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L’hommage à Dominique Bernard : - Témoignages de professeurs des écoles (Le Café) - 179 signalements à la justice (ToutEduc)

18 octobre 2023

Parler de la barbarie avec les élèves d’école primaire

Comment parler de la barbarie avec les élèves, d’autant plus aux élèves de l’école primaire ? Le Café pédagogique vous propose un petit tour d’horizon sur la façon dont l’attentat terroriste qui a coûté la vie à Dominique Bernard a été abordé. Si toutes et tous étaient dans l’émotion et appréhendaient les questions des élèves, ils ont quand même « fait le job » comme l’explique Maëlle, enseignante en CP/CE1 à Paris.

Dans le REP de Mourenx, les témoignages montrent les mises œuvre multiples dans le premier degré, en lien avec l’âge des élèves. Les classes des CP et CE1 de l’école Charles De Bordeu ont décidé de lancer les échanges sur les évènements de vendredi par l’écoute d’un extrait de la chanson « Il changeait la vie » de Jean Jacques Goldman. Une entrée que l’équipe avait choisie il y a trois ans… Il faut dire que les paroles se prêtent en effet à cet hommage au professeur tué à Arras : « C’était un professeur, un simple professeur, qui pensait que savoir était un grand trésor… Il y mettait du temps du talent et du cœur… Et loin des beaux discours, des grandes théories, à sa tâche chaque jour on pouvait dire de lui… il changeait la vie »

Pour Aurélie, enseignante en CP « Beaucoup d’enfants ont eu besoin de parler de ce qu’ils avaient vu…et certains connaissaient beaucoup de détails. C’était important pour eux de démêler le faux du vrai, de mettre des mots sur leurs inquiétudes. » Une proposition a été faite de ne pas hésiter à venir la voir lors de la récréation pour celles et ceux qui auraient besoin de prolonger le débat. Alexandre s’en saisit et vient solliciter sa maîtresse qui rassure l’enfant en expliquant que le tueur est en prison.

Dans la classe de Katel, les élèves de CM ont travaillé à partir d’un article de la revue pour enfants « Mon Quotidien ». Pour l’enseignante, « cela permettait de donner les éléments essentiels avant de lancer les échanges et de faire ensuite une minute de silence ». Dans l’école voisine, les élèves de CM de Julien, avaient d’ailleurs interpelé le maître dès leur arrivée en classe sur la question de la minute de silence, offusqués de son non-respect lors du match de rugby de la veille.

Faire le job

« Moi, je n’ai pas envie de parler de ça », nous dit Maëlle, professeure des écoles à Paris. « Je n’ai pas envie de parler de la mort, de la haine. Je ne comprends même pas moi-même ce qui se passe, comment eux vont comprendre ? On est tous dans la sidération, a-t-on besoin de communiquer notre peur et nos angoisses aux enfants ? ». Mais comme tous ses collègues, l’enseignante a évoqué la situation avec ses élèves. « Je comprends qu’il faille qu’on en parle, surtout que certains de mes élèves avaient eu accès à l’information, même à des vidéos ». « Alors j’ai fait le job », nous dit-elle. « J’ai apprécié qu’on nous laisse libres d’organiser ça comme on voulait. Dans l’école, on a décidé que ce serait seulement les CM1 et CM2 qui se regrouperaient dehors pour la minute de silence ». Enseignante en CP/CE1, Maëlle et sa collègue de CE1/CE2 ont décidé de faire faire des dessins aux enfants, « des dessins pour ceux qu’ils aiment ». « On leur a proposé de dessiner le monde de leur rêve », explique Maëlle. « C’était beau. C’était vivant, c’était plein de couleurs. Tellement à l’opposé de ce qui se passe dans le monde à présent. Laissons-les encore rêver, encore un peu. L’impitoyabilité de notre monde les rattrapera bien assez tôt… ».

