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Rencontre OZP des coordonnateurs : la transcription des échanges : 1 et 2/8. Présentation de leur situation et mission par les coordonnatrices présentes - Introduction des débats par Marc Douaire

6 novembre 2023

L’OZP achève le compte rendu de la Rencontre des coordonnateurs et coordonnatrices qu’il a organisée le 11 octobre 2023 en publiant la transcription intégrale des échanges entre les 6 coordonnatrices présentes.
Cette transcription, qui conserve le caractère vivant et oral des échanges, a été réalisée par Marc Bablet et Michèle Coulon, membres du conseil scientifique de l’OZP.

Cette publication en 8 parties va s’étaler sur 5 jours, en proposant les deux formats html et word, selon le sommaire suivant :

1er jour
<1- Présentation de leur situation et mission par les coordonnatrices présentes>
<2- Introduction des débats par Marc Douaire et intervention de Jean-Paul Tauvel>

2e jour
<3- Première partie des échanges : lettres de missions et relations avec les CPC>

3e jour
<4- Deuxième partie des échanges : Comment procéder à la hiérarchisation des tâches de coordination>

4e jour
<5- Troisième partie des échanges : verticalité et horizontalité du réseau et rôle du coordonnateur>
<6- Quatrième partie des échanges : comment continuer à travailler entre OZP et coordonnateurs>

5e jour
<7- Cinquième partie des échanges : ce que l’Ozp fera pour rendre compte des échanges et formations possibles>
<8- Autres remarques>

Voir les tous les comptes rendus de la rencontre déjà en ligne

 

OZP Observatoire des zones prioritaires
Compte rendu de la rencontre consacrée aux coordonnateurs le mercredi 11 octobre 2023

1. Echanges avec les coordonnatrices présentes : présentation des conditions de la mission.

Dans un premier tour de table les coordonnatrices présentes ainsi que le directeur d’école disent la réalité de leurs conditions de travail en réseau : le turn over des pilotes, les engagements à amplitude variable, la difficulté à maintenir l’action dans la durée, la difficulté à faire réseau avec des COPIL plus ou moins vivants. La diversité des expériences de coordonnatrices expérimentées ou nouvelles, de réseaux pilotés de manière dynamique ou non, de projets plus ou moins actualisés, apparait nettement. Mais apparaissent aussi des logiques de travail différentes dans une même mission le plus souvent encadrée par une lettre de mission plus ou moins actualisée. Mais, quelles que soient les conditions, les coordonnatrices trouvent du sens à leur travail, tantôt au sein de l’équipe de pilotage, tantôt en lien avec les écoles et établissements et le plus souvent les deux.

Au travers de leurs différents propos, on prend la mesure de l’impact des « à coups » des différents niveaux de pilotage sur l’activité. On entend la manière dont les coordonnatrices doivent s’accommoder de ces fluctuations, de ses conséquences sur l’absence de mise à jour des documents de travail sur lesquels elles devraient pouvoir s’appuyer et qui les légitiment, la manière aussi dont elles tentent, avec d’autres, de surmonter ces manques pour continuer à donner sens au réseau.

Coordo 1
Je suis enseignante du premier degré, donc mon bureau se situe à l’inspection du premier degré. Les pilotes sont présents lors des rencontres en COPIL. Il y a au moins deux COPIL très restreints entre pilotes : principal, principal adjoint, IEN et moi. Je suis également régulièrement en réunion avec ma collègue qui est aussi sur la circonscription, parce qu’il y a plusieurs REP, et avec l’IEN très régulièrement.

Coordo 2
Je suis coordo depuis longtemps sur un secteur à deux collèges : j’ai deux REP en charge qui ne sont pas REP+ mais qui ont chacun quand même un IAIPR référent. L’IAIPR, le principal, l’IEN et moi, faisons des bureaux réguliers, des COPIL réguliers. On se rencontre très facilement, aucun souci, les directeurs d’école aussi puisqu’on est invités à toutes les réunions de directeurs. Ce ne sont pas forcément uniquement les directeurs du réseau, la circonscription est plus large, mais les REP couvrent souvent plusieurs circonscriptions. C’est mon cas. J’ai deux circonscriptions. Et j’ai même une école qui n’est pas en REP qui alimente les collèges de mon réseau. Le découpage n’est pas toujours très simple. Je suis du premier degré. J’ai été PE, coordo d’un autre REP avant ; en tout j’ai quinze ans de coordination. J’ai une lettre de mission, je suis à temps plein. On a des réunions régulières de coordo une fois par mois. Des groupes de travail en concordance sur des thématiques au niveau départemental.

