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Dossier Evaluation : - Les pratiques d’évaluation, par Pierre Merle (PUF, 2018). - Entretien du Café et des Cahiers avec l’auteur - L’école abuse-t-elle des notes ? (France-Culture) - "Parlons d’autre chose que des notes à nos ados" (Claude Martin, Ehesp)...

28 mai 2018

Pierre Merle : Que sait-on des pratiques d’évaluation scolaires ?
"Il existe des principes d’évaluation des compétences scolaires plus favorables aux apprentissages que ceux trop souvent en vigueur dans l’école française". Avec ce nouveau livre (Les pratiques d’évaluation scolaire, PUF), Pierre Merle propose une véritable synthèse sur l’histoire et les différents types d’évaluation. Il montre aussi que l’évaluation évolue dans l’école française au bénéfice d’une évaluation formative plus adaptée aux besoins des élèves. Surtout il nous fait découvrir beaucoup de choses sur les différents types d’évaluation et leurs effets sur les élèves et les correcteurs. Des effets qui posent notamment la question de la "note juste".

[...] L’évaluation est au cœur du métier enseignant. Et pourtant tout cela reste mal connu et objet de débats. Pourquoi ?
Cette question est centrale. La notation traditionnelle est un problème essentiellement pour les élèves en difficulté scolaire, ceux qui font l’objet, souvent dès le début de leur scolarité, de notes faibles dans plusieurs, voire la totalité des disciplines. Progressivement, ces élèves ont un sentiment de nullité scolaire qui débouche sur de la « résignation apprise » et une grande passivité en classe. La récurrence des mauvaises notes a détruit la motivation de ces élèves, parfois atteints d’apathie chronique, de burn out et de phobie scolaires.

À l’inverse, pour les bons élèves, la note traditionnelle renforce leur sentiment de compétence, leur motivation et leur désir de réussite. Après des études supérieures réussies, cette élite scolaire compose une partie des élites économiques et politiques. Leur expérience subjective de l’école, fortement positive, les conduit à une vision conservatrice de celle-ci, surtout à l’égard des notes qui ont consacré leur réussite scolaire. Seule la connaissance scientifique leur permettrait d’objectiver leur expérience personnelle, de comprendre sa singularité en tant que membre de l’élite scolaire et sociale, et la nécessité de promouvoir une autre façon d’évaluer les compétences des élèves pour réduire l’échec scolaire. Cette connaissance est trop souvent absente.

Lorsque J.-M. Huart, directeur général de l’enseignement scolaire, le numéro deux du ministère après le ministre, déclare que « L’intérêt de la note, c’est la clarté dans le cadre d’un dialogue avec les familles », il contribue à la désinformation des parents et des professeurs sur la question centrale des pratiques d’évaluation des élèves. Cette défense de la note traditionnelle, tout à fait contraire à la connaissance scientifique dont le ministère prétend pourtant s’inspirer, participe à la perpétuation d’une des lacunes majeures de l’école française, le nombre très élevé, presque 100 000, des jeunes sortant chaque année sans diplôme. Le coût économique et humain de cet échec scolaire est considérable. Envers les professeurs, les parents et l’ensemble des citoyens, un devoir moral de vérité et de connaissances devrait, quelles que soient les responsabilités exercées, toujours primer sur l’opportunité politique et la défense d’une tradition scolaire source d’injustice et d’inégalités scolaires. Par ignorance ou par cynisme, consciemment ou pas, les élites économiques et politiques privilégient trop souvent leurs intérêts particuliers à ceux de la nation.
Propos recueillis par François Jarraud

Pierre Merle, Les pratiques d’évaluation scolaire. Historique, difficultés, perspectives, PUF 2018, ISBN 978-2-13-080412-3, 25€.

Extrait de cafepedagogique.net du 25.04.18 : Pierre Merle : Que sait-on des pratiques d’évaluation scolaires ? (PUF), entretien avec le Café -

 

Supprimer les notes, est-ce tromper les élèves ?
Antidote n°6, par Pierre Merle

Évaluer n’est pas noter, car noter n’est pas tant évaluer que classer, sur une base imprécise et aléatoire. C’est aussi sur les objectifs de l’évaluation et sur ses effets sur les élèves qu’il faut s’interroger, pour une véritable « révolution scolaire ».

