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Voie professionnelle : Les syndicats face au silence de Pap Ndiaye (Café pédagogique)

13 octobre 2022

Voie professionnelle : Les syndicats face au silence de Pap Ndiaye

Dans une lettre ouverte du 10 octobre, les secrétaires généraux de 7 syndicats (Cgt, Fsu, Unsa, Snetaa FO, Snalc, Sud et Cnt) interpellent Pap Ndiaye sur son silence à propos de la réforme de la voie professionnelle. Un silence qui souligne la position du ministre et de la réforme... et qui inquiète pour la suite de la concertation.

Qui a en charge l’enseignement professionnel ?

"L’ensemble des syndicats signataires expriment leur étonnement devant votre absence d’expression vis-à-vis des annonces sur la réforme de la voie professionnelle", écrivent les secrétaires généraux des 7 syndicats (Cgt, Fsu, Unsa, Snetaa FO, Snalc, Sud et Cnt) dans leur lettre ouverte du 10 octobre. " Les personnels des lycées professionnels découvrent au fil des interventions présidentielles les mesures phares d’une réforme qui s’impose sans concertation".

Ce silence a crevé l’écran le 13 septembre, quand E Macron a longuement présenté sa réforme du lycée professionnel dans un lycée des Sables d’Olonne devant un ministre de l’éducation nationale muet. Pap Ndiaye s’est exprimé fin juin sur la réforme en visitant le lycée des arts du bois à Moirans (Jura) où il a repris les grandes lignes du projet présidentiel.

Quelques jours plus tard, début juillet, C Grandjean est nommée ministre de l’enseignement et la formation professionnelle sous la double tutelle du Travail et de l’Education nationale. Un positionnement qui ramène l’enseignement professionnel un siècle en arrière, le rattachement, symboliquement très fort, à l’Education ayant été atteint dans les années 1920. Le 13 juillet devant la commission éducation du Sénat, Pap Ndiaye juge utile de préciser que "le ministère garde la main sur l’enseignement professionnel". Mais le 26 août, lors de sa conférence de presse de rentrée, P Ndiaye laisse C Grandjean intervenir sur le lycée professionnel et sa réforme. La veille, E Macron s’était exprimé sur le sujet.

Une réforme rejetée par la profession

Le silence de P Ndiaye le 13 septembre ou le 26 août montre que ce dossier est géré par l’Elysée et par C Grandjean. La part que peut y prendre P Ndiaye reste à établir et c’est sans doute le sens de la lettre que lui envoient les syndicats.

Parce que ceux-ci sont unanimement hostiles à la réforme du lycée professionnel. " L’augmentation du temps de stage entrainera moins d’heures d’enseignement dans nos lycées. Quelles seront les disciplines définies comme « fondamentales » ? Que deviendront alors les collègues des disciplines abandonnées ? La volonté de renvoyer la ventilation du volume d’enseignement général au niveau local impliquerait une remise en cause du caractère national des diplômes professionnels", écrivent-ils. " La diminution du temps scolaire et la disparition de certaines formations avec la restructuration des cartes de formation percuteront les enseignant·es de matières professionnelles pour qui le président a déjà annoncé un vaste plan de reconversion. L’expérience vécue dans ce domaine par nos collègues de Gestion-Administration nécessite des engagements fermes du ministère pour permettre de vraies reconversions et se donner les moyens d’une vraie politique RH."

Face à une réforme de cette ampleur, qui veut totalement réorienter l’enseignement professionnel d’un dispositif d’enseignement vers un outil d’insertion piloté en grande partie par les entreprises locales, ce n’est sans doute pas par hasard que les syndicats cherchent un interlocuteur.

" Nos organisations syndicales attendent des réponses de votre part aux inquiétudes d’une profession déjà fatiguée et malmenée par la réforme de 2018", écrivent les syndicats. Mais le vrai interlocuteur semble inaccessible. Et les rencontres avec C Grandjean, si l’on en croit les comptes rendus syndicaux, ont été très décevant.

Cette situation ne s’installe pas par hasard. L’Elysée s’est donné le moyen d’avoir, par le ministère de C Grandjean, accès aux services du ministère pour faciliter la mise en place de la réforme, tout en brouillant les responsabilités. La riposte syndicale pourrait être tout autant efficace : tous les syndicats de la voie professionnelle appellent à la grève le 18 octobre.

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 11.10.22

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