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Claire Lommé : - "Vous reprendrez bien un peu de maths ?", Retz éditeur 2022 (entretien avec le Café pédagogique) - Présentation des Journées de l’Apmep à Jonzac

18 octobre 2022

PRETA Claire Lommé : Vous reprendrez bien un peu de maths ?

"Mes maths à moi, voyez-vous, elles sont magnifiques. Elles laissent une place immense à l’imagination, à la créativité. Elles rendent le monde plus explicable, plus beau". Professeure de mathématique au collège Jean de la Varende à Mont Saint Aignan (76) et formatrice, Claire Lommé nous invite tous, même les nuls en maths, dans un nouveau livre (Vous reprendrez bien un peu de maths ?, Retz éditeur), à un voyage initiatique. Il est question de beignet parfumé, de "mathémacuisiner", de poésie, de Gaudi, de l’Egypte des pharaons, de pizzas, et aussi de rectangles, de proportionnalité. Autant dire que ce n’est pas un triste pèlerinage mais une découverte joyeuse et créative du monde des maths. Si vous êtes fâché avec les maths, Claire Lommé va vous réconcilier vite fait et vous donner envie de lire le chapitre suivant. Celui qui traite de pâtisserie et de géométrie...

"Ceci n’est pas un livre de maths", semble dire le sommaire de votre livre. Il est bien sur question de maths. Mais toujours par un biais : la poésie, l’alignement, la naissance du zéro, Kandinsky, la cuisine etc. Pourquoi cette approche particulière des maths ?

Parce que les maths c’est la vie. Et que dans la vie il y a des maths ! On fait des maths pures en recherche, à l’école, en ingénierie. Mais moi qui aime profondément les maths dans ce qu’elles ont d’humain, j’en vois partout et j’ai du plaisir à les voir. Et c’est plus facile d’amener certaines personnes aux maths par ce qui est sensible et fantaisiste que directement par l’abstraction. Même si au final on les amène à l’abstraction.

Dans le livre vous parlez de maths et de balades. On peut faire des maths en balade ?

Avec des écoliers ou des collégiens on peut sortir et faire des maths dehors. On regarde autour de nous si on voit des maths. Les élèves disent "non". Mais très vite je leur montre et ils vont vite en voir. Par exemple, combien de fenêtres sur cette façade ? Comment dessiner une chaine entre deux poteaux qui aune forme un peu particulière ? Il y a les panneaux routiers. Du coup leur regard va changer et ils vont en débusquer partout. Et à partir de cela on va résoudre des problème

On peut aussi faire des maths dans sa cuisine ?

J’ai même un faible pour cette approche ! On retrouve tous les domaines des maths dans sa cuisine. Il y a des calculs pour adapter les recettes. Des grandeurs et des unités de mesure. De la géométrie car on va se demander comment découper un gateau. Et puis il y a la proportionnalité qui est un objectif prioritaire d’apprentissage pour l’école.

Il y a de la poésie dans les maths ?

Cela va dans les deux sens. La poésie peut être mathématique. Et les maths peuvent être poétiques. Les maths, dans leur capacité artistique et dans leur aspect abstrait sont d’une grande poésie car elles laissent une grande place à l’imaginaire, à la pensée humaine, à la liberté. C’est un mode d’expression qui peut être poétique. Des poètes, Robert Desnos par exemple, ont écrit des poèmes liés aux maths. Prévert l’a fait aussi, tout comme Victor Hugo. Quand Desnos dit : "par tous les points de mon plan à moi on peut faire passer tous les hommes de la terre", il marie poésie et maths. Mes élèves aussi m’écrivent des poèmes sur les maths.

Des chapitres se raccrochent tout de suite à des points traités dans les programmes scolaires. Ce livre est pour qui ? Les futurs professeurs de maths ? Les professeurs en exercice ? Le simple quidam ?

C’est un livre pour tout le monde. Les chapitres sont accessibles à tous et il n’a pas été écrit pour les professeurs de maths. J’ai juste envie de montrer la beauté des maths, leur capacité à libérer intellectuellement les gens. J’aimerais que ce livre atteigne les personnes qui ont peur des maths car ce livre a été fait aussi pour elles.

Vous voulez faire aimer ou faire comprendre les maths ?

Pour les aimer il faut les comprendre. Je veux donner des outils pour que chacun puisse aimer les maths sans avoir besoin de quelqu’un d’autre pour les comprendre. C’est agréable pour moi de voir quelqu’un cheminer avec moi et de le voir comprendre et s’éclairer. Dans ce cas j’ai gagné ma journée.

Propos recueillis par François Jarraud

Claire Lommé, Vous reprendrez bien un peu de maths ?, Retz éditeur, ISBN : 978-2-36638-110-8, 16.90€

Extraits à feuilleter

Extrait de cafepedagogique.net du 11.10.22

 

Claire Lommé : Tous à Jonzac !
" Comment peut-on imaginer les mathématiques ennuyeuses ou statiques, alors qu’elles sont vivantes et tellement humaines !" Claire Lommé le démontre par le théorème de Jonzac : tout matheux plongé dans les journées de l’Apmep oublie sa fatigue er repart regonflé. Démonstration...