[...] Révolution scolaire

Que conclure sur les notes ? Elles exercent des effets négatifs, notamment sur les élèves moyens et en difficulté. Ces raisons sont suffisamment bien établies par les recherches pour promouvoir d’autres formes d’évaluation des élèves, principalement une évaluation par compétences. Celle-ci est plus précise pour les élèves, favorise les progrès scolaires et nécessite de construire d’une nouvelle façon les séquences d’apprentissage compte tenu d’une définition plus rigoureuse des connaissances et compétences à maitriser.

C’est une forme de révolution scolaire. C’est la raison pour laquelle elle suscite tant d’oppositions résolues par les partisans de l’immobilisme tournés vers le passé. Ils seraient surpris d’apprendre que la note n’a pas toujours existé dans l’école française. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les notes étaient absentes du quotidien de la classe aussi bien dans les écoles, collèges et lycées ! Dans une partie du système scolaire prédominait même une forme rudimentaire d’évaluation par compétences [4].
Pierre Merle
Professeur de sociologie, ESPE de Bretagne

Extrait de cahiers-pedagogiques.com : Supprimer les notes, est-ce tromper les élèves ?

 

L’école abuse-t-elle des notes ? (Rue des écoles)
Doit-on repenser l’évaluation scolaire ? Et comment la repenser à l’heure où la société du service nous incite de plus en plus à distribuer des notes ?

La pratique de la mauvaise note est encore très fréquente en collège et lycée (...). Nous sommes encore sur un système très traditionnel, sur un modèle qui remonte à la fin du 19ème siècle.
P. Merle

Il y a plein de manières d’évaluer, les lettres A, B, C – acquis/ non acquis... mais peut-être préférez-vous les notes sur 20 ? D’ailleurs, depuis quand note-t-on sur 20 ? L’ouvrage dont nous parlons aujourd’hui Les pratiques d’évaluation scolaire, historique, difficultés, perspectives, est une véritable somme, la somme, sur la question. Une somme historique pour commencer car en effet, il faut se plonger dans l’histoire de l’éducation pour comprendre pourquoi et comment l’école évalue les élèves encore aujourd’hui.

Et ce "comment" est primordial car il contient une problématique, LA problématique de l’évaluation : doit-on évaluer d’abord les progrès de chacun ? Ou évaluer les élèves les uns par rapport aux autres, les comparer et les classer ? C’est bien une philosophie de l’enseignement et de la transmission qui est contenue dans la question de l’évaluation et des notes. Question pas tout à fait tranchée à l’heure qu’il est, alors que les pratiques d’évaluation se diversifient à l’école et se répandent, au-delà, dans la société du service, où chacun est appelé à noter les services, les lieux, des individus comme les chauffeurs de VTC ou les agents commerciaux…

L’intérêt de la note, c’est la clarté dans le cadre d’un dialogue avec les familles.
J.-M. Huart

Avec
Pierre Merle, sociologue et spécialiste des pratiques d’évaluation scolaire, pour Les pratiques d’évaluations scolaires, PUF (mai 2018)

Le problème c’est quand ce n’est plus le contrôle effectué qui est faible mais l’élève qui est faible.
P. Merle

Jean-Marc Huart, directeur général de l’enseignement scolaire au ministère de l’Éducation nationale (Dgesco)

L’évaluation participe à la construction de l’enfant et à son arrivée dans le monde adulte.
J.-M. Huart.

en savoir plus : Les élèves ont-ils besoin d’être notés ? (0409.17)

Extrait de franeculture/emission/rue-des-ecoles du 20.05.18 : L’école abuse-t-elle des notes ?

 

 

Parlons d’autre chose que de leurs notes avec nos ados...
[...] Les adolescents français trouvent qu’il n’est pas facile de parler des sujets importants avec leurs parents. C’est un des résultats méconnus – et pourtant récurrent – de l’enquête internationale menée sur les comportements des jeunes vis-à-vis de la santé régulièrement renouvelée depuis près de trente ans, sous l’impulsion de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Dans la continuité du rapport que nous avons remis récemment à la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), « Accompagner les parents dans leur travail éducatif et de soin » (publié à la documentation française), nous analysons ici plus en détail la communication entre les parents et leurs adolescents en France.