Dans cette école lyonnaise, Julie et Yann enseignent tous deux en CP. « Nous avons réuni tous les CP, et expliqué qu’un professeur avait été tué dans une école par “un monsieur mal dans sa tête” et qu’on allait faire une minute de silence pour penser à tout ça » nous raconte Julie. « Puis on a pris quelques questions et sentiments d’élèves qui étaient un peu tristes. Après on a dit que c’était des choses très rares, qu’on est en sécurité à l’école et que l’exercice qu’on fera la semaine prochaine – anti-intrusion – c’est aussi pour ce genre d’événements ». Dans la classe de Yann, un « petit échange sur le à quoi sert la grande école » a été organisé. « On voulait montrer que l’école permettait de grandir, de écrire/lire/faire des choses seul et selon ses intérêts » . « On leur a expliqué que certaines personnes peuvent nous aider à grandir et que certains préféreraient que cela se passe différemment, que les gens ne soient pas libres. La minute de silence était pour penser aux personnes qui nous ont aidés à grandir ».

Lilia Ben Hamouda

Extrait de cafepedagogique.net du 18.10.23

 

Gabriel Attal demande des sanctions pour 179 élèves ayant troublé la minute de silence en hommage à Dominique Bernard (Assemblée Nationale)

"Dans la quasi-totalité des cas, ce moment de recueillement, ce moment d’hommage s’est déroulé dans la plus grande dignité et le plus grand respect", indique Gabriel Attal. Le ministre de l’Education nationale répondait, ce 17 octobre à une question de la députée Nadia Hai sur la minute de silence observée hier 16 octobre après l’assassinat d’un enseignant, Dominique Bernard. Mais 179 élèves ont choisi "de perturber ce recueillement, de provoquer l’école et d’insulter la mémoire de nos professeurs (...). Ce sont 179 saisines du procureur de la République qui partent ce jour pour engager des poursuites contre ces élèves. 179 procédures disciplinaires partent également et pour les cas les plus graves, plusieurs dizaines d’entre eux qui relèvent de l’apologie du terrorisme, (il) ordonne ce jour l’exclusion de ces élèves dans l’attente des procédures disciplinaires qui se tiendront".

Le ministre a par ailleurs réuni, ce jour, les organisations syndicales représentatives et leur a indiqué qu’il veut trouver l’équilibre entre une meilleure sécurité des personnels et des élèves et le fait que les établissements scolaires ne ressemblent pas à des prisons", selon le SNALC qui a participé à cette réunion "sur les thèmes de la sécurisation des établissements, de la protection des personnels et du suivi des situations", indique dans un communiqué le syndicat des lycées et collèges. "Le ministre réunira demain les associations des collectivités locales."

Il leur a indiqué, selon le SNALC que "des signalements avaient été faits par les personnels de l’Éducation nationale sur la fratrie du meurtrier", ce qui pose le problème de leur suivi. Toujours selon le SNALC, il a reconnu "la nécessité que la voix des personnels puisse être prise en compte dans le diagnostic sécurité", ce qui n’avait pas été le cas à Arras s’agissant du parvis devant l’établissement. Il a de plus rappelé "que le niveau ’urgence attentats’ était resté 4 mois en vigueur après l’assassinat de Samuel Paty".

A propos des diagnostics de sécurité qui doivent être réalisés, le Syndicat des lycées et collège estime "qu’aucun individu extérieur ne doit pouvoir s’introduire sans être identifié en toute sécurité par un personnel" et "faire l’objet d’un contrôle selon des modalités garantissant qu’elle ne s’introduit pas avec un objet dangereux", ce qui suppose de "faire évoluer la législation sur la question de la fouille des sacs" en cas de doute sérieux. Pour l’organisation syndicale, les collectivités doivent réaliser "ce qui est demandé par la communauté éducative de chaque établissement pour sa sécurité (tourniquets, parking sécurisé, …)". Elle pose aussi "la question de la gestion des parents dans le premier degré, et de leur présence de plus en plus pesante".

Le syndicat estime que "pas grand-chose" n’a changé depuis 3 ans (et l’assassinat de Samuel Paty). "Certaines sécurisations ont pu être faites par certaines collectivités, mais il n’y a pas eu de réelle évolution à l’échelle nationale." Il laisse entendre que tous les établissements n’ont pas respecté la consigne de banaliser deux heures le matin pour permettre aux enseignants de dialoguer entre eux avant de rencontrer leurs élèves.

Extrait de touteduc.fr du 17.10.23

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