Ca commence vendredi

C’est la fin de la première période. Elle a passé bien vite pour moi, porteuse de nouveautés : de nouvelles classes évidemment, de nouveaux projets toujours, de nouveaux clubs bien rigolos, la sortie de deux ouvrages (un scolaire et un grand public), de nouvelles expérimentations en classe. Mais la plus grande nouveauté pour moi, c’est que je ne fais plus que travailler. Hé non. J’ai même une activité extra-scolaire : j’apprends la langue des signes française, dans l’espoir de pouvoir un jour enseigner à des élèves sourds. Pour le moment, je parviens à me ménager des moments de loisir. Cela me demande une vigilance de tous les instants, de ne pas bosser sans cesse. Et c’est compliqué, parce que j’ai vraiment beaucoup de choses à faire et que j’adore ça. Mais voilà : je constate qu’en m’aérant les neurones je fonctionne mieux tout le temps.

Bon, parfois, mes loisirs semblent proches du boulot, c’est vrai. Mais non, ce sont vraiment des loisirs, promis. Prenons un exemple : les vacances de fin de période. Vendredi, à 17h, je finirai ma journée et je sauterai dans ma voiture. Direction les écoles des copines, pour emmener à Jonzac six passionnées des maths aux journées de l’APMEP , l’association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public. Quatre jours de maths, de rencontres, d’échanges, de rigolades et de découvertes, si ce n’est pas du loisir, qu’est-ce donc ??? Allez, je vous raconte ce que je compte faire de ces quatre journées.

Arts et maths

Le samedi, il y aura des réunions, l’ouverture des journées et la conférence inaugurale. Maria Esteban, mathématicienne et directrice de recherche au CNRS, nous parlera des mathématiques comme vecteur d’innovation et de progrès. Nous aurons un peu de temps ensuite pour récupérer de notre petite nuit passée à traverser un bon bout de France après 7 heures de cours. Et hop, spectacle : enfin je vais voir "Very maths trip", le fameux spectacle du maintenant légendaire Manu Houdard. Et après zou au lit, car le lendemain les ateliers débutent à 8h30.

Le dimanche donc, de bon matin, j’assisterai à un atelier parmi des dizaines de choix possibles : un atelier animé par René Cori sur des questions de langages. Je me régale à l’avance. Ensuite je rejoindrai les copains de la régionale normande, et je me promènerai sur les stands, en essayant de ne pas dépenser l’argent que je n’ai pas, faute de revalorisation. Sauf que j’y croiserai des ressources pour mes élèves, et que c’est bien difficile de résister… L’après-midi, atelier de nouveau : cette fois, Yves Farcy nous apprendra de l’origami mathématique. Rholala, je vais ramener des idées pour mes classes ! Lorsque le soir viendra, je profiterai des thermes de Jonzac… Hé oui, les organisateurs ont tout prévu !

Lundi, c’est reparti, différemment cette fois : parmi les trois ateliers auxquels je serai présente, j’en anime deux, avec l’artiste François Abélanet. Nous allons réaliser de belles anamorphoses dans le lycée qui nous accueille, tout en montrant les liens avec les mathématiques. Et puis je continuerai d’apprendre l’origami mathématique. Il y aura aussi les questions d’actualité, lieu où des acteurs de différents métiers débattent des questions vives, qui ne manquent pas. Pour ma part, j’irai aux questions qui concernent l’école et le collège. Des spectacles sont organisés le soir, mais je me reposerai un peu, après trois jours déjà bien chargés et enchainés sur la première période de classe.

La cartographie des maths

Le mardi, dernier jour de ce moment tant attendu que sont les journées nationales de l’APMEP : après l’assemblée générale, Mickaël Launay nous présentera la « cartographie des maths qu’il ne comprend pas ». Et moi, je m’imprègnerai de ces apports en même temps que je vous raconterai tout cela sur mon blog, Pierre Carrée . Puis il sera temps de rentrer, sans profiter des visites de la région, car ma maison est bien loin.

Je repartirai avec en tête toutes ces belles choses découvertes, apprises, en projet, en échangeant pendant tout le trajet avec les copines. Nous nous réjouirons d’avoir croisé Jean-Pierre, Joan, Arnaud ou Marie, nous nous raconterons nos nouveaux projets, nous serons ravies et fatiguées, regonflées pour la période à venir, à condition de pouvoir dormir quelques jours…

Comment peut-on imaginer les mathématiques ennuyeuses ou statiques, alors qu’elles sont vivantes et tellement humaines ! Si vous n’en êtes pas convaincus, rejoignez-nous : vous pouvez vous inscrire sur place. Nous vous accueillerons avec grand plaisir, et avec de belles mathématiques.

Claire Lommé

Extrait de cafepedagogique.net du 18.10.22

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