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A propos de Nahel. Pour une éducation partagée : tribune d’Arnold Bac, ex-responsable à la Div puis à la Ligue, à ToutEduc

30 juin 2023

Cette situation ne peut plus perdurer sous peine de se déconnecter d’une partie de la population jeune (une tribune d’Arnold Bac)

Arnold Bac, qui a été chargé de mission Éducation à la délégation interministérielle à la ville et au développement social urbain, puis responsable du secteur confédéral Éducation de la Ligue de l’enseignement, nous fait parvenir cette tribune que nous publions bien volontiers. Selon la formule consacrée, les opinions exprimées n’engagent que leur auteur.

La place faite à l’enfant et au jeune est un facteur de lien social qui peut contribuer à cimenter solidement notre pays. Et ce, parce que cette place faite à l’enfant et au jeune est un pari pour l’avenir qui encourage les relations intergénérationnelles. De la même manière, cette prise en compte de l’enfant et du jeune ouvre la voie à une prise en charge partagée de l’éducation par toutes les composantes de notre société

Cette éducation partagée, cette co-éducation, c’est un acte citoyen, c’est un acte de confiance dans une période où la société hésite sur son avenir, n’arrive plus à communiquer avec une partie de sa jeunesse, laquelle, elle-même, échange très difficilement avec les autres jeunes et se sent victime d’injustices.

Dans une période, aussi, où, entre nos institutions et certaines catégories de jeunes, existe un rapport mutuel de défiance, de reproches, de récriminations et peut-être, surtout, de peur. Avec des griefs partagés, réciproques, de manque de respect, d’inconsidération, d’arbitraire.

En outre, dans notre société, un certain nombre de nos institutions, y compris éducatives, ont perdu toute signification pour ces jeunes. À l’heure actuelle, sauf à faire preuve d’irresponsabilité, personne ne peut ni ne doit sous-estimer ces phénomènes. Ni ignorer ce que l’ensemble des acteurs sent confusément, à savoir que cette situation ne peut plus perdurer sous peine de se déconnecter d’une partie de la population jeune. Et ce d’autant plus au moment de la mort tragique, lors d’un contrôle de police, d’un jeune de 17 ans, Nahel.

Pour empêcher cela, le système éducatif doit jouer un rôle majeur : celui d’entrainer toute notre république dans le rétablissement, voire l’établissement de liens avec tous les enfants et tous les adolescents sans exception, avec toutes les familles. Ceci appelle très clairement une posture nouvelle.

En tant que lieu d’apprentissage, de transmission, de socialisation et d’éducation, le système éducatif a un rôle irremplaçable : structurer informations et connaissances, développer le plaisir de comprendre et d’interpréter le monde. Cette ambition montre, si besoin est, que l’éducation ne peut qu’être partagée : personnels des établissements scolaires, parents, familles, communes, intercommunalité, départements, régions, institutions et lieux éducatifs, sportifs et culturels, associations, services de l’État, Caisses d’allocations familiales, Mutualité sociale agricole, monde économique et, bien sûr, jeunes eux-mêmes. La place et le rôle de ces derniers dans la Cité ont à être l’inquiétude permanente de l’ensemble des parties prenantes à l’action éducative, constituant ainsi la culture commune de la co-éducation.

Culture commune qui ne peut que contribuer à donner à toutes et à tous les jeunes sens et réalité à notre République que nous affirmons laïque, démocratique et sociale. Quand nous répétons à l’envi qu’elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion et qu’elle respecte toutes les croyances.

Si on veut bien considérer "qu’il faut tout un village pour élever un enfant", il ne peut qu’être bénéfique que, partout dans le pays, nous nous nous unissions à cette fin.

Arnold BAC

Extrait de touteduc.fr du 30.06.23

 

Note du QZ : Arnold bac est membre depuis de nombreuses années du CA de l’OZP

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