étudiants“.

Stages

De nombreuses difficultés concernant l’organisation des stages des étudiants dans des écoles maternelles et élémentaires sont également mises en avant par la mission de l’IGESR, par exemple “le choix fait dans quelques académies de positionner les trois semaines de stage en toute fin d’année“, ou encore l’absence d’interlocuteurs institutionnels qui dans certaines académies qui "a pu conduire le proviseur et les étudiants à se mobiliser eux-mêmes pour trouver des lieux de stages.“

De même, “l’organisation et le financement du stage à l’étranger de quatre semaines en L3 interrogent et soulèvent une certaine inquiétude“, tout comme “l’attendu de ce stage, avec un cadrage que beaucoup trouvent encore trop flou“. Par ailleurs, “la durée de quatre semaines pose un problème de financement“, du fait que le soutien par Erasmus+ ne peut pas être envisagé pour une telle durée.

Le rapport de l’IGESR ici

Extrait de touteduc.fr du 22.03.22

 

EXTRAIT (page 5)

Liste des préconisations

Recommandations devant être portées par le niveau national
Recommandation n° 1 : Établir une cartographie des différents parcours de formation de licence préparant spécifiquement au métier de professeur des écoles, en relevant pour chacun d’eux le nombre d’heures dédiées au renforcement et à la didactique de chacune des disciplines enseignées à l’école primaire ainsi que le nombre de places offertes. Cette cartographie serait un outil d’aide au choix d’implantation de futurs PPPE, soit qu’il s’agisse de déployer davantage de PPPE là où aucune offre universitaire n’est proposée, ou a contrario, qu’il vaille mieux éviter l’implantation de PPPE qui viendraient concurrencer une formation de licence de qualité permettant déjà de couvrir les besoins académiques.
Recommandation n° 2 : Renforcer le développement des PPPE en privilégiant les académies aux besoins élevés : nombre de postes élevé au CRPE et ratio entre le nombre de candidats et le nombre de postes faible.
Recommandation n° 3 : Prévoir et financer une mission de coordination assurée par un professeur sur le modèle du professeur principal, pour la partie lycée du PPPE (avec une rémunération au prorata du temps passé au lycée par les étudiants de la L1 à la L3) ainsi que le financement d’une mission de coordination pour la partie université du PPPE.

Recommandations s’adressant aux recteurs
Recommandation n° 1 : Privilégier, en règle générale, une implantation du PPPE dans un lycée le plus proche possible de l’université. Cependant, sur certains territoires particuliers, il peut être intéressant, notamment lorsque plusieurs PPPE sont adossés à la même licence, de privilégier le choix de lycées de proximité, plus éloignés de l’université.
Recommandation n° 2 : Changer de licence support du PPPE, si des PPPE restent trop peu attractifs pendant deux années consécutives (moins de 250 candidats).
Recommandation n° 3 : Mettre en place, dès cette année, des outils de suivi, année après année, pour les deux premières cohortes de PPPE en anticipant les indicateurs pertinents : réorientations et décrochage tout au long du parcours, orientation des étudiants à l’issue de la L3, taux d’accès au master MEEF premier degré, taux de réussite au concours (CRPE).

Recommandations s’adressant aux pilotes de PPPE
Recommandation n° 1 : Mettre en place un comité de pilotage du PPPE comprenant des représentants des quatre entités : université, lycée, INSPÉ et rectorat.
Recommandation n° 2 : Organiser les enseignements du lycée, hors stage, sur un calendrier de 28 semaines.
Envisager la répartition de certains enseignements sur un semestre seulement afin de garantir un horaire hebdomadaire suffisant et d’éviter une dispersion trop grande des séances d’enseignement.
Recommandation n° 3 : Privilégier une répartition des stages sur l’année universitaire, en évitant tout
particulièrement les stages massés en fin d’année. Privilégier une première semaine de stage dès le premier trimestre de L1 afin de renforcer le caractère professionnalisant du PPPE.
Recommandation n° 4 : Éviter de préempter l’intégralité de l’enveloppe de l’accompagnement individualisé dès le début de l’année afin de pouvoir répondre aux besoins de suivi individualisé émergeant en cours d’année, ainsi qu’aux besoins d’accompagnement individualisé dans le cadre des stages dans les écoles.
Recommandation n° 5 : Limiter à deux stagiaires au maximum, le nombre d’étudiants effectuant un de leurs stages dans une même classe.

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