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Capital culturel et inégalités sociales. Morales de classe et destinées sociales, par Georges Liénard et Émile Servais, ENS Éditions, octobre 2022 (avec une note de La Vie des idées du 15.05.23)

16 mai 2023

Capital culturel et inégalités sociales
Morales de classes et destinées sociales

Georges Liénard et Émile Servais
Bibliothèque idéale des sciences sociales
ENS Editions, octobre 2022

La (re)parution dans la Bibliothèque idéale des sciences sociales (Bi2S) de l’ouvrage de Georges Liénard et Émile Servais donne enfin à connaître à la communauté scientifique une enquête injustement méconnue. En effet, s’il a été publié en 1978 en Belgique aux éditions Vie ouvrière, ce livre a peu circulé en France. Il s’agit donc presque d’y donner accès pour la première fois.
Issu d’une thèse de sociologie réalisée en binôme, il rend compte de l’une des premières enquêtes sur la socialisation des enfants conduite au domicile des familles de différentes classes sociales. La nouvelle préface de Stéphane Bonnéry, après celle originelle de Jean Remy et Jean-Claude Chamboredon, ainsi que la postface de Georges Liénard, Éric Mangez et Hugues Draelants soulignent son caractère précurseur pour la sociologie de l’éducation et des enfants.
Étude de la variation des formes de socialisation selon la position sociale, le livre est une tentative pour lier une ethnographie des pratiques éducatives dans les différentes classes et une sociologie des morales de classe.
À partir de la description de la socialisation, de la perspective temporelle où elle s’inscrit, des représentations de l’avenir objectif qu’elle suppose, de la vision du travail et de la position sociale de la famille qui l’accompagne, l’analyse sociologique tend à montrer en quoi l’apprentissage social est aussi un apprentissage de la position sociale, la socialisation une intériorisation de la position sociale.

© ENS Éditions, 2022

Extrait de books.openedition.org d’octobre 2022 (avec une préface de Stéphane Bonnéry et la table des matières)

 

Wallons enfants de la fratrie. À propos de : Georges Liénard et Émile Servais, Capital culturel et inégalités sociales. Morales de classe et destinées sociales, ENS Éditions

Si Bourdieu et Passeron ont mis en évidence comment l’institution scolaire favorise les « héritiers », d’autres travaux ont montré comment la transmission se joue au sein des familles. L’une de ces enquêtes pionnières, réalisée outre-Quiévrain, republiée 45 ans après, n’a rien perdu de sa portée.

Il est des classiques que tout le monde connaît et que (presque) personne n’a lus. Et d’autres que peu de gens connaissent, mais que tout le monde devrait lire. L’ouvrage de Georges Liénard et Émile Servais faisait jusqu’à présent partie de la seconde catégorie, dans l’Hexagone du moins. Issu d’une thèse de sociologie effectuée en binôme, Capital culturel et inégalités sociales a en effet été publié en Belgique en 1978. Soit un an avant la parution de La Distinction de Pierre Bourdieu et deux avant celle de La Reproduction de ce dernier avec Jean-Claude Passeron, vis-à-vis desquels il présente de fortes similitudes, tant sur le fond que sur la forme. Cela n’est pas complètement fortuit, car comme le raconte Georges Liénard dans un entretien publié en postface de cette nouvelle édition, les deux comparses avaient fréquenté le Centre de sociologie européenne alors dirigé par Bourdieu et longuement échangé notamment avec Jean-Claude Chamboredon, auteur avec Jean Rémy, leur « promoteur », de la préface de l’édition originale. L’épithète de « salutaire » qu’emploie Stéphane Bonnéry dans la nouvelle préface qui accompagne cette réédition française, pour qualifier cette dernière n’apparaît à la lecture pas si emphatique, tant les analyses qui développent les auteurs gardent toute leur acuité et leur intérêt pour quiconque s’intéresse aux mécanismes fins de la reproduction sociale près d’un demi-siècle après l’enquête sur laquelle elles prennent appui.

De la classe à la maison
La réédition numérique « augmentée » et en accès libre de cet ouvrage que propose aujourd’hui Bibliothèque idéale des sciences sociales arrive ainsi à point nommé pour réparer une lacune de la sociologie française de l’éducation, et au-delà pour alimenter le débat public sur cette thématique, trop souvent focalisé sur la seule institution scolaire. Là où Bourdieu et Passeron s’étaient eux-mêmes concentrés sur cette dernière, Liénard et Servais proposent en effet de déplacer la focale sur les familles, à partir de l’étude approfondie de 80 d’entre elles résidant dans la région de Liège, en Wallonie, auprès desquelles ils ont combiné entretiens approfondis, observations et passation de questionnaires pour saisir simultanément la structure familiale, l’organisation de la vie domestique et les pratiques éducatives.

L’ouvrage s’organise de manière apparemment assez classique en trois parties, qui s

Extrait de laviedesidees.fr du 11 mai2023

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