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« Les parents de milieu populaire ont davantage besoin d’aide que de leçons »
TRIBUNE
Collectif
Les familles issues des quartiers prioritaires, plus exposées à la précarité, se soucient de l’avenir de leurs enfants mais peinent à se faire accompagner. Un collectif rassemblant des représentants d’associations et des chercheuses appelle à repenser avec davantage d’ambition les politiques de soutien à la parentalité, dans une tribune au « Monde ».
Que reste-t-il des émeutes du printemps 2023 dans les quartiers, à la suite de la mort du jeune Nahel Merzouk ? Un stigmate social, une blessure pour les parents des quartiers prioritaires et, concrètement, peu d’aides supplémentaires – voire un recul avec la disparition du ministère de la politique de la ville dans l’actuel gouvernement. Nous sommes toujours en attente d’une stratégie nationale de soutien à la parentalité.
La parole des parents de milieu populaire, pour peu qu’on la fasse émerger, dessine une réalité bien différente des caricatures régulièrement entendues. En partenariat avec l’Union nationale des associations familiales, l’Association de la fondation étudiante pour la ville a mené une enquête auprès de 737 parents dans les quartiers prioritaires. Quel est leur vécu ?
On observe, tout d’abord, une exposition accrue à la précarité. Près d’un quart des familles vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Selon l’enquête, 69 % des parents qui travaillent le font à des horaires atypiques ou décalés. Concrètement, ils ne peuvent pas être présents au réveil de leurs enfants et-ou à leur retour de l’école.
Forte charge éducative
Il y a également une prégnance de la monoparentalité (36 % des répondants, soit 11 points de plus que la moyenne nationale), dont il faut souligner la dimension genrée : 82 % des chefs des familles sont des femmes. Enfin, la charge éducative est forte, avec 56 % de foyers