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[...] Par ailleurs « dans certains territoires, la population change.Certains établissements qui sont actuellement en zone d’éducation prioritaire ne devraient pas y être alors que d’autres si », affirme la sociologue de l’éducation, Marie Duru-Bellat. Ce qui impose, selon elle, de revoir périodiquement la carte de l’éducation prioritaire. « Il faut un découpage des zones plus finement élaboré car certains établissements voisins n’accueillent pas la même population », souligne aussi Cynthia Frenet, chargée d’étude à l’Institut français d’éducation.
Un turn-over trop massif dans les équipes
Dans beaucoup d’établissements situés en zone d’éducation prioritaire, les équipes enseignantes restent peu de temps en poste. « Cela ne permet pas d’avoir un continuum dans les projets et d’assurer un bon suivi de la scolarité des élèves », souligne Cynthia Frenet. Un avis que partage Marie Duru-Bella qui estime aussi qu’il faudrait attirer davantage d’enseignants expérimentés dans ces établissements : « L’incitation financière a ses limites, surtout dans la situation économique actuelle, mais il faudrait surtout diminuer les temps de service des enseignants afin de leur libérer des heures pour travailler en équipe et rencontrer les parents », suggère-t-elle.
Des pratiques pédagogiques à améliorer
Pour Marie-Duru Bellat, « les enseignants n’ont pas le temps d’évaluer les pédagogies qu’ils mettent en œuvre. Or, leur efficacité dépend vraiment des publics concernés ». Elle suggère aussi de diminuer les effectifs part classe dans les zones particulièrement défavorisés et de développer le dispositif plus de maîtres que de classe.
Des équipes insuffisamment accompagnées
« Les chefs d’établissements sont parfois parachutés dans des établissements de l’éducation prioritaire sans l’avoir demandé. Il ne sont pas suffisamment formés à la gestion spécifique de ces établissements », souligne Cynthia Frenet. Idem pour les enseignants qui y démarrent souvent leur carrière. « Il est donc impératif de renforcer leur formation initiale et continue afin de mieux prendre en compte la difficulté scolaire », insiste Marie Duru-Bellat.
Extrait de 20minutes.fr du 16.01.14 : Pourquoi faut-il réformer l’éducation prioritaire ?
Interrogée par le Café pédagogique, Agnès van Zanten voit dans la mesure phare une occasion intéressante. "La décharge horaire parait justifiée compte tenu des difficultés spécifiques à enseigner en zep", nous dit-elle. "Mais il y a un risque qu’elle soit perçue comme une simple compensation n’impliquant aucun changement dans la façon de faire. Il faut que les équipes soient accompagnées pour tirer profit de ces deux heures de décharge".
Interrogé par le Café, Philippe Meirieu est favorable à la décharge mais a un doute sur l’accompagnement. "Le vivier de formateurs a été vidé sous les ministres précédents et je ne vois dans les rectorats que des cadres très institutionnels et peu sensibles au terrain. Il va falloir recruter et former des référents et coordonnateurs".
Extrait de cafepedagogique.net du 16.01.14 : Education prioritaire : Le plan Peillon
Plusieurs éléments "n’ont pas fonctionné", selon Éric Charbonnier, spécialiste de l’éducation à l’OCDE, citant l’effet "stigmatisant" du mot "ZEP" ou l’affectation de "jeunes enseignants inexpérimentés", pas préparés pour enseigner à des élèves "plus en difficulté qu’ailleurs".
La politique d’éducation prioritaire "est loin d’avoir atteint ses objectifs", confirme le sociologue Pierre Merle. Les établissements "n’ont pas eu beaucoup plus" de moyens. "Parfois, on peut penser qu’ils ont eu moins", ajoute-t-il, citant le faible taux de scolarisation des enfants de deux ans en Seine-Saint-Denis, département le plus en difficulté, ou l’affectation de professeurs en début de carrière, moins payés et moins expérimentés. Ces établissements "sont particulièrement sous-dotés" en options linguistiques, souligne Pierre Merle. Et le label éducation prioritaire "favorise les stratégies de fuite des enfants des catégories moyennes et aisée
Reste que, selon la sociologue Agnès Van Zanten, le catalogue de mesures n’agit pas sur la mixité sociale, pourtant essentielle : il faut, explique-t-elle, que ces établissements soient "assez attractifs pour qu’une fraction des classes moyennes accepte de rester". Agnès Van Zanten craint que les enseignants perçoivent tout assouplissement de leur temps de travail comme "une petite compensation" compte tenu des difficultés qu’ils rencontrent. Bref, un petit pansement sur une plaie béante.
Extrait de lepoint.fr du 15.01.14 : Des moyens pour les ZEP
Comment stabiliser les équipes en éducation prioritaire ? Comment améliorer l’enseignement ? (vidéo, 1:35)
Extrait de cafepedagogique.net du 15.01.14 : Enregistrer la vidéo