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Rapport Grande Pauvreté : le dossier du Café avec interview de Jean-Paul Delahaye (qui fait des références à l’éducation prioritaire)

13 mai 2015

"Osons être inégalitaires en moyens pour être égalitaires en réussite et, au fatalisme, préférons la solidarité pour une école inclusive et la réussite de tous les élèves". Ce pari c’est celui que Jean-Paul Delahaye propose à l’Education nationale. Dans un copieux rapport publié le 12 mai, l’ancien directeur de l’enseignement scolaire livre ce qu’il sait sur la façon dont l’Education nationale accommode les pauvres. Il ne s’en tient pas à des révélations déjà retentissantes, il livre un véritable programme qui, en 66 préconisations, doit permettre à l’école française de réussir à intégrer ses pauvres. On a attendu longtemps le "Pisa choc" capable de laver l’affront d’avoir le système éducatif le plus inégalitaire des pays développés. Jean-Paul Delahaye vient de le donner.

[...] Des moyens pour les quartiers populaires
Il aborde la question des moyens de façon plus globale. En attendant que le système soit devenu plus égalitaire il va bien falloir affecter des moyens supplémentaires dans les établissements qui accueillent des familles populaires. JP Delahaye n’hésite pas à lever des tabous : oui il faut des enseignants expérimentés en Rep et pour cela il va falloir les payer mieux (il parle de coefficient démultiplicateur du salaire). Oui il faudra diminuer le nombre d’élèves par classe en Rep+. Il demande aussi à scolariser davantage d’enfants de moins de 3 ans en rep et à renforcer les Rased. Pour financer cela, il envisage la réaffectation des économies réalisées avec la suppression du redoublement (mais on sait grâce au Cnesco que l’opération ne rapporte pas tout de suite). Il soulève un autre tabou en invitant à prélever sur le lycée des moyens à réaffecter au primaire. Il demande que les dotations des établissements tiennent compte de leur degré de mixité sociale y compris dans le privé.

Extrait de café pédagogique.net du 13.05.15 : Le rapport Delahaye veut ouvrir l’Ecole aux familles populaires

 

Le fait du jour
Jean-Paul Delahaye : "Refonder l’école, c’est faire réussir les plus pauvres"

Faut-il concentrer les moyens sur des écoles spéciales pour les plus pauvres ? Faut il une pédagogie officielle pour ces enfants ? Doit-on transférer des moyens du lycée vers le primaire ? Jean-Paul Delahaye revient sur les points les plus importants de son rapport.

[...] Et, effectivement, parmi ces points d’attention, et quelle que soit la démarche retenue (cous magistral dialogué, exercice autonome, etc.), il y a celui qui consiste à veiller à ce que les élèves aient toujours une claire conscience des buts des tâches scolaires (ce qu’ils ont à faire), des apprentissages visés (ce qu’ils vont apprendre), des procédures utilisées pour apprendre, des progrès qu’ils vont réaliser, etc. C’est ce qu’on appelle en effet une pédagogie explicite qui n’est en rien une "pédagogie officielle" mais qui n’est qu’un des fondements du métier d’enseignant, qui s’apprend en formation initiale et qui se perfectionne en formation continue, notamment grâce à la recherche.

Vous invitez à "oser une inégalité de moyens". Mais c’est déjà ce qu’annonce le ministère avec la politique d’affectation des moyens et l’éducation prioritaire. Faut-il aller plus loin ? Renforcer les moyens des Rep ? Augmenter leur nombre ?

Les nouvelles modalités d’attribution des moyens en fonction de critères sociaux, la relance de l’éducation prioritaire avec 350 millions d’euros supplémentaires, la priorité à l’école primaire qu’il faut maintenir, sont des axes essentiels pour réduire les écarts de réussite dans notre système éducatif. Ces moyens nouveaux permis par la création de 54 000 postes jusqu’en 2017 marquent l’engagement déterminé de la Nation en faveur de son école dans un contexte budgétaire que tout le monde connaît.

