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Le débat de la présidentielle : revalorisation, dédoublement, enseignement professionnel... (Le Café, ToutEduc)

21 avril 2022

Macron - Le Pen : 14 minutes et quelques annonces pour l’école
On ne parle plus de "nouveau pacte" pour les enseignants. La revalorisation sera pour tous les enseignants a annoncé E Macron le 20 avril lors du débat du second tour. C’est une des annonces d’une soirée électorale qui n’a consacré que 14 minutes à l’école. Assez pour que chaque candidat défende son modèle d’école : ouverture sur l’entreprise pour E Macron, discipline et exclusions définitives pour M Le Pen.

Convergence sur le lycée professionnel

Citons tout de suite le point de convergence des deux candidats à l’élection présidentielle. "Je veux mener une grande réforme du lycée professionnel", a dit E Macron. "Les stagiaires n’étaient pas payés. Je veux les payer et m’inspirer du grand succès de l’apprentissage". "Je veux revaloriser la filière professionnelle, l’alternance, l’apprentissage", a dit M Le Pen. Pour une fois elle rend hommage à E Macron : "vous avez fait quelque chose de positif". E Macron veut doubler la durée des stages en entreprises, rémunérer ces stages. Une mesure qui réduira d’autant les enseignements généraux et professionnels délivrés dans les lycées. Et diminuera d’autant le nombre d’enseignants.

Dédoublements en 6ème et 2de

Emmanuel Macron a avancé quelques nouveautés dans son programme éducatif. Il a annoncé vouloir "mettre des moyens pour les classes de 6ème et de 2de en permettant de les dédoubler partout où c’est nécessaire". Aucun chiffre n’a été avancé. Mais il est clair que compte tenu des tensions dans les effectifs enseignants cette mesure ne pourrait pas être mise en oeuvre à la rentrée 2022 qu’à titre symbolique.

Macron promet une revalorisation sans contrepartie

La seconde annonce concerne la revalorisation des enseignants. Jusque là E Macron l’avait lié à des contreparties. Seraient réévalués les enseignants qui adhèreraient à un "nouveau pacte" où ils s’engageraient à effectuer de nouvelles tâches. Il avait été question de lier la paye au "mérite". C’est en partie balayé.

"On ira au bout de la revalorisation des professeurs", a dit E Macron. "On va tous les revaloriser. Mais on revalorisera très substantiellement, jusqu’à 20%, ceux qui iront sur les méthodes les plus innovantes". Un peu plus tard il ajoute que "la revalorisation a commencé. Je vais la poursuivre. De manière inconditionnelle la revalorisation sera d’environ 10%. Il n’y aura pas de démarrage de carrière sous 2000 €. C’est conditionné à rien".

E Macron a donc évolué sur cette question. Il propose maintenant une double échelle de la revalorisation : 10% sans condition et 20% pour les enseignants acceptant des contreparties, ceux du "nouveau pacte".

L’absence de contreparties lui a permis de dominer l’échange sur ce point avec M Le Pen. Celle-ci annonce 16% de revalorisation sur 5 ans. Mais dans le premier degré les enseignants devront faire 5 heures de travail supplémentaire. "Ils feraient une demi journée en plus au primaire mais ils seraient payés plus", précise t-elle.

Le Pen : l’école de l’exclusion

M Le Pen a mis en avant la sécurité à l’école. "Aujourd’hui il y a des classes entières persécutées par quelques individus qu’on laisse nuire à l’ensemble de la classe et gâcher l’avenir de certains élèves", dit-elle. "Il faut être beaucoup plus sévère... On n’ose plus prendre des exclusions définitives quitte à ouvrir des internats spécifiques pour ces enfants qui ont des problèmes de délinquance". Elle introduit ainsi la sélection qui est au coeur de son programme éducatif puisque les élèves seraient orientés dès la 5ème. Le brevet serait un examen d’entrée en lycée, permettant d’orienter entre les filières du lycée les élèves ou de les envoyer à la vie active en fin de 3ème.

