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Regards sur l’éducation 2021 : en France, l’Ocde invite le gouvernement à poursuivre ses réformes, y compris les dédoublements (Le Café, ToutEduc)

17 septembre 2021

L’OCDE invite le gouvernement à persévérer dans ses réformes de l’éducation
"Pour la France l’important est de poursuivre l’effort engagé de réformes ". Présentant le 16 septembre l’édition 2021 de Regards sur l’éducation, Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE, invite le gouvernement français à persévérer dans ses réformes. Pour l’OCDE elles vont permettre de réduire les inégalités, qui restent le premier problème de l’école française. L’OCDE donne la priorité à la réforme du métier enseignant dans l’esprit du Grenelle de l’éducation. Problème : les réformes suivies jusque là, y compris les dédoublements, n’ont pas réduit les inégalités. Elles se sont aggravées selon le ministère lui-même. Autre problème : comment réformer le métier enseignant quand 90% d’entre eux sont contre les réformes de JM Blanquer ?

Redéfinition du métier enseignant

Présentant l’édition 2021 de Regards sur l’éducation, Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE, a mis l’accent sur la lutte contre les inégalités. "L’équité est le thème central de cette édition", a t-il ajouté. Il a souligné le maintien des inégalités dans le système éducatif français expliquant que "en France venir d’un milieu favorisé diminue fortement la possibilité d’être en échec scolaire". Selon l’OCDE on compte 35% d’élèves peu performants parmi les jeunes issus de milieu défavorisé contre 7% chez les favorisés.

"Face à ces enjeux, la France a pris des mesures pour combler les lacunes", a t-il ajouté. "Il est important de poursuivre les efforts engagés dans les réformes". M Cormann cite les dédoublements mais aussi "la redéfinition du métier enseignant", notamment le statut des directeurs d’école. "Le prolongement de ces réformes rendra le système éducatif plus solide et plus résilient".

S’appuyer sur le Grenelle de l’éducation

Eric Charbonnier, analyste éducation de l’OCDE et tout nouveau membre du Conseil de l’évaluation de l’école créé par JM Blanquer, a donné plus de précisions sur ce que souhaite l’OCDE.

Pour lutter contre les inégalités scolaires "investir dans les premiers niveaux " est nécessaire. Il estime qu’il faut observer "les bonnes pratiques" des écoles qui réussissent les dédoublements et les partager. Et il relève que la dépense dans le 1er degré est inférieure à la moyenne de l’OCDE. Mais l’accent est nettement mis sur le métier enseignant.

Il faut "redéfinir le métier enseignant et celui de directeur d’école. Une valorisation salariale est importante mais il faut une réforme plus profonde du métier et tirer le bénéfice du Grenelle de l’éducation". C’est à dire "avoir une formation initiale et continue de meilleure qualité et ciblée sur les besoins des enseignants", "avoir des possibilités d’évolution de carrière" et "développer la culture d’autonomie dans les établissements".

Un bond en avant dans le new public management

Les recommandations du Grenelle de l’éducation sont pourtant loin de faire l’unanimité. Le Grenelle est favorable à la revalorisation salariale mais entend y joindre des contreparties. Le Grenelle s’est prononcé pour une rémunération "selon le mérite" comme par exemple "les projets innovants" ou "certaines fonctions objectivées qui demandent un investissement préalable". Le Grenelle veut en finir avec les accords PPCR et l’avancement à l’ancienneté. Les obligations de service des enseignants seraient modifiées pour y ajouter un temps de travail en équipe. Enfin il y a le statut de directeur. Le groupe Gouvernance du Grenelle recommande de leur donner "un véritable statut leur conférant autorité décisionnelle et fonctionnelle" et que le directeur "ait la possibilité de valoriser par une évaluation positive" les professeurs des écoles , à l’image des évaluation des chefs d’établissement dans le 2d degré. Ils devraient aussi recruter les enseignants, proposition reprise récemment par E Macron. Le Grenelle voulait aussi aller plus loin dans l’autonomie des établissements estimant qu’entre l’Etat et les établissements le seul lien devait être un contrat (un Plan d’autonomie et de réussite d’établissement) et un document d’objectifs.

Des annonces ministérielles prochainement ?

Eric Charbonnier indique que des proposition tirées du Grenelle de l’éducation devraient être annoncées "dans les prochaines semaines". S’agirait-il du statut de directeur ? Des annonces officielles devaient suivre le Grenelle en janvier. Puis on les a attendues en mars. Et on les attend toujours. E Macron à Marseille puis l’OCDE ont ouvert la boite de Pandore. Ca ne devrait plus tarder.

François Jarraud

Regards sur l’éducation 2021

Le communiqué de l’Ocde

Extrait de cafepedgogique.net du 17.09.21

 

Répondre aux défis éducatifs de l’après crise passe aussi par une réflexion sur le bien-être des enseignants (Regards sur l’éducation 2021, OCDE)

Défis importants, grands enjeux, c’est ce qui attend encore la France après 18 mois de pandémie et de crise, selon l’analyste de l’éducation à l’OCDE, Éric Charbonnier. Et ces défis passent notamment par "une réforme en profondeur du métier pour améliorer le bien-être des enseignants" et leur "offrir les meilleures possibilités d’évolution de carrière", au-delà de la revalorisation des salaires. Éric Charbonnier livrait cette analyse, ce jeudi 16 septembre 2021, lors d’une conférence de presse donnée à l’occasion de la publication de la dernière édition des Regards sur l’éducation de l’OCDE. Ce recueil annuel de statistiques internationales mesure l’état de l’éducation dans le monde et porte cette année plus particulièrement sur l’égalité des chances sur les plans de l’accès, de la participation et de la progression, est accompagné cette année d’une "nouveauté" : la publication d’un rapport consacré aux conséquences de la crise liée au COVID-19 dans l’éducation. Pour cette brochure, les données ont été collectées en collaboration avec l’UNESCO, l’UNICEF et la Banque Mondiale.

