Formation continue : une note de Terra Nova rappelle que seuls les établissements en REP+ bénéficient d’un temps institutionnalisé entre collègues (ToutEduc)

29 novembre 2023

La formation continue des enseignants pointée du doigt dans une enquête et une note d’analyse (Terra Nova, Sud Education)

“Le système ne répond pas actuellement aux besoins des professionnels“ considère le Thinktank Terra Nova dans une note consacrée à la formation continue des enseignants publiée ce mardi 28 novembre.

Florence Rizzo et Marc-Olivier Padis y font état des résultats des élèves français aux évaluations internationales et de leurs liens avec les conditions d’enseignement pouvant les influencer. Ils estiment que les différentes grandes réformes successivement entreprises “ont toutes oublié le développement professionnel des enseignants“, alors que 83 % d’entre eux “déclarent n’avoir jamais été consultés sur l’offre de formation“.

76 % des enseignants estiment de plus “effectuer des tâches pour lesquelles ils auraient besoin de plus de formation“, tandis qu’à l’inverse sur l’année scolaire 2020-21, ajoutent-ils, 86 % des enseignants se sont inscrits à au moins un module de formation mais 67 % y ont effectivement participé, des chiffres qui “dégringolent dans le second degré“ (respectivement 65 % et 50 %).

S’ils considèrent que la mise en place depuis janvier 2022 des ÉAFC (écoles académiques de la formation continue) “constitue une première marche dans une meilleure prise en compte de ces besoins“, ils constatent que “les moyens manquent encore cruellement“, d’autant que “80 % de la formation continue relève de l’autoformation“.

De même, poursuivent les auteurs, “faute de culture de la coopération, notre système éducatif ne prévoit pas de temps institutionnalisé entre collègues (sauf en éducation prioritaire renforcée REP+), dédié à l’écoute des difficultés, au partage d’expérience, à l’échange des bonnes pratiques, et limite, de fait, le temps de progression par les pairs“. Ainsi, la France “n’a pas construit la formation continue comme partie intégrante du métier d’enseignant“, déplore Terra Nova qui formule quatre grandes propositions pour y remédier. Par exemple, là où “aujourd’hui l’établissement n’a ni ligne budgétaire ni compétence pour organiser la formation de proximité“, le ThinkTank préconise d’en faire le premier lieu qui soit dédié au développement professionnel continu (DPC) dans l’éducation, ce qui implique de “former les chefs d’établissements scolaires au pilotage stratégique de la formation de proximité, de donner les moyens en heures et en euros à chaque établissement et de mettre en place un référent formation en établissement.“

Sud Education a également publié la veille les résultats d’une enquête sur le sujet réalisée en ligne du 4 au 20 octobre, à laquelle 6 410 personnes ont répondu (sans préciser s’il s’agit d’adhérents).

Pour l’organisation syndicale, “l’accès à la formation des enseignant.es et des CPE est très insuffisant“, avec 84 % des personnels du 1er degré ayant suivi tout au plus les 18h de formation statutaires et 59 % des personnels du 2nd degré qui ont suivi moins de 2 jours de formation.

A l’inverse, les enseignant·es déclarent suivre en moyenne 8 jours de formation par an dans les autres pays membres de l’OCDE, et que ce temps équivaut à 7,4 jours par an dans les autres ministères. A cela s’ajoutent des modalités d’organisation de la formation continue qui ne satisfont pas les personnels : par exemple 43 % d’entre eux “ont reçu leur convocation au dernier moment“, 58 % ont suivi des formations à distance dans le 1er degré alors que la moitié des personnels “considère que la formation à distance est moyennement adaptée“ et un tiers “pas du tout adaptée“.

Surtout, SUD considère que les contenus proposés “ne correspondent pas aux attentes des personnels“, à leurs besoins, “ni aux enjeux de l’école et de la société d’aujourd’hui“. Dans le 1er degré, 14 % des répondant.es ont suivi une formation sur le harcèlement scolaire, 18 % sur l’inclusion et le handicap, ou encore 6 % sur l’éducation à la sexualité. Pourtant, 45 % des personnels n’ayant pas déjà été formé.es “veulent suivre une formation sur l’inclusion et le handicap“, 40 % sur le harcèlement scolaire, 35 % sur la protection de l’enfance, et 52 % des personnels sur les pédagogies coopératives.

Dans le 2nd degré, 19 % des personnels n’ont reçu aucune formation, 40 % moins de 4 demi-journées, 17 % entre 5 et 6 demi-journées et 23 % plus de 6 demi-journées. Celle-ci se déroule pour la moitié d’entre eux en partie sur temps de service et en partie en dehors, pour 45,3 % uniquement sur le temps de service et pour 4,7 % hors temps de service. Les formations ont concerné l’éducation à la sexualité pour 10 % des personnels, le harcèlement scolaire (14 %) et l’inclusion et le handicap (19 %). L’organisation syndicale s’émeut ainsi de ce que “23 % des femmes déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel au travail, or (..) seulement 2 % des personnels du second degré ont déjà assisté à une formation sur ce sujet.“

Elle déclare que plus de la moitié des personnels interrogés souhaitent recevoir une formation disciplinaire (55 %) et que la formation “est une part essentielle de l’école inclusive“ avec plus de la moitié des personnels qui souhaite bénéficier de formation pédagogique et didactique pour les élèves allophones ou en situation de handicap. Enfin, 51 % des personnels “souhaitent être formé.es sur les pédagogies alternatives et coopératives“.

La note “De l’urgence d’une grande réforme de la formation continue des enseignants“ ici

L’enquête de SUD Education ici

Extrait de touteduc.fr du 28.11.23

Voir aussi la tribune du Gfen : Pour une véritable formation professionnelle des enseignants

Voir le MC GRH. Concertation, Pondération (gr 3)/