Ce mépris pour les enfants des familles populaires s’est retrouvé dans l’échange sur la ruralité. "Les dédoublements vous les avez réservé aux quartiers difficiles", reproche M Le Pen. "C’est une bonne chose de l’ouvrir à l’ensemble de la France". E Macron répond que dédoubler les CP CE1 pour l’ensemble des classes n’est pas possible. "Regardez le nombre d’enfants par classe : c’est dans nos ruralités qu’il est le plus faible", dit E Macron. "Ce n’est pas vrai ", répond M Le Pen.

En fait les deux ont tort. Ce sont bien les classes rurales qui comptent le moins d’élèves même si depuis des années la tendance est au regroupement pour diminuer le nombre de postes en zone rurale.

M Le Pen prévoit bien des dédoublements partout mais avec des seuils plus élevés qu’E Macron. Dans le premier degré les classes seraient limitées à 20 élèves (et non pas 12). Concrètement cela aboutirait à supprimer des postes en Rep et Rep+ pour en ouvrir dans l’enseignement privé, comme nous l’avons montré. Dans le second degré le plafond serait fixé à 30 alors que la moyenne des classes est à 25 au collège public et 28 au lycée public. Ce "dédoublement" à l’envers aboutirait à dégrader les conditions d’enseignement au collège. Compte tenu de la sélection tout au long du second degré, la réforme Le Pen se traduirait par des suppressions de postes finançant la revalorisation.

En 14 minutes, les deux candidats ont finalement peu développé leur vision d’une école où ils ne comptent pas que des partisans.

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 21.04.22

 

Débat E. Macron/ M. Le Pen : tous les éléments concernant l’éducation
“Comment éviter le décrochage unanimement constaté de nos élèves en France ?“ était la question posée mercredi 20 avril aux deux candidats du second tour de l’élection présidentielle 2022, qui l’ont poursuivie en mettant en avant les mesures qu’ils souhaitent instaurer.

Emmanuel Macron a déclaré que “l’investissement qui a été fait en CP/CE1 dans les plus petites classes (..) a permis pour les enfants qui sont les plus en difficulté de rattraper (le retard, ndlr), puisqu’on a fait des classes plus petites“. Marine Le pen a proposé d’ouvrir ce dédoublement en classes de primaire “à l’ensemble de la France“, idée dont la faisabilité a été contestée par Emmanuel Macron pour les CP/ CE1 : “Vous ne pouvez pas le faire France entière“. Lui propose de “mettre les moyens sur les classes de 6ème et de seconde qui sont les classes charnières, où les décrochages se font, là aussi en permettant partout où c’est nécessaire, de dédoubler".

Le président-candidat veut en outre “continuer à investir sur notre école, sur les fondamentaux en remettant les mathématiques jusqu’au baccalauréat“, et donc “changer la réforme que nous avons faite“.

De même, une demi-heure de sport quotidienne est pour le candidat “un point très important y compris pour mieux apprendre“, tandis que l’éducation artistique et culturelle (EAC) “aux côtés des savoirs fondamentaux“ est un projet “décisif“ pour l’école. L’orientation dès la 5ème serait améliorée “en permettant au collège d’avoir accès à des métiers extérieurs, d’être ouverts au reste du monde pour comprendre ce vers quoi ils veulent aller, aider à l’orientation puisque c’est un des drames qu’a notre jeunesse aujourd’hui“.

Concernant le lycée professionnel, Emmanuel Macron voudrait pouvoir payer les stagiaires en lycée professionnel, filière pour laquelle il souhaite une grande réforme en s’appuyant “sur ce qui est un vrai succès du quinquennat en la matière qui est celui de l’apprentissage“.

Le président sortant propose d’“aller vers une réforme de l’université“, en ouvrant des filières “avec des débouchés plus clairs, en continuant d’aider nos étudiants, études gratuites, on va continuer ce qu’on a fait sur la baisse justement des mutuelles et de la sécurité sociale étudiante et en accompagnant mieux en particulier sur le logement.“

La méthode serait “profondément différente“, “les grands objectifs seront fixés nationalement, mais on déclinera ensuite localement les voies et moyens d’y arriver“. Il a assuré vouloir aller “au bout de la revalorisation commencée des professeurs, on va tous les revaloriser.“

