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Méthodes de lecture : un point sur l’état de la recherche, par Liliane Sprenger-Charolles, Cnrs, membre du Csen, Séminaire de l’Université de Genève, mai 2011 (ToutEduc)

11 juin 2021

Méthodes de lecture : un point sur l’état de la recherche (Liliane Sprenger-Charolles)

Les études anglophones d’évaluation des pratiques en matière d’apprentissage de la lecture montrent clairement la supériorité des méthodes "phoniques", fondées sur un enseignement systématique des correspondances graphèmes-phonèmes sur les méthodes "whole word" et "whole language", correspondant peu ou prou à nos méthodes "globales" ou "mixtes", mais qu’en est-il des études francophones ? C’est à cette question que répond Liliane Sprengeer-Charolles (CNRS, membre du Conseil scientifique de l’Education nationale) dans le cadre du séminaire organisé cette année par Edouard Gentaz (U. de Genève et archives Piaget, voir ToutEduc ici).

La chercheuse signale, en ce qui concerne les recherches anglo-saxonnes, quelles ont été mises en cause par un chercheur (Bowers) qui, sur la base de l’analyse de douze méta-analyses, a tenté d’invalider les thèses défendues par tous ses collègues, mais il a été immédiatement contesté par Fletcher qui a montré qu’il confondait enseignement systématique et enseignement explicite. Conclusion, "il existe bel et bien des preuves cohérentes en faveur de l’enseignement explicite des CGPH (correspondances graphèmes - phonèmes)" dans le monde anglo-saxon.

Une étude menée à Bruxelles sur une vingtaine de classes à la fin du siècle dernier compare la méthode "phonique gestuelle" (plus connue sous le nom de méthode Borel-Maisonny) à la méthode idéo-visuelle et montre sa très nette supériorité, y compris en compréhension, la méthode globale ayant en outre des résultats plus dispersés, donc moins égalitaires.

En France, dans l’académie de Lyon en 2013, la comparaison des résultats de 28 écoles ayant un programme d’enseignement systématique du décodage, de la fluence et de la compréhension et de 28 autres constituant un groupe témoin a été "une grande déception" puisqu’il n’a pas permis de faire progresser le groupe test plus que le groupe témoin, et ce, "quel que soit le domaine évalué : décodage, fluence, compréhension". Mais les enseignants qui participaient au programme ont consaté une amélioration des comportements individuels et collectifs des enfants, signale Edouard Gentaz qui présentait cette étude. Il fait également remarquer que l’expérimentation n’a duré qu’un an et que d’éventuelles interférences avec les manuels de lecture ont pu créer un biais.

Liliane Sprenger-Charolles présente aussi les résultats de l’étude menée par Roland Goigoux sur un très grand nombre d’écoles françaises, et qui ne montre pas de différences entre méthode synthétique et méthode analytique, mais qui souligne la nécessité de travailler les correspondances graphèmes-phonèmes à un rythme soutenu, une quinzaine au cours des premières semaines de CP (avant les vacances de Toussaint). Une autre étude, menée au Sénégal, montre l’importance d’apprendre à lire dans la langue première, le wolof en l’occurrence et pour la chercheuse, il est clair que les enfants peuvent entrer dans un processus d’auto-apprentissage des CGP (correspondances graphèmes - phonèmes) "à partir du moment où ils ont compris le mécanisme". A noter encore qu’elle reconnaît la nécessité, pour le français, d’un apprentissage global d’un nombre restreint de "mots outils", sans lesquels il est difficile de proposer aux élèves des textes "déchiffrables", et qu’elle insiste sur la nécessité, pour l’apprentissage des CGPH, de commencer par les plus fréquents, notamment les voyelles nasalisées. Elle ajoute qu’aucun manuel n’est, à ce compte "parfait".

Le site du séminaire et des deux interventions sur l’entrée de l’enfant dans la lecture de L. Sprenger-Charolles ici et ici.

Extrait de touteduc.fr du 08.06.21

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