> II- EDUCATION PRIORITAIRE (Politique. d’) : Types de documents et Pilotage > EDUC. PRIOR. TYPES DE DOCUMENTS > Educ. prior. (Déclarations officielles) > Emmanuel Macron, l’égalité des chances et l’EP : "Mêmes inégalités de (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Emmanuel Macron, l’égalité des chances et l’EP : "Mêmes inégalités de situation" entre les quartiers populaires et les zones rurales

14 septembre 2020

Macron et l’égalité des chances
Alors que la crise sanitaire amène une crise économique d’une ampleur inédite, E Macron doit faire face à la question de l’accompagnement des jeunes. Il a choisi le 8 septembre, à Clermont Ferrand de le faire en reprenant les termes et les dispositifs sarkoziens. Il a présenté les mesures du Plan jeunes. Il l’a fait en reprenant l’idée de l’égalité des chances et des dispositifs portés par son ministre de l’éducation avant 2012 et dont l’efficacité n’est pas démontrée.

Le plan jeunes

"Ce contexte qu’on vit va nous permettre de mieux répondre à ce défi de l’égalité des chances". Le contexte est bien connu : une récession économique particulièrement brutale en France : selon l’OCDE, seules l’Espagne et le Royaume Uni font pire en Europe. La baisse du PIB est double en France de la moyenne européenne. Elle se traduit par une montée rapide du chômage qui va toucher en priorité les 800 000 jeunes qui arrivent sur le marché du travail. A cela s’ajoute le problème scolaire de l’accompagnement de jeunes qui ont été partiellement déscolarisés avec des écarts de niveau importants.

Pour eux le plan jeunes reste fort modeste dans le plan de relance et la part d el’éducation encore plus faible. Ce plan décline un fort soutien financier à l’apprentissage : "l’Etat paye le coût pour l’employeur" dit E Macron grace à une prime de 8000€ par apprenti dont les effets pervers commencent à se dessiner. Il y a aussi le doublement des services civiques dont une partie, 2500 selon JM BLanquer, arrivent dans les écoles primaires.

Les mesures Blanquer

E Macron a vanté des mesures mises en place par JM Blanquer. C’est le cas des "campus d’excellence" dont on distingue mal encore les effets. Le président a longuement insisté sur les cordées de la réussite : "repérer des jeunes en fin de collège et leur permettre d’être particulièrement accompagnés". Les cordées de la réussite passeront de 80 000 jeunes à 200 000 annonce le président. Une instruction publiée au BO du 27 août annonce 180 000 jeunes et montre que ce sera financé essentiellement sur les crédits 2d degré. Autre idée de JMBlanquer revenue du passé, les internats d’excellence : chaque département aura le sien, soit un doublement.

Enfin le président a présenté sa conception de l’éducation prioritaire qui inspire la réforme en cours : "j’ai la conviction que les inégalités de situation sont les mêmes" entre les quartiers populaires et les zones rurales. "Quand vous êtes en banlieue parisienne en difficulté vous êtes très loin de la capitale car vous n’avez pas de transports publics. Et c’est vrai d’un jeune de votre département" du Puy de Dôme.

Egalité des chances vs démocratisation

Ainsi reviennent une idéologie, l’égalité des chances, et des dispositifs (internats d’excellence, cordées) revenus du passé après une éclipse entre 2012 et 2017. En 2013, C Lelièvre montrait l’opposition entre égalité des chances et démocratisation en reprenant le spropos d’Henri Wallon. "Il y a deux façons de concevoir l’enseignement démocratique. Il y a d’abord une façon individualiste : c’est poser que tout enfant, quelle que soit son origine sociale, doit pouvoir, s’il en a les mérites, arriver aux plus hautes situations […]. C’est en fait une conception qui reste individualiste en ce sens que, si les situations les plus belles sont données aux plus méritants, il n’y a pas, à tout prendre, une élévation sensible du niveau culturel pour la masse du pays. Aujourd’hui, nous envisageons la réforme démocratique de l’enseignement sous une forme beaucoup plus générale... La conception démocratique de l’enseignement qui envisage une élévation totale de la nation quelle que soit la situation occupée, ou plutôt quel que soit le travail et quelles que soient les fonctions qu’auront à accomplir tous les individus de la société, exige – elle – que, selon ses aptitudes naturelles, chacun ait accès à la culture la plus élevée".

On comprend mieux le renoncement démocratique qui est derrière l’iéde d’égalité des chances, grâce à un tweet de P Meirieu. "Cette idée que la démocratisation de l’école et de la sociéte suppose simplement de repérer des talents renvoie à une forme d’innéisme fataliste. L’éducation consiste plutôt à faire émerger des talents chez des personnes capables de coopérer". C’est l’idée que la valeur d’une société n’est pas la somme de talents particuliers mais la capacité de la société à faire coopérer ses membres.

Le soutien financier décidé par le président aux cordées et aux internats d’excellence est confondant. Contrairement à ce que dit E Macron, l’efficacité des cordées de la réussite n’est pas démontrée. Un rapport de l’Inspection générale de 2012 signalait des dérapages et des anomalies , comme le fait d’être davantage présent dans les lycées favorisés (et très peu en L.P.). Une étude de l’Acsé en 2011 confirmait que le dispositif était détourné de ses objectifs initiaux. E Herbeaux avait pu montrer que les politiques du mérite ne fonctionnent pas.

Quant aux internats d’excellence, ils avaient été retoqués en 2013 par leministère en raison de leur cout et surtout de leur conception même. "Peut-on construire une politique de réussite scolaire pour tous en protégeant les méritants de tous les autres ?", demandait JP Delahaye. La question va revenir tout au long de cette fin de quinquennat.
F Jarraud

 

Education, formation : des dispositifs amplifiés pour "l’égalité des chances"

“Le fil rouge de cette relance, c’est d’investir sur notre jeunesse”, a insisté Emmanuel Macron ce mardi 8 septembre devant un parterre de lycéens masqués, lors de son déplacement dans un lycée professionnel en Auvergne, consacré à l’enjeu de "l’égalité des chances". Faisant valoir un "investissement" de 6,5 milliards d’euros pour qu’il n’y ait aucun jeune sans solution - ce qui correspond au plan jeunes annoncé fin juillet -, il a évoqué l’élargissement de dispositifs tels que les cordées de la réussite, les internats d’excellence ou les campus d’excellence.

Extrait de cafepedagogique.net du 09.09.20

 

Extrait de banquedesterritoires.fr du 08.09.20

Voir le mot-clé Concepts et labels : Educ. prior, Discrimin. positive, Egalité des chances...

Répondre à cet article