Coordo 3
Je suis coordonnatrice. Ça fait huit ans que je suis coordonnatrice sur un REP et j’ai une lettre de mission. Enfin, j’ai un quart temps pour travailler sur ma mission. Concernant les COPIL, ça a été très variable parce que sur ces huit ans, j’ai vu passer quatre IEN différents et quatre principaux de collège. Donc les dynamiques ont été malmenées. J’ai commencé très fort en 2015 et avec un énorme effort, un travail sur les PDMQC avec Patrick Picard et j’ai été en parallèle formatrice maternelle. Donc il y a eu de grandes années, qui se sont effilochées au fil des réformes et des changements. Je pense que ça joue beaucoup dans le pilotage. J’ai donc une lettre de mission qui a été coécrite au début avec mon IEN. Alors la particularité, c’est que je suis rattachée sur les écoles parce que les écoles ont été classées éducation prioritaire avant le collège qui ne voulait pas, par peur d’être stigmatisé. Donc historiquement, on a un réseau d’éducation prioritaire qui est très ciblé sur les écoles, beaucoup plus que sur le collège. J’ai de ce fait peu de réunions avec les pilotes ces dernières années, mais par contre beaucoup avec les directrices et également directement avec les enseignants et enseignantes sur des réunions de cycle ; je vois les collègues de cycle un et les collègues de cycle deux, les collègues de cycle trois sur des projets.

Directeur d’école
Je suis directeur de maternelle en REP+, en lien avec un coordo et avec encore d’autres. C’est le troisième que j’épuise ! Les coordos, nous les avons vu passer. En effet, et par rapport à ce qui est répandu, c’est un peu ça. Vu du côté directeur, c’est un peu ça. Il y a eu des périodes avec des pilotes, des équipes qui tenaient. Il y a eu toute une période, où nous aussi, on a vu passer trois IEN ou quatre principaux de collèges et là on a eu l’impression que les pilotes, en fait, c’était nous, les équipes de l’école primaire, plus le coordo qui lui, ne bougeait pas. On a dû réclamer après à corps et à cri d’avoir des réunions de COPIL. Pour l’instant on est sur un bon cycle qui a l’air d’être reparti. Mais par rapport au projet de réseau, c’est vrai que c’est très, très flottant. On a vu beaucoup de flottements aussi sur les fameuses lettres de missions au début, ou en effet les gens les écrivaient et là actuellement, je ne pourrais pas parler des coordinatrices qu’on a sur nos deux réseaux, mais je me demande pendant combien d’années est valable la lettre de mission, si elle est renouvelée tous les ans ou si, en fait, elle est un petit peu ad vitam aeternam, vu le mal qu’on a à les faire au départ. J’ai connu aussi des secrétaires et alors là pour le coup, c’étaient vraiment des secrétaires basés au collège et ils servaient de secrétaires au collège.

Coordo 4
Moi, je viens aussi de province, je suis sur deux réseaux : un REP plus et un REP mais une partie dans une autre commune. Je suis sur le poste depuis quatre ans. Depuis 2019, je n’ai pas de lettre de mission, je n’ai pas de bureau, mais c’est aussi ma volonté en fait, parce que pour moi, c’est plus cohérent de voir une équipe et d’être en lien avec les personnes, qu’ils puissent identifier la figure du réseau plutôt que d’être cachée dans un bureau. Je n’ai pas forcément besoin d’un bureau au collège ou dans une école. J’ai accès toutefois à des lieux de travail si j’ai besoin de me poser, faire des comptes rendus, etc. Mais je circule et je peux aussi travailler chez des partenaires associatifs. Et puis je dépends de quatre pilotes parce que deux circonscriptions sont concernées ce qui n’est pas toujours évident parce qu’il n’y a pas la même dynamique sur les deux réseaux, il n’y a pas le même engagement, les mêmes outils de communication. Donc à chaque fois, tout est multiplié par deux. Il y a le REP+ qui fonctionne très bien. Clairement, on est sur un vrai travail en réseau. Là il y a un IAIPR présent. Avec l’IEN on a aussi des réunions régulièrement avec les directeurs et directrices des écoles. Le chef d’établissement, il est toujours là aussi, on se voit régulièrement. Et puis sur l’autre réseau, c’est tout l’opposé. Mais ça ne m’empêche pas d’être présente, en fait, au collège, j’ai un peu biaisé et puis voilà. Trouver des chemins de détour pour quand même pouvoir construire des projets de l’inter-degré sans vraiment les pilotes. Et puis, comme le disait une autre coordo, en quatre ans, j’ai vu passer deux IEN différents, et deux chefs d’établissement sur les deux réseaux. En ce moment, sur un des réseaux, un chef d’établissement est en fin de carrière et il m’a dit clairement que ce n’était pas sa priorité. Il a encore quelques années à faire. Lui, il veut juste maintenir l’ordre dans son établissement. Surtout là, avec le pacte et tout ce qui arrive. Sur l’autre réseau, on est vraiment dans une dynamique, on a réussi à construire, depuis quatre ans, un travail ensemble, en réseau, à la fois autour du projet de réussite éducative, mais aussi on a un projet de réseau, c’est l’outil pour les écoles, ça leur sert de projet d’école, on s’appuie dessus. Avec le chef d’établissement, quand il a eu aussi l’évaluation de l’établissement, on a utilisé aussi ce document. Moi j’étais incluse dans les groupes de travail, avec aussi des partenaires, etc. Les formations que l’on construit ou que l’on nous propose, c’est aussi ensemble, en partenariat premier degré et second degré, mais aussi avec les associations, avec la mairie, etc. Il y a une dynamique de réseau qui commence un peu à porter ses fruits et qui a du sens. Et quand on parle maintenant réseau, sur ce REP+ là, ça fait appel à des images concrètes, mentales chez beaucoup de personnes. Sur l’autre réseau, c’est un peu plus complexe.

