> Education prioritaire (TYPES DE DOCUMENTS) > Educ. Prior. (Audio visuel : films, TV, radio) > Carte de l’EP, groupes de niveau, mixité sociale... : les déclarations de (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Carte de l’EP, groupes de niveau, mixité sociale... : les déclarations de Nicole Belloubet à l’AN (Le Café, ToutEduc)

28 mars

Éducation dans les territoires : Nicole Belloubet annonce sa feuille de route
28 mars 2024
par
Jean Damien Lesay pour Localtis

Le remaniement de la carte scolaire, notamment dans les zones rurales et en REP, figure sur la feuille de route de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale. Nicole Belloubet entend s’emparer des sujets délicats tout en faisant preuve de prudence dans ses annonces.

Extrait de banquedesterritoires.fr du 28.03.24

 

Belloubet : Entre Jaurès et Attal…

Pour une première audition par la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée, le 27 mars, Nicole Belloubet fait preuve d’humour et d’une grande aisance. Elle veut surtout montrer qu’elle est aux affaires. Elle apporte des précisions sur les questions du jour. Ce sont 2830 emplois ETP qui seront affectés aux groupes dans les collèges, en espérant trouver les contractuels nécessaires. Sur le mouvement du 93, la ministre estime que beaucoup a déjà été fait et promet le paiement de la prime de fidélisation en mai. La réforme de la formation initiale n’est pas encore arbitrée. Et c’est avec prudence qu’elle veut avancer sur la mixité sociale à l’École ou la réforme de la carte de l’éducation prioritaire…

Une ministre à l’aise

Invitée à choisir entre l’école de Jaurès et celle d’Attal par le député écolo Benjamin Lucas, Nicole Belloubet cite de mémoire la Lettre aux instituteurs de Jaurès… en ajoutant que c’est cela que veulent le président de la République et le Premier ministre. “J’utiliserai ma latitude d’action (de ministre) dans la ligne du président de la République et du gouvernement“, dit-elle aussi. En réponse au député RN Roger Chudeau qui dresse un tableau apocalyptique de l’École , elle répond que “ce n’est pas une débâcle, mais une renaissance“… Incontestablement, N. Belloubet est à l’aise pour répondre aux députés. Elle charme par ses réparties et son humour tout en manifestant son autorité.

2830 emplois pour le collège

Interrogée sur la réforme du collège, N Belloubet se garde de parler de groupes de niveau. Pour elle, les groupes permettront “de donner de meilleures chances à tous les élèves avec une pédagogie différenciée“. Elle réfute tout tri social. Elle confirme que les enseignants devront travailler ensemble pour organiser leur progression et ils le feront sous contrôle des IPR. La ministre annonce 2830 emplois ETP en français et en maths pour mettre en place la réforme. Jusque là le ministère parlait de 2300 ETP. Pour les trouver, le ministère cherche dès maintenant des contractuels. Il n’est pas certain qu’il les trouve.

Elle est peu convaincante aussi quand elle présente les futures classes de prépa seconde comme un moyen de lutter contre le décrochage. Ce sera le cas “si on fait appel à des pédagogies innovantes” dit-elle. Mais les horaires de ces classes montrent bien que l’effort est fait sur la réorientation des élèves qui y iront et non sur la consolidation de leurs connaissances.

Mais pour le 93 ?

Car c’est sur la question des moyens que N Belloubet est la moins convaincante. Elle estime que les collèges ont assez de moyens pour à la fois maintenir les options et installer les groupes, ce qui est démenti à beaucoup d’endroits. Il est vrai que la ministre déclare aussi que le retrait de 700 millions du budget de l’Éducation nationale, dont 500 millions destinés aux salaires, n’aura aucun impact sur l’emploi…

Pressée par les députés de gauche (LFI, GDR, PS) de recevoir l’intersyndicale du 93, en grève depuis 5 semaines, la ministre répond que beaucoup a été fait par l’État dans le 93. Ce n’est évidemment pas ce que constatent les enseignants du département qui demandent un plan 93 à hauteur de 358 millions. Elle va recevoir les parlementaires du département, pas l’intersyndicale. Mais elle annonce le paiement de la prime de fidélisation, versée à tous les fonctionnaires du département, en mai.

Faux semblants sur la citoyenneté

Interrogée sur le doublement de l’horaire de l’EMC, elle précise qu’il y aura une demi-heure fléchée dans les emplois du temps et une demi-heure de partage de projets “ayant à voir avec l’EMC. On pourra mobiliser les professeurs documentalistes pour porter cette demi-heure“, dit-elle. Sans surprise, il n’y aura donc pas formellement de doublement.

N Belloubet joue aussi avec les mots à propos du départ du proviseur du lycée Ravel de Paris. Il n’a pas démissionné , selon la ministre. Il a une autorisation spéciale d’absence jusqu’à la fin de l’année où il part en retraite…

Arbitrages attendus sur la formation

La ministre se montre aussi prudente sur la formation initiale, la réforme de la carte de l’éducation prioritaire et ce qui était sa signature, la mixité sociale à l’École.

