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Les inégalités sociales, de l’école primaire à la fin du collège (Observatoire des inégalités)

27 février 2023

ANALYSE
Les inégalités sociales, de l’école primaire à la fin du collège
Dès le primaire, les enfants d’origine sociale défavorisée obtiennent en moyenne de moins bons résultats que les enfants de cadres. On retrouve ces écarts au collège et ils déterminent l’orientation de fin de troisième.

SYNTHÈSE
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Dès le plus jeune âge, les résultats des élèves sont liés en partie au milieu social de leurs parents. Les écarts se creusent au fil de la scolarité car le système scolaire français cherche davantage l’excellence d’une minorité de très bons élèves qu’à tirer vers le haut les enfants en difficulté. Pour le comprendre, observons ce qui se passe au fil des années, dès le CP et jusqu’en classe de seconde.

Faute d’évaluations récentes, on manque de données sur ce qui se joue à l’école maternelle, même si on sait que les tout-petits ont une maitrise inégale du vocabulaire, par exemple. Sur 100 mots proposés, les enfants de deux ans dont la mère avait un niveau de fin de troisième en connaissaient 70, contre 80 pour ceux dont la mère avait au moins une licence (données Ined 2011) [1]. En début de CP (graphique 1), 46 % des élèves inscrits dans les écoles des territoires où les difficultés sociales sont les plus grandes (réseaux d’éducation prioritaire +) ont un niveau satisfaisant en résolution de problèmes mathématiques, contre 70 % des élèves des écoles situées hors de ces territoires (ministère de l’Éducation nationale, données 2020). 42 % des premiers ont une bonne compréhension des mots à l’oral contre 75 % des seconds [2]. Une partie des écarts est déjà constituée.

La suite de la scolarité ne permet pas aux moins favorisés de rattraper les autres. Au cours du primaire, les enfants de milieux privilégiés progressent bien davantage, comme le montre une étude du ministère de l’Éducation nationale qui a suivi les mêmes élèves du CP (en 2011) au CM2 (en 2016). Parmi le groupe des enfants au niveau scolaire le plus faible, seulement 16,1 % de ceux dont les parents sont défavorisés (voir encadré) ont connu une évolution très positive de leur niveau en mathématiques arrivés en CM2, contre 45 % pour ceux des milieux favorisés (graphique 2). 58 % des premiers sont restés dans le groupe des plus faibles, soit deux fois plus que les seconds (27,5 %). Pour l’évolution des résultats en français entre le CP et le CM2, le constat est similaire.

Arrivés en sixième (graphique 3), 98 % des enfants des milieux favorisés ont une maitrise satisfaisante ou très bonne des compétences demandées en français contre 76 % des enfants de milieux défavorisés. En mathématiques, l’écart est spectaculaire : 91 % des jeunes favorisés maitrisent les compétences contre seulement la moitié des jeunes de milieux défavorisés. En dépit de l’unification des filières à partir de la classe de sixième, amorcée dès les années 1970, une partie des élèves en difficulté sont inscrits dès la sixième en section d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa). Les enfants de classes populaires (ouvriers, employés et inactifs) représentent la moitié des effectifs au collège, mais plus de 80 % des élèves des Segpa (données 2021, voir le tableau 1 ci-dessous). On ne compte dans cette filière que 2 % d’enfants de cadres supérieurs, dix fois moins que leur poids (23 %) dans la population totale des élèves. Le collège ne donne pas les moyens aux enfants des milieux populaires de se rattraper : de la sixième à la seconde (graphique 3), l’écart de niveau en français et en mathématiques entre les 20 % d’enfants de milieux favorisés et les 20 % d’enfants défavorisés s’accroit même légèrement.

La sélection se faisait autrefois en fin de primaire, après le fameux « certificat d’études » qui signifiait pour beaucoup la fin de la scolarité. Elle s’effectue désormais pour l’essentiel en fin de troisième, au moment du passage entre le collège et le lycée. Les enfants d’ouvriers et de cadres supérieurs représentent les mêmes proportions au collège, 23 % pour chaque catégorie. En seconde générale et technologique, les premiers ne sont plus que 18,7 %, mais ils constituent un tiers des jeunes inscrits en CAP et en bac pro. Les seconds constituent 26 % des jeunes de seconde générale et technologique, et seulement 3,9 % de ceux de CAP et 7,4 % des bacs pro. Ces différences de composition sociale sont liées aux résultats scolaires, mais aussi au fait qu’à niveau équivalent, les élèves de catégories populaires sont plus souvent orientés dans l’enseignement professionnel que les enfants des cadres supérieurs.

Peut mieux faire [...]

Extrait de inegalites.fr du 23.02.23

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