Coordo 5
Je suis coordonnatrice depuis deux ans. Après deux anciens coordinateurs qui sont seulement restés trois mois, voire quatre mois ; j’arrive donc dans un réseau, dans deux réseaux qui ont manqué de coordinateurs pendant quelques années. J’ai à la fois, comme ma collègue, deux réseaux, donc deux IEN, deux principaux. Je suis en Ile de France. J’ai quatre bureaux possibles. J’ai été équipée, j’ai une lettre de mission, donc je me déplace aussi en circonscription, dans les écoles, dans les collèges. J’ai été très bien accueillie. Il faut quand même le dire, parce que c’est important. Que ce soit par les équipes, par les IEN ou les principaux de collège. Après, c’est sûr que ce n’est pas facile de créer du réseau justement dans un réseau qui depuis deux ans n’avait pas de coordonnateur. Donc c’est pas facile justement de me reconnaître en tant que tel et que je sois légitime sur ce poste là et qu’on connaisse mes mission même si j’ai beau les dire et les redire…Qu’on pense à moi, qu’on me mette dans les mails, qu’on ne m’oublie pas quand on essaye d’être dans une dynamique ; mais je trouve que ça commence, ça commence un tout petit peu … Des conseils écoles collèges, des conseils de cycles 3... J’essaye d’être le plus présente possible pour montrer le réseau, il faut essayer de communiquer entre nous les informations, parce que c’est comme ça qu’on fait un réseau en fait, dès qu’il se passe quelque chose pour les élèves.

Coordo 6
Je suis coordonnatrice en Ile de France depuis neuf ans. Je suis celle qui est la plus ancienne sur cette fonction dans mon département. Je viens du second degré. Cette fonction est plutôt considérée comme une fonction tremplin pour aller passer des concours. Dans mon cas, puisque second degré : chef d’établissement, inspection, etc. Donc quand on apprécie d’être coordo, il faut un peu se battre pour dire « moi je suis légitime dans ma fonction, j’ai envie de continuer ». Moi je suis sur un réseau et j’ai ce qu’on appelle une fonction transversale parce que je m’occupe de la politique de la ville. Ce qui veut dire que je suis en partenariat sur un territoire avec l’équipe de développement local et sur le projet de territoire. Sans ça, j’ai un réseau, un REP. Je n’ai pas changé de territoire mais par contre les pilotes ont beaucoup changé. Trois IEN. Quatre principaux différents, donc ça tourne beaucoup. Et je me suis aperçue que pour effectivement être reconnue, pour qu’on comprenne les missions, il fallait déjà un certain temps, donc je suis très contente d’être restée sur le même territoire pour voir vraiment les évolutions. Maintenant, c’est évident, je suis reconnue, je peux, je peux être plus dynamique. Quand on est en REP, c’est compliqué puisqu’on n’a pas évidemment tout ce qui peut être installé dans un REP+. Mais je pense qu’on a, à l’échelle d’un REP, une belle dynamique de réseau quand même. Maintenant, ce que je déplore, c’est que je suis arrivée au moment où il y avait la rédaction du projet, j’ai été là, dans le bain, parce qu’il fallait faire des projets de réseau. Et puis depuis, on n’y est plus revenu. Alors ça va parce que moi j’étais là, c’est moi qui ai écrit ce projet de réseau, enfin écrit avec les partenaires, j’étais à l’animation de ce projet. Donc j’ai encore les repères, mais je vois les nouveaux collègues, je ne suis même pas sûr qu’ils sachent ce qu’il y a dans le projet du réseau existant, parce que c’est tellement lointain maintenant. Et puis on les avait construit avec les pilotes, les pilotes ont tellement changé ! A chaque fois qu’il y en a un nouveau qui arrive, je donne le projet de réseau qui a évolué puisque de toute façon, le diagnostic, il n’est plus le même. Enfin bon, c’est un peu compliqué je trouve. Après, bien sûr, même s’il n’y a pas un diagnostic posé, il y a toujours un diagnostic avec les évaluations, avec le fait qu’on entend des choses. On est aussi un peu dépositaires de ce qu’on entend, dans le premier degré, dans le second degré et qu’on fait remonter au pilote ; mais cela n’empêche qu’il n’y a rien qui est posé à un moment donné.

