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4 habitantes des Minguettes, "pauvres, femmes et âgées", racontent leur mémoire oubliée (Radio-France Rhône-Auvergne)

4 octobre 2022

"Quand tu es pauvre, femme et âgée, tu peux te gratter pour avoir la parole." Rencontre avec la mémoire oubliée des quartiers populaires dans le quartier des Minguettes à Vénissieux

Du 3 au 9 octobre, la semaine bleue est l’occasion de porter notre regard sur les séniors et leur place dans la vie sociale. Sur le plateau des Minguettes, à Vénissieux, plusieurs femmes racontent leur histoire d’invisibilité et de conquête de la parole.

Leur démarche est calme et assurée à la fois. Par ce soir d’automne, elles sont recouvertes de plusieurs couches de vêtements comme une carapace qui les protège de la fraicheur, mais qui les dissimule aussi un peu. Par habitude, ces femmes ne se font pas remarquer, ne prennent pas de place et ne font pas de bruit même si elles savent porter fort la voix, héritage méditerranéen oblige.

Les Minguettoises : Des femmes qui pour certaines habitent à Vénissieux depuis 30ans, véritables trésors de mémoire, avec chacune son histoire à raconter
Les Minguettoises : Des femmes qui pour certaines habitent à Vénissieux depuis 30ans, véritables trésors de mémoire, avec chacune son histoire à raconter • © France TV
Elles sont d’origine algérienne, marocaine, tunisienne ... mais "les Minguettes c’est mon pays" résume fièrement l’une d’elle quand on l’interroge sur ses origines. Zora, Fatiha H, 62 ans, Fatiha Z, 79 ans, Zahia, 75 ans et Touria, 65 ans sont voisines.

Cependant, elles ne se connaissaient pas vraiment. Certaines habitent pourtant le quartier depuis plus de 20 ans, il leur manquait un lieu où se retrouver.

Leurs points communs ? L’exil, les Minguettes et des rencontres au sein des centres sociaux de la ville. Des ateliers réfléchis et co-construits avec un groupe de 14 femmes âgées de 55 à 80 ans et originaires d’Algérie, du Maroc et de Tunisie, une anthropologue : Julie Leblanc et deux artistes : Bénédicte Bailly, photographe et Julie Martin-Cabetich, artiste plasticienne. L’idée est de constituer des espaces de parole et de les restituer "pour donner une autre image des Minguettes".

[...] Des parcours d’exil
Cette histoire n’est pas propre à Vénissieux, ni aux immigrées du Maghreb mais à celles qui ont en commun un parcours d’exilées dans les quartiers populaires.

C’est notamment ce qu’a cherché à démontrer Nadir Dendoune, journaliste, écrivain réalisateur, en produisant un film sur l’histoire de sa propre mère Messaouda Dendoune. "C’est arrivé un peu par hasard", raconte-t-il. "Fin 2014 mon père se casse le col du fémur, puis il tombe malade et doit être placé dans un centre spécialisé. Ce fut un déchirement pour ma mère, elle s’en voulait énormément. J’ai commencé à la filmer, au départ c’était pour faire un film de famille et puis très vite on a vu qu’il y avait des pépites." Des Figues en avril, un film à portée universelle qui a été projeté 170 fois et vu par 15 000 spectateurs, dont les Minguettoises.

[...] Ce qui joue sur la visibilité de ces personnes, conclut Julie Leblanc dans son travail sociologique sur les Minguettes, ce n’est pas leurs supposées différence culturelle mais "une question de capital économique et social".

Extrait de france3/auvergne-rhone-alpes du 03.10.22

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