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Journée OZP du 2 décembre 2023 : le compte rendu de l’Ecole de demain (Unsa)

19 décembre 2023

Conférence de l’OZP : « L’école est-elle un service public ou au service des publics ?
C’est à cette question que l’observatoire a tenté de répondre le samedi 2 décembre. Suite à la présentation de son président Marc Douaire, se sont succédé Louis Maurin, directeur de l’observatoire des inégalités, Choukri Ben Ayed, professeur sociologue spécialiste des inégalités scolaires, Marc Bablet, ancien inspecteur général et membre du conseil scientifique de l’OZP.

Dans son introduction, Marc Douaire a justement pointé l’angle mort de la politique gouvernementale dans lequel se trouve l’éducation prioritaire depuis 2017. Sa carte devait être revue en 2019 mais cela n’a pas été le cas et il semblerait qu’aucune révision d’ampleur ne soit prévue avant la rentrée 2025. En attendant, la révélation des Indices de positionnement sociale (IPS) l’an dernier a mis en lumière des situations plus que préoccupantes pour de nombreux établissements.

Observatoire des inégalités :

Afin de faire réfléchir les élèves du second degré sur les inégalités et les discriminations, l’observatoire propose une animation autour d’un jeu proche du Monopoly. Des interventions de deux heures sont envisageables pour faire découvrir ce jeu aux élèves.

D’après l’observatoire, les inégalités d’éducation en disent plus sur l’avenir des populations que les inégalités de revenus même si ces dernières sont importantes dans une société marchande. La peur de l’erreur semble pénaliser davantage les élèves français que les jeunes d’autres pays, c’est ce qui ressort des tests internationaux comme Pisa, ce qui leur donne aussi une limite quant à l’interprétation que l’on peut en faire sur le niveau réel des élèves.

Les inégalités scolaires ont un poids significatif sur la société française : importance des diplômes, chômage qui peut en découler, espérance de vie en fonction de sa position sociale, pratiques culturelles…

L’école se heurte à la réalité sociale des populations qu’elle accueille sans être « armée » pour les recevoir correctement. De plus, depuis le début des années 2000, les catégories populaires stagnent alors qu’auparavant, elles étaient de moins en moins pauvres. Actuellement, la mobilité sociale n’est plus aussi grande que dans les années 60-70. Louis Maurin ne considère pas que l’ascenseur social soit en panne mais il reconnaît qu’il est grippé.

Intervention de Choukri Ben Ayed

Le chercheur a pointé l’importance de regarder les indicateurs que l’on suit lorsque l’on parle d’inégalités. Pour lui, il n’y a pas de raison de produire des inégalités, d’autant plus que la quête de l’égalité fait partie des principes de notre République.

Lorsque l’on observe les disparités territoriales en matière d’éducation, on se rend compte que la carte des inégalités ne correspond à aucune organisation ou découpe institutionnelle. Dans les zones denses, la multiplication des choix scolaires entraîne le maximum de processus ségrégatifs. Il juge que les pouvoirs publics sont complices du manque de mixité dans les établissements en faisant référence au rapport de Jean-Claude Delahaye sur la grande pauvreté et la réussite scolaire paru en 2015. Il pointe également le manque d’ambition étatique concernant l’éducation prioritaire qui ne bénéficie pas d’une politique d’envergure et n’est gérée que par des circulaires. Cependant, pour lui, la ségrégation est scolaire avant d’être urbaine, il cite, entre autres, le mouvement des enseignants, l’implantation des options…

L’opacité des enveloppes rectorales en terme de distribution des moyens entretient la suspicion, on ne sait pas comment sont répartis les fonds dans les différents réseaux d’éducation prioritaire.

Il se montre assez lucide concernant certains établissements scolaires qu’il faut fermer à cause d’un environnement catastrophique ou de la situation des personnels qui sont en souffrance mais regrette que le ministère soit si mauvais en matière de ressources humaines lorsqu’il s’agit d’accompagner des équipes. Pour lui, l’éducation prioritaire n’est clairement pas la même partout.

Monsieur Ben Ayed dénonce l’hypocrisie du système qui entretient un certain séparatisme et une ségrégation en concentrant tous les « maux » au même endroit. Il pointe également les réussites, comme à Toulouse, où les moyens auparavant attribués à l’éducation prioritaire ont permis de créer des maîtres inter degrés dans les établissements qui ont accueilli les élèves déplacés. Ce qui a aussi permis de redéployer les savoir-faire de l’éducation prioritaire dans les établissements hors EP.

Le chercheur a enfin dénoncé la situation nantaise qui est contraire à la loi. En effet, 50% des élèves y sont scolarisés dans le privé, ce qui n’est pas normal si l’on se réfère à la loi de 1959 qui stipule que le privé peut s’implanter si l’Etat ne peut pas assurer un service public d’éducation. Pour lui, l’enseignement catholique, ça n’existe pas, ce qui existe, c’est l’enseignement privé sous-contrat. Il ne comprend pas que le secrétaire de l’enseignement catholique puisse avoir autant de poids.

Intervention de Marc Bablet

Il porte un regard critique sur les réformes mises en place depuis 2017 et, comme Roland Goigoux, il dénonce un détournement de la recherche scientifique pour justifier une politique peu efficace. Il se demande également pourquoi l’évaluation du dispositif « Plus de maîtres que de classes » faites par la DEPP n’a jamais été publiée. Enfin, selon lui, l’obligation d’instruction à 3 ans a bénéficié au privé en lésant la scolarisation des enfants de deux ans en éducation prioritaire.

Il pointe l’incohérence du fait que l’on demande aux enseignants de davantage travailler le code alors que les évaluations nationales montrent que ce qui pose le plus problème aux élèves est la compréhension orale.

La question de la mixité doit continuer à être travaillée mais elle doit être associée, pour certains territoires, à une politique forte de l’EP ainsi qu’à une formation à l’accueil de publics hétérogènes. L’OZP croit en la force du collectif tout comme le collectif Langevin-Wallon qui prône la coopération plutôt que la compétition.

Marc Bablet est septique sur l’évolution de la formation initiale mais souhaite que des leviers soient prévus afin d’aider les étudiants issus des milieux populaires à accéder au professorat.

 

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