Mais tant que les conditions d’enseignement de certaines écoles et établissement demeureront aussi difficiles, il y aura nécessité d’un accompagnement encore renforcé. Une des priorités, par exemple, est d’affecter des enseignants bien formés et expérimentés dans les écoles et établissements difficiles et cela représente un investissement financier. De la même manière, la question des effectifs d’élèves scolarisés dans les classes des écoles et des établissements qui connaissent des difficultés particulièrement importantes ne peut être éludée.

La mission a pu observer à la fois combien était essentiel pour la réussite de tous un effectif par classe adapté aux difficultés rencontrées, mais aussi combien étaient sans effets des effectifs réduits sans évolution des pratiques pédagogiques. Aussi, l’effort de solidarité supplémentaire qu’il conviendrait d’accomplir pour donner des conditions d’enseignement et d’apprentissage plus favorables encore devra s’accompagner d’une réflexion pédagogique offrant toutes les garanties d’efficacité dans le cadre d’une contractualisation avec les autorités académiques.

[...] Vous invitez a renforcer l’éducation prioritaire. Mais pour être efficace, faut-il éduquer à part les enfants des quartiers populaires ou courir après la lune d’une mixité sociale dont, semble-t-il, les Français ne veulent pas ?

La mixité sociale profite à tous les élèves. On sait que, quel que soit le type d’établissement, les élèves issus des catégories favorisées réussissent le mieux, ce qui ne surprend pas. Mais on sait aussi que les élèves issus des catégories défavorisées réussissent mieux lorsqu’ils sont scolarisés dans les établissements dont la mixité est la plus forte.
La question peut aussi être posée de cette manière : dans l’école de la République, une partie de la population scolaire peut-elle être longtemps tenue à l’écart et se voir condamnée à des scolarités courtes ou incomplètes conduisant au décrochage sans poser de problèmes à la République elle-même ? Quelle société préparons-nous si nous ne parvenons pas à faire vivre et à faire apprendre ensemble, au moins pendant le temps de la scolarité obligatoire, dans des établissements hétérogènes, toute la jeunesse de notre pays dans sa diversité ?

[...] Si refonder l’école, c’est corriger les inégalités au sein du système éducatif, alors refonder l’école, c’est faire réussir les plus pauvres. La refondation concerne bien sûr tous les élèves et il n’est pas question de réduire les écarts en baissant le niveau des meilleurs. Refonder l’école, ce n’est pas niveler par le bas, c’est élever le niveau de tous en centrant l’attention du système éducatif en priorité en direction des plus fragiles, ceux dont les destins scolaires sont liés à leur origine sociale. Et tout le monde y gagnera, y compris les élites, dont la base sociale est trop étroite.

Extrait de cafepedagogique.net du 13.05.15 : Jean-Paul Delahaye : "Refonder l’école, c’est faire réussir les plus pauvres

 

Voir aussi
Sortie du livre "La Mixité sociale à l’école", par Choukri Ben Ayed (Armand Colin. 8 avril 2015)

Dans les annexes du rapport Grande pauvreté : Comment reconnaître un enfant pauvre ? - Qu’est-ce que la pédagogie explicite ?

Voir aussi
Pauvreté, Aide sociale (gr 5)/

 

"Si la Refondation de l’École veut être une réalité, il est nécessaire d’aller plus loin sur nombre de questions : mixité sociale, formation et prise en compte de la recherche, rôle des parents, soutien et accompagnement des équipes pédagogiques..." La Fsu réagit à la publication du rapport sur la grande pauvreté publié par JP Delahaye le 12 mai en souhaitant "qu’il ne reste pas lettre morte". "La FSU poursuit son engagement en ce sens. Car si l’École ne peut pas tout alors que la société reste marquée par les inégalités et la pauvreté, elle doit pour autant tout faire pour jouer tout son rôle."

Extrait de cafepedagogique.net du 15.05.15 : Grande pauvreté : La FSU salue le rapport Delahaye

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