 

OZP Observatoire des zones prioritaires
Compte rendu de la rencontre consacrée aux coordonnateurs le mercredi 11 octobre 2023

2. Introduction des débats par Marc Douaire et intervention de Jean-Paul Tauvel

Marc Douaire
Le ministre avait annoncé en novembre qu’il y aurait un groupe de travail sur la méthode concernant la carte de l’éducation prioritaire. Tout ce qu’on a obtenu, c’est d’en faire partie, mais il ne s’est jamais réuni, c’est très clair. Et par contre, en décembre, on a été auditionné par la mission Carel à l’Assemblée nationale. Et vous avez vu dans le rapport qui est assez copieux, il y a de tout, mais il y a un certain nombre de choses qu’on a avancé et qui ont été reprises, notamment, par exemple, l’organisation d’Assises nationales de l’éducation prioritaire avec les acteurs, on s’appuie dessus parce qu’on a eu affaire à des députés qui nous ont demandé ce que c’était que le réseau. Il n’y a pas d’hostilité, il y a des contournements. On a vu avec les CLA de Nathalie Elimas et avec le rapport Mathiot, la façon dont on veut débrancher l’éducation prioritaire. Mais en même temps, la Cour des comptes disait que c’est le seul système de lutte contre les inégalités en France. Donc c’est un peu compliqué. Alors je ne vais pas m’étendre, mais ce qu’on sait, c’est qu’aujourd’hui, c’est la politique de la ville qui est à la manœuvre. Les projets des quartiers prioritaires de la ville vont être revus au printemps pour la rentrée 2024. Donc sur les 400 projets, ils sont en train d’être finalisés et se pose la question des cités éducatives. On a fait quatre rencontres à l’OZP sur les cités éducatives. Cette politique est en train d’être pilotée autrement, c’est à dire que c’est l’Agence nationale de la cohésion des territoires qui a la main et que la DGESCO est peu présente, il y a juste une personne de la DGESCO qui est là, pas un chef de service, pour participer à la gestion des 200 cités éducatives. Donc le scénario qui peut se dessiner, c’est que, s’il n’y a pas une action du ministère sur l’éducation prioritaire, avec la politique des cités éducatives, ça sera la politique de la ville qui va dans sa future géographie, inclure les REP+ et les REP qui seront partie prenante. Donc ne prenons pas non plus pour argent comptant ce qui est annoncé en 2027, c’est loin en 2027, tout ceci c’est très mouvant.

Jean-Paul Tauvel
Je voudrais juste vous donner deux infos qui vont peut être vous remonter un peu le moral. Vous n’avez pas complètement disparu. J’ai vu passer récemment au plan national de formation un stage spécial pour les formateurs et coordos. Et puis on a mis sur le site OZP une infographie, un petit schéma qui montre ce que c’est qu’un réseau d’éducation prioritaire. Et dans ce schéma très clair, le coordo est au centre. Vous pouvez le réutiliser dans votre réseau.

Ci-dessous les textes 1 et 2 en format Word

 

En ligne demain : Rencontre OZP des coordonnateurs : la transcription des échanges : 3/8 Les lettres de mission et les relations avec les CPC

Les comptes rendus de la rencontre déjà publiés

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