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Renoncer au collège unique ou réparer le vice de forme initial ?
TRIBUNE
Jean-Paul Delahaye
inspecteur général honoraire
Jean-Paul Delahaye déplore, dans cette tribune à « l’Obs », l’abandon acté par le gouvernement du projet d’émancipation collective que sous-tendait le collège unique. Tout en soulignant que rien n’a été fait, à gauche comme à droite, pendant cinquante ans pour permettre à ce projet de prendre réellement corps.
Jean-Paul Delahaye, inspecteur général honoraire, a gravi tous les échelons de l’Education nationale, de l’école normale d’instituteurs d’Amiens à la direction de l’administration sous Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale de 2012 à 2014, avec lequel il a lancé la dernière tentative (avortée) de réforme du collège en 2013.
Le ministre de l’Education nationale Gabriel Attal a annoncé le 5 décembre que, dès la rentrée prochaine, les collégiens français seraient séparés en trois groupes de niveaux – en français, en mathématiques et peut-être même en langues – pour rehausser le niveau général et en finir avec l’échec scolaire. Le constat n’est pas totalement erroné : oui, les difficultés rencontrées à l’entrée au collège par environ 20 % des élèves, massivement issus des milieux populaires, résultent en grande partie de l’organisation de notre système scolaire. Mais la réponse qui paraît de bon sens est en réalité hors sujet : faire porter la responsabilité de ces difficultés aux élèves les plus fragiles et à leurs familles à qui on promet redoublement et groupe de niveau faible, en attendant l’uniforme, plus commode pour cacher les inégalités plutôt que de les combattre, est même d’un cynisme insupportable.