Sur la formation initiale des enseignants, N Belloubet décrit une réforme avec des filières “clairement identifiées” et un concours favorisant l’attractivité. Mais c’est pour ajouter qu’elle “attend les arbitrages“. La maquette qui circule en ce moment ne serait donc pas définitive. “On a encore quelques semaines” pour arriver au résultat final. “La question des INSPE fait partie des arbitrages“.

Prudence sur la mixité sociale

Prudence aussi sur la réforme de la carte de l’éducation prioritaire. “C’est dans ma lettre de mission, mais personne n’a osé s’y attaquer“, dit-elle. “Beaucoup souhaitent y entrer, mais peu en sortir. Je vais m’y attaquer, mais je ne donne pas de date“. Jusque là, la carte était annoncée avec celle des quartiers de la politique de la Ville pour 2025.

Plus significative est sa prudence sur la mixité sociale. “La volonté politique est là, mais je sais la difficulté du dossier”, dit N. Belloubet. “Je ne veux pas rallumer la guerre scolaire. Mais je suis dans l’état d’esprit que nous devons ensemble porter un certain nombre de priorités. La mixité est importante”.

Arrivée depuis quelques semaines aux affaires, N Belloubet veut marquer qu’elle est aux affaires. Mais qu’elle s’inscrit dans un cadre gouvernemental. Entre Jaurès et Attal, finalement serait-ce Attal ?

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 28.03.24

 

Nicole Belloubet est dans la ligne mais défend ses marges d’action (audition Assemblée nationale)

“Je refuse que le collège trie nos élèves“ déclarait Nicole Belloubet mercredi 27 mars durant son audition par les députés de la commission des affaires culturelles et de l’éducation.

Interrogée sur de nombreux sujets d’actualité comme ceux concernant la politique éducative menée par le Gouvernement, la ministre de l’Education nationale a notamment fait valoir son intérêt pour la mixité scolaire, en prolongeant “les réflexions sur les questions d’affectation, de sectorisation et des dispositifs permettant de donner corps à une véritable volonté politique“, et traduite en actes.

Il s’agit ainsi de refuser la ségrégation scolaire et l’assignation sociale, c’est à dire “conforter l’accès de tous à l’école, quelle que soit sa situation, quel que soit le territoire où il vit“. Si Nicole Belloubet a une feuille de route signée par Gabriel Attal qu’elle a “acceptée“, avec l’idée de s’inscrire dans la ligne des réformes déjà conduites depuis 2017, elle indique que “tous les ministres disposent d’une latitude d’action“ et qu’elle mènera les siennes “en accord avec le gouvernement“.

“La mixité pour moi c’est très important“. Concernant le protocole signé avec l’enseignement catholique, elle demande à pouvoir l’évaluer avant d’éventuellement agir, en précisant malgré tout ne pas vouloir “rallumer la guerre scolaire“ au vu des “situations douloureuses“ vécues jadis.

La révision de la carte de l’éducation prioritaire, plusieurs fois évoquée par des députés, est dans sa “lettre de mission“ mais elle considère le problème délicat car “beaucoup de personnes souhaiteraient y entrer, peu y sortir“, c’est pourquoi elle souhaite s’y attaquer sans donner de date pour autant. Maintes fois abordée également par les parlementaires, la problématique des moyens en Seine Saint-Denis ne fait pas l’objet d’annonces, mais d’une liste de moyens déjà octroyés avant la promesse d’une réflexion sur “la manière de traiter ces questions“.

Quant au choc des savoirs, et plus particulièrement les groupes de besoin, la ministre assure que “si l’on veut un brassage il faut que la progression pédagogique soit construite ensemble“, ce qui nécessite un accompagnement des équipes pédagogiques, elle a donc demandé “à l’ensemble des corps d’inspection d’accompagner les chefs d’établissements dans la construction des emplois du temps“. En termes de personnel, est prévue la création de 2 830 ETP pour assurer leur mise en place mais également pour les autres dispositifs (dont les options comme le latin), ainsi la “DHG globale“ fournie aux établissements laisse “une marge de manœuvre que le chef d’établissement est libre d’utiliser“, et la ministre d’espérer “qu’ils pourront assurer le maintien de ces options“. Par ailleurs, elle a “demandé de commencer dès maintenant le processus de recrutement de contractuels“ et tous les autres “leviers“ possibles car “les enseignants titulaires seuls ne suffiront pas“ pour répondre aux besoins de la rentrée prochaine. Autre point, s’il permet de restituer aux équipes éducatives l’autorité, “cela ne signifie pas que nous devions accentuer le redoublement“ estime encore la ministre, il faudrait plutôt mettre très en amont en place les dispositifs afin de l’éviter.