L’attractivité du métier d’enseignant est en effet, selon Éric Charbonnier, un des premiers défis sur lequel la France doit travailler. Si celui-ci a souligné que ce travail avait démarré avec une revalorisation salariale des enseignants (de l’élémentaire et des débutants), alors que le salaire statutaire des enseignants du primaire et du secondaire après dix ou quinze ans d’ancienneté est au moins 15 % inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE et que le salaire d’un enseignant du primaire correspond en 2020 à 0,8 de celui d’un actif ayant un diplôme équivalent, cet aspect ne constitue qu’un élément de cette réforme à mener. Pour l’analyste, il faut certes revoir les salaires, mais aussi les objectifs de formation, permettre du tutorat en début de carrière et répondre aussi à "un besoin de mobilité et d’évolution durant la carrière", en offrant "davantage de possibilités de faire autre chose au bout d’un certain nombre d’années" comme dans tout autre métier. Des enjeux qui sont d’ailleurs "sur la table", selon lui, depuis le Grenelle de l’éducation.

Répondre à un besoin de mobilité et d’évolution de carrières

Éric Charbonnier cite à ce titre des bonnes pratiques, comme les politiques mises en place au Brésil, où l’on attire les meilleurs enseignants dans les milieux défavorisés avec des salaires plus élevés que dans des villes "classiques". Celui-ci a aussi donné l’exemple "à suivre" de la Finlande, où le métier connaît moins de problèmes d’attractivité - pour un poste d’enseignant, il y a dix candidats - parce que "le métier est valorisé par la société" et parce qu’il y a "plein de d’opportunités d’évolution des compétences".

Parmi les autres défis principaux identifiés par Éric Charbonnier figure l’investissement dans les premiers niveaux d’éducation. Or, en France, les dépenses par élève sont inférieures de 8 % à la moyenne de l’OCDE dans l’enseignement élémentaire mais supérieures de 30 % à la moyenne de l’OCDE au niveau du lycée. Éric Charbonnier estime néanmoins positive la mesure de dédoublement des CP et CE1 dans les REP et REP+, dont "les résultats sont encourageants même s’ils ne sont pas aussi bons que ce qui était attendu". L’analyste juge d’ailleurs également positif que "pour la première fois" une mesure fasse l’objet d’une évaluation régulière pour apprécier s’il y a progression ou non. Cette évaluation doit néanmoins permettre aussi d’identifier les facteurs qualitatifs qui ont permis des progressions, en comparant les mises en œuvres dans les écoles.

Développer les programmes de remédiation pour les élèves les plus en difficulté

Parmi les autres défis, figurent le développement de programmes de remédiation pour les élèves les plus en difficulté - plus de 60 % des pays de l’OCDE en ont d’ailleurs mis en place pendant la crise et ils devraient être "systématisés" -, le développement des programmes de seconde chance, qui existent "de manière limitée en France", mais ont des "effets positifs", ainsi que la valorisation des filières professionnelles où s’observe une surreprésentation des élèves défavorisés, en permettant notamment la poursuite d’études.

Enfin, la lutte contre les inégalités passe également par "un combat collectif", à l’instar de ce qui se fait au Portugal, indique l’analyste, où se mène une "politique inclusive" des municipalités en collaboration avec les parents. Pour lui, "il est important que ce combat soit mené aussi hors de l’école".

L’OCDE salue la "performance" de la France qui a laissé le plus longtemps les écoles ouvertes pendant la pandémie

En introduction de la conférence de presse, le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, a salué "la performance de la France qui a limité au maximum les enseignements en distanciel" pendant la pandémie. En France, les élèves durant cette période ont en effet perdu entre 34 et 49 jours en présentiel, soit deux fois moins que la moyenne des pays de l’OCDE. Pour autant, la pandémie a aggravé l’écart entre les élèves les plus défavorisés et les autres, même si le rattrapage des pertes d’apprentissage à la réouverture des établissements a également été salué par Éric Charbonnier.

Mathias Cormann a invité la France à prolonger les réformes engagées afin de "rendre le système plus solide et plus résilient face aux crises à venir", la crise ayant amené à la prise de conscience "du besoin impérieux d’une refondation en profondeur du système". Avec Éric Charbonnier, il a aussi appelé à faire "perdurer" les bonnes pratiques développées durant cette période (augmentation des usages autour des outils numériques, de la collaboration entre enseignants et innovation pédagogique) et à ce qu’on ne "revienne pas aux mauvaises habitudes d’avant". L’analyste a également souligné l’importance de poursuivre le rapprochement école-parents.

Sont étudiés dans ces rapports les systèmes éducatifs des 38 pays membres de l’OCDE, auxquels s’ajoutent l’Afrique du Sud, l’Arabie saoudite, l’Argentine, le Brésil, la Chine, la Fédération de Russie, l’Inde et l’Indonésie. La publication contient également d’autres indicateurs, portant notamment sur les dépenses publiques et les dépenses privées consacrées à l’éducation - en 2018, la France a consacré 5,2% de son produit intérieur brut (PIB) aux établissements d’enseignement du primaire au supérieur -, sur l’avantage salarial procuré par l’instruction, sur les admissions dans l’enseignement supérieur, sur les effectifs des chefs d’établissement, sur la taille des classes, sur le temps d’instruction...

Les deux rapports (en anglais) ici

Camille Pons

[Extrait de touteduc.fr du 16.09.21

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