Dans la dernière vague de l’enquête, réalisée en 2014, la France était le pays le plus mal classé quant au dialogue entre les adolescents et leurs parents, parmi les 42 pays ou régions du monde étudiés. L’explication pourrait bien tenir à un décalage plus grand qu’ailleurs entre les préoccupations des uns et des autres, avec des parents obnubilés par la performance à l’école. Et des ados, peut-être désireux d’aborder d’autres questions. Une réflexion de circonstance, tandis que la pression monte à l’approche du brevet pour les collégiens et du baccalauréat pour les lycéens.

(...) Davantage d’heures passées au collège en France

La France, déjà, se distingue de nombreux autres pays par le temps important passé par les jeunes au collège. Ainsi, les Français de 12 à 14 ans passent en moyenne 978 heures par an dans le système scolaire, alors que la moyenne est de 872 pour l’Union européenne, selon l’OCDE citée par Santé publique France. À 15 ans, le chiffre grimpe à 1 048 heures, contre 886 heures en moyenne dans l’Union – soit 18 % de plus. Mais que produit ce long temps scolaire ? Un meilleur rapport des jeunes à l’école ? Une meilleure performance globale ? Ce n’est pas vraiment ce que montre l’enquête HBSC.

Les adolescents y sont interrogés sur le fait qu’ils aiment ou non l’école. Parmi les pays où ils disent le plus fréquemment l’aimer, c’est à nouveau l’Islande qu’on retrouve dans le haut du classement. Ce pays se range également parmi ceux où les élèves auto-évaluent très positivement leur performance scolaire.

La France est dans une position plus mitigée. Les jeunes se situent au niveau de la moyenne des pays sur le fait d’aimer l’école. Par contre, ils se trouvent à un niveau nettement inférieur à la moyenne sur l’évaluation de leur propre performance scolaire.

(...) L’aider à un exercice de maths, ou à découvrir le monde ?
Ainsi, l’enjeu, pour les parents, serait moins dans l’aide aux devoirs que dans le fait d’accompagner les jeunes dans leur découverte du monde, de les aider à se forger un point de vue propre sur la société. Donner un coup de main à son enfant pour finir un exercice de maths pourrait se révéler moins crucial que de parler avec lui de l’actualité, de cinéma, de musique, de littérature, de politique, de l’amitié, de l’amour, de la sexualité, etc.

On peut de ce point de vue se demander si les parents, en France, ne seraient pas trop centrés, dans les échanges avec leurs adolescents, sur les apprentissages et la performance à l’école. Ils étendraient et renforceraient en quelque sorte à la maison les tensions et inquiétudes liées à l’école, au lieu d’offrir un recours possible pour s’ouvrir à d’autres horizons.

Cette culture où la performance à l’école est le pivot de l’interaction entre le parent et son enfant pourrait expliquer à la fois un moindre dialogue – du point de vue de l’enfant – et une moindre performance dans ses apprentissages. En prendre conscience, c’est un premier pas, déjà, pour s’en extraire et ouvrir sur d’autres sujets de conversation.

Claude Martin, Sociologue, titulaire de la chaire de recherche Enfance, bien-être, parentalité, École des hautes études en santé publique (EHESP) – USPC

Extrait de theconversation.com du 13.05.18 : Parlons d’autre chose que deleurs notes avec nos ados

 

ACADÉMIE DE POITIERS

Classes sans notes dans l’académie de Poitiers - publié le 22/05/2018
Des ressources pour des classes sans notes au collège

Depuis de nombreuses années maintenant, des collèges, de plus en plus nombreux, pratiquent une évaluation qui repose sur les acquisitions de compétences.
• Les établissements engagés dans l’académie

Localisation des "Classes sans note" dans l’Académie de Poitiers

Vous disposez ci-dessus d’une carte qui présente une localisation précise des collèges engagés. N’hésitez pas à prendre contact avec eux pour un échange de pratiques et/ou un voyage pédagogique.

• Des lectures

 L’évaluation à l’école de Charles Hadji https://enseignants.nathan.fr/catalogue/l-evaluation-a-l-ecole-livre-de-pedagogie-9782091222707.html

 Les compétences à l’école sous la direction de Bernard Rey avec Vincent Carette, Anne Defrance et Sabine Kahn https://www.decitre.fr/livres/les-competences-a-l-ecole-9782804171681.html

 Évaluer des compétences, guide pratique de François-Marie GERARD http://www.fmgerard.be/textes/evcogu.html

 publié le 22/05/2018 http://ww2.ac-poitiers.fr/meip/spip.php?article379

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