Le proviseur du lycée Ravel à Paris, menacé de mort après une affaire de refus de port de voile “n’a pas démissionné, il est en retrait“ c’est à dire placé en autorisation spéciale d’absence (ASA) avant sa retraite en juillet prochain, a tenu à préciser l’ancienne Garde des Sceaux. Elle évoque un soutien juridique, moral et en termes de forces de l’ordre, et une Education nationale “très soudée“. Pourtant, elle estime que “le pas de vague est inacceptable“ et à la critique du député Maxime Minot (LR) sur l’augmentation des atteintes à la laïcité, elle répond : “vous ne faites pas de proposition précise, je dis ce que nous faisons, les actions mises en place, c’est peut-être ce qui nous différencie."

Sur les récentes attaques contre les ENT qui se sont multipliées ces derniers jours, il n’est pas question “de fuite massive de données (…) ou d’attaque en règle des systèmes informatiques“ mais d’une usurpation de comptes, un point de faiblesse qui demandera une plus grande sécurisation, tandis que pour l’instant les messageries infectées sont suspendues à court terme et seront réinitialisées.

Pour les écoles rurales, il est question comme le voulait Elisabeth Borne de définir “une carte sur trois ans“ pour offrir plus de visibilité dès l’année prochaine sur les ouvertures et fermetures de classes, mais la ministre précise que cela n’équivaut pas à un moratoire. Elle ajoute que les critères de fermeture ne sont pas uniquement démographiques, cela peut être par exemple l’éloignement. Il s’agit de “mettre en place un processus un peu différent“ autour d’un dialogue sur les territoires mais aussi en cohérence avec la politique de l’Etat : si un projet de revitalisation du centre ville est prévu, pourquoi retirer des moyens à cet endroit ?

“On ne peut pas parler de débâcle mais je crois plutôt de renaissance." A l’accusation du député Roger Chudeau (RN) portant sur la baisse du niveau des élèves, pour Nicole Belloubet si “PISA montre que tout ne va pas bien“ les mesures prises depuis 2017 “semblent donner des résultats positifs“, avec par exemple une hausse de niveau des élèves à l’entrée en 6ème en fluence, passant de 50 % d’élèves répondant de façon satisfaisante en 2021 à 57 % en 2023, et une meilleure maîtrise de l’item “connaissance des nombres“ passant de 76 % à 80,5 % en début de CP entre 2019 et 2023.

Auparavant d’une durée de 30 minutes et intégré à l’Histoire-Géographie, l’EMC (enseignement moral et civique) sera désormais doublé et fléché comme un cours autonome avec une “ligne claire“ dans les programmes. 30 minutes seront consacrées à du portage de projets comme la participation à des concours (par exemple le concours de la Résistance) sur des séquences regroupées de deux heures. Ils pourront mobiliser des associations et être menés par des profs doc.

C’est par “souci de traitement égal et d’harmonisation“ que le DNB ne voit plus les énoncés et documents d’accompagnement traduits dans les langues régionales, apprend-on également. La DGESCO a souhaité que choses évoluent, ce n’est pas une affaire de défiance mais un constat au regard de disparités académiques, à savoir “un non respect de consignes de l’administration centrale, du principe de confidentialité et d’égalité induit par ouverture des sujets avant examens pour traduction“.

100 prépas-seconde soit une par département seront créées à la rentrée prochaine, des “prototypes“ qui demandent de la vigilance car si elles peuvent être “une opportunité de sécuriser les acquis de base pour prolonger les études, et un moyen de raccrocher des élèves matures qui vont se sentir plus concernés et prendre goût au lycée“, cela “ne doit pas entraîner de décrochage“, c’est pourquoi il est important de trouver des méthodes pédagogiques “qui les accrochent“ pour qu’ils puissent en fin de seconde repasser l’équivalent du DNB.

3 177 offreurs professionnels ont été recensés pour les futurs stages de 2nde, selon les données de la plateforme d’aide aux élèves mise en place dans le cadre du programme “1jeune1solution“, un chiffre qui révélerait une montée en puissance, à laquelle s’ajoute un travail conjoint avec les entreprises pour qu’elles “prennent l’habitude“ de se proposer pour accueillir des jeunes.

L’ancienne rectrice déclare en outre vouloir déployer l’ensemble des axes de la Conférence nationale du handicap (CNH), et envisage d’intensifier le travail lancé dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR). Elle se dit opposée à la départementalisation de la médecine scolaire (une proposition de loi portée au Sénat par Françoise Gatel, voir ici), mais préconise en revanche une “vision d’ensemble sur la santé scolaire“ ce qui implique de “revoir la gouvernance“ des quatre professions (médecins, infirmier.e.s, assistant.e.s sociaux/les et PsyEn) sous pilotage départemental (par le DASEN, ndlr) avec des priorités, dont la santé mentale et le harcèlement.

La vidéo ici

Extrait de touteduc.fr du 28.03.24

Répondre à cet article