Il a d’ailleurs expliqué que “la revalorisation des enseignants a commencé sous ce quinquennat“, et indiqué vouloir “la poursuivre, ce qui fait que de manière inconditionnelle, il y a une revalorisation d’environ 10 % de nos enseignants, il n’y aura plus de démarrage de carrière en dessous de 2 000 euros, ce n’est conditionné à absolument rien.“ Il a ajouté que seront revalorisés “très substanciellement, jusqu’à 20 % celles et ceux qui iront sur les méthodes qui sont les plus innovantes et en permettant plus de liberté sur le terrain à nos professeurs.“

Enfin, Emmanuel Macron donnerait aux enseignants “de la liberté sur le terrain“, ce qui signifie pour lui “reconnaître le fait qu’ils ont besoin de plus de liberté pour travailler avec les parents d’élèves, avec les directrices et directeurs d’école, avec celles et ceux qui font le périscolaire“.

Il a terminé son débat en évoquant la protection de l’enfance qui “sera au cœur des cinq années qui viennent“.

Marine Le Pen préconise de son côté de revaloriser les filières professionnelles, l’alternance, l’apprentissage, et d’“augmenter les revenus des apprentis et des alternants qui auront 200 à 300 euros par mois en fonction de leur âge".

Elle souhaite “que les étudiants qui travaillent soient aidés, qu’ils aient un complément de salaire, parce que ceux qui travaillent sont courageux, après tout travailler et faire des études c’est pas facile et pouvoir leur accorder 20 % de leur salaire jusqu’à 200 euros, ou 30 % jusqu’à 300 euros pour les boursiers c’est extrêment important.“

Elle voudrait de même “qu’ils puissent voyager, qu’ils puissent trouver un emploi“ et se dit ainsi “pour la gratuité aux heures creuses des trains même des grandes lignes pour les 18-25 ans.“

La candidate du Rassemblement national estime que de manière générale “les diplômes sont dévalorisés, d’abord le baccalauréat est dévalorisé“, aussi elle aimerait “en faire un examen où on ne détermine pas à l’avance si on va le donner à 95 % ou à 98 % de la classe d’âge parce que ça ne rend pas service en réalité à nos jeunes“ et elle souhaite le retour de filières littéraire, scientifique économique ainsi que “faire un effort particulier sur les fondamentaux en primaire parce que c’est effectivement là que tout se joue".

Elle estime que la réforme que propose Emmanuel Macron “consiste à rémunérer les professeurs en fonction du résultat de leurs élèves, ce qui est profondément injuste car selon l’endroit où les professeurs professent, les niveaux des élèves ne sont pas toujours les mêmes". Elle assure que les enseignants sont “très mécontents et ils ont raison d’ailleurs".

Le candidat LRM a rétorqué avoir “accordé une prime de 4 000 € à tous les professeurs qui sont en REP et REP+“, tandis que Marine Le Pen propose de les revaloriser de 3 % par an, soit environ 16 % sur la durée du futur quinquennat.

Les enseignants du primaire travailleraient selon la candidate une demi-journée rémunérée en plus, le mercredi matin, ce qui “permettra d’avoir des élèves qui arrivent en 6ème en maîtrisant la langue française, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui car il y a 20 % des élèves qui ne maîtrisent pas les fondamentaux“.

Enfin, concernant la sécurité à l’école, la discipline et le respect des professeurs, la fille de Jean-Marie Le Pen a expliqué qu’il y a aujourd’hui “des classes entières qui sont persécutées avec leurs professeurs, d’ailleurs par quelques individus qu’on laisse nuire à l’ensemble de la classe, qu’on laisse gâcher l’avenir de certains élèves qui du coup n’arrivent pas à travailler parce que la transmission du savoir ça se fait dans la tranquillité, la paix, le respect du professeur.“

Elle considère dès lors “qu’il faut être beaucoup plus sévère, qu’il faut arrêter de mettre la poussière sous le tapis, avec le ‘pas de vagues‘ dont beaucoup de professeurs se sont plaints d’ailleurs, qui fait que le conseil de discipline n’ose plus prendre de sanction d’exclusion y compris définitive, quitte à ouvrir des internats qui soient spécifiques à ces enfants qui ont des problèmes de délinquance, de comportement mais qui ne doivent pas empêcher les autres de réussir.“

Extrait de touteduc.fr du